mardi 30 juin 2020

« DE L’AIR », L’ÉDITORIAL DE PATRICK LE HYARIC DANS L’HUMANITÉDE CE JOUR !



Aussitôt les urnes rangées, le président de la République s’est empressé de surfer sur la vague écologique. Il se dit prêt à valider bon nombre des préconisations de la convention citoyenne à condition, a-t-il précisé, qu’on ne touche pas « aux dividendes ». Ceci, après que cette même convention a été empêchée de délibérer sur la diminution du temps de travail.

Autrement dit, M. Macron – dont le parti a été nettement rejeté dimanche – veut consolider le capitalisme en le ripolinant sans attendre d’un vernis vert qui masquerait l’urgence de s’attaquer aux conditions mêmes du désastre écologique, à commencer par le pouvoir exorbitant des marchés financiers et de l’actionnariat capitaliste sur la production et la consommation. Curieux que le président n’ait pas eu un mot sur l’assourdissant silence des urnes. Le pays peut-il fonctionner encore longtemps avec des assemblées élues avec seulement 15 % des inscrits sur les listes électorales ?

La lourde tendance à l’apoplexie démocratique ne peut pas être contrecarrée sans créer les conditions pour que les salariés et les citoyens puissent disposer de plus de pouvoir dans les entreprises, les banques, comme dans la cité.

Le système institutionnel est désormais si verrouillé qu’une partie des citoyens le conteste en refusant d’aller voter tandis que celles et ceux qui se sont déplacés ont cherché le moyen de le dépasser en portant leurs suffrages sur des personnalités nouvelles, ancrées au terrain, répondant aux aspirations sociales, écologiques et démocratiques. Dimanche, ils ont fait confiance à des militantes et militants qui, bien qu’invisibles sur les plateaux de télévision, vont devenir maires de grandes villes, justement parce qu’ils portent l’aspiration au chamboulement du système politique.

L’unité aura été facteur de confiance. L’écologie gagne quand elle est alliée à toute la gauche. Et, inversement, les listes de gauche gagnent quand elles intègrent une forte dimension écologique.

Le fait majeur de ce scrutin réside toutefois dans le taux inédit d’abstention. Les classes populaires se mettent peu à peu hors-jeu, jugeant à bon droit que leurs aspirations et difficultés ne sont pas ou peu prises en compte. Trop de travailleurs et de privés d’emploi, ceux-là mêmes qui ont le plus intérêt à des changements de politique, se sentent, à tort ou à raison, délaissés par un « système » qui ne les intègre plus à la délibération collective. Et le président de la République accentue cette défiance en cultivant la détestation des partis politiques et des élus, ou en faisant croire qu’il n’y a plus de politiques différentes possibles mais uniquement des choix « techniques ».

Le renouveau appelle, au contraire, à ouvrir les vannes d’un débat populaire et à mener des actions pour imaginer la construction d’une première République sociale, démocratique et écologique. Cela pourrait commencer dans chaque commune.

Par Patrick Le Hyaric


dimanche 28 juin 2020

LA GAUCHE REPREND LE MANCHE », L’ÉDITORIAL DE MAUD VERGNOL DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Une nouvelle séquence politique s’ouvre ce matin. L’entre-deux-tours le plus long de l’histoire de la Ve République s’est achevé hier sur un paradoxe démocratique. Les élections municipales, qui avaient jusqu’à présent résisté à la crise de confiance, enregistrent un sinistre record d’abstention – 59 % –, qu’on se gardera bien d’attribuer uniquement aux appréhensions sanitaires dans les bureaux de vote. Alors que tout un pays a exprimé, pendant le confinement, sa soif de changement, que le désir d’imaginer un autre monde s’est substitué à l’angoisse du moment, le bulletin de vote n’est pas apparu comme le moyen de faire advenir « ce jour d’après » pour plus d’un électeur sur deux.

Sous l’écume du scrutin, c’est bien contre cette lame de fond de l’abstention qu’il faudra lutter si l’on veut que le pouvoir cesse d’être confisqué au détriment des intérêts populaires. D’autant qu’en dépit de la victoire d’Édouard Philippe au Havre, la Macronie se voit infliger une déroute cinglante. L’« hyperprésident », plus que jamais hors-sol, a déjà tout prévu pour esquiver les résultats du scrutin. Mais les faits sont têtus. Sa stratégie d’enracinement est un échec absolu, comme d’ailleurs pour toutes les « nouvelles » organisations politiques issues du séisme de 2017. Le clivage gauche-droite a fait son grand retour, balayant l’imposture macroniste, irrémédiablement amarrée à l’électorat des « Républicains ». Si « l’inondation » prédite par le RN n’a pas eu lieu, Marine Le Pen ne manquera pas d’instrumentaliser la victoire emblématique de Louis Aliot à Perpignan.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Un grand vent d’espoir souffle ce matin avec la conquête par la gauche de nombreuses grandes villes comme Marseille, Bordeaux, Lyon ou Strasbourg. Cette dynamique, qui témoigne d’une profonde aspiration à sortir du capitalisme prédateur, va reconfigurer le rapport de forces politique national, quand les communes sont appelées à jouer un rôle décisif pour les alternatives écologiques et sociales. Pour le PCF, en dépit de pertes symboliques comme Saint-Denis, les communistes reconquièrent Villejuif, Bobigny, Noisy-le-Sec…

« La poussée verte » s’ancre donc bien à gauche, rappelant, s’il le fallait encore, qu’il n’y aura pas de justice climatique sans justice sociale. Oui, l’union a fait la force. Appelons-la autrement si cela nous chante. Sans doute faudra-t-il s’en rappeler pour d’autres échéances à venir.

Par Maud Vergnol

vendredi 26 juin 2020

« CARTON ROUGE », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité de ce jour !


« Inédites », « hors norme »… Les élections municipales de 2020 feront date. Le 28 juin, les cartes peuvent être rebattues, après trois longs mois d’une crise qui a bouleversé le pays. L’abstention risque d’être vertigineuse, nous dit-on, alors que plus de 5 000 conseils municipaux doivent encore être élus. Toute la soif de changement exprimée lors du confinement ne doit pas rester sans voix. Les citoyens ont en effet le pouvoir de sanctionner les choix d’une ­majorité présidentielle méprisante face aux colères déconfinées, à commencer par celles des personnels hospitaliers. Les technocrates qui susurrent à l’oreille du président nous expliquent qu’il s’agit d’un scrutin local, limitant ainsi la portée nationale du vote des électeurs. Le premier ministre, qui affronte au Havre le communiste Jean-Paul Lecoq, le répète sur tous les tons. Personne n’est dupe.

La crise sanitaire a rappelé combien les municipalités sont des maillons essentiels, là où prévalent des politiques transformatrices, et où le maillage associatif est un creuset de formidables solidarités. Elles constituent des remparts à la détresse sociale grandissante. Et pourtant, ces dernières années, les maires se sont vu déposséder de leurs marges de manœuvre. En supprimant la taxe d’habitation, entre autres, Emmanuel Macron a privé les communes de leviers économiques indispensables pour garantir des services publics de proximité efficaces et promouvoir des projets socio-éducatifs, culturels et environnementaux innovants.

Le 28 juin, en votant pour les listes de rassemblement de gauche et écologistes, les électeurs peuvent adresser un carton rouge aux réformes du gouvernement. Ils pourront dire tout le bien qu’ils pensent de ce pouvoir rompu à l’exercice des courbettes devant l’ordre capitaliste, et dont la seule boussole est la présidentielle de 2022. Les possibles victoires de candidats progressistes dans les plus grandes villes de France redessineraient complètement le paysage politique. Elles constitueraient un sérieux avertissement à la Macronie. Face aux calculs politiciens de l’Élysée, que les urnes parlent.

Par Cathy Dos Santos


jeudi 25 juin 2020

Pour rétablir la vérité : " Déclaration des élu-e-s de gauche du groupe « Romainville -Ensemble ».


Pendant 6 années, nous avons travaillé avec comme seul objectif : l’intérêt des habitants de notre commune. Nous avons assumé nos mandats en toute responsabilité. Nous sommes intervenus au conseil municipal sur de nombreux sujets sans jamais tout rejeter en bloc. À chaque fois, nous avons justifié et argumenté nos oppositions et avons porté des propositions. Nous estimons avoir joué notre rôle pour faire vivre la démocratie au sein du conseil municipal de Romainville.

Mais, en mauvaise position dans cette campagne, les élu-e-s de la majorité sortante présents sur la liste « Romainville Unie » ne trouvent plus comme seuls procédés, que celui de diffuser de fausses informations avec beaucoup d’agressivité envers la liste « Autrement Romainville à vivre » et les élu-e-s de l’opposition de gauche du groupe « Romainville Ensemble » présidé par Sofia Dauvergne.

Le Trianon et le conservatoire Nina Simone
Ces deux bâtiments culturels ont été rénovés par Est Ensemble avec l'aide des villes concernées. Il n’y a eu ni présentation des projets, ni vote du Conseil municipal. En préférant livrer aux promoteurs le terrain mitoyen plutôt que de le céder à Est Ensemble, le conservatoire a perdu son statut de CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemental) ne pouvant pas s’agrandir dans le but de créer une section théâtre ou danse avec la perspective d’ouvrir une classe à horaires aménagés au collège Houël.

La cité Youri Gagarine
Nous avons toujours approuvé la nécessité d'une rénovation concertée de la cité Youri Gagarine, mais nous avons voté contre sa démolition quasi-totale. Nous avons défendu l'idée d'un projet partagé avec les locataires. Nous avons également  proposé un projet de rénovation en valorisant l’existant. Nous avons voté contre la vente de terrains du parc social aux promoteurs et dénoncé la destruction des terrains de basket et de football. Nous nous sommes opposés à la sur-densification et à l’étalement urbain ayant pour conséquence la disparition d’espaces collectifs (aires de jeux et espaces verts)

 La cité Marcel Cachin
La rénovation s’est faite sur un projet qui a détruit beaucoup de logements sociaux. Certes, les bâtiments restants ont été réhabilités mais les locataires n’ont vu aucune rénovation intérieure de leur logement.

La base de loisirs de la Corniche des forts
Nous ne nous sommes pas opposés à un projet d'aménagement de la base de loisirs mais nous avons participé et relayé le combat des associations et des citoyens qui s’opposaient à la destruction d’une partie de la forêt. Les élus de la majorité, dont certains osant se revendiquer écologistes, ont validé l’abattage d'au moins 700 arbres qui constituaient une forêt si précieuse compte tenu du réchauffement climatique. Il n’y a d’ailleurs eu aucun vote sur ce sujet puisque la majorité sortante l’a refusé malgré nos demandes répétées.

Transports publics
La majorité sortante a arrêté la navette qui reliait le Bas-Pays au centre-ville. Quant au prolongement de la ligne 11 du métro, réclamé par les élus locaux depuis plus de 90 ans, du tramway T1, créé par le département à direction communiste et la création du T’zen, tous ces projets nous les avons soutenus.

Les gymnases
Le gymnase Jules Vallès qui était attenant au groupe scolaire Paul Vaillant-Couturier/Gabriel Péri a été détruit. Aucun gymnase supplémentaire n’est à mettre à l’actif de la majorité sortante. Le gymnase Colette Besson attenant au lycée Liberté a été réalisé par la région et celui en construction au stade Stalingrad pour lequel nous avons voté pour, est une reconstruction en remplacement du gymnase Rousseau.

 Les écoles
Les écoles élémentaires Péri et PVC (appelées pompeusement écoles du 3ème millénaire et qui se fissurent au bout de 7 ans) ainsi que la maternelle Gagarine (intégrée au pôle éducatif Maryse Bastié) sont des reconstructions. Nous avons voté pour la construction de la partie élémentaire de Bastié et Hannah Arendt. C’était une nécessité évidente. Nous avons soutenu la demande des parents d’élèves exprimée depuis de nombreuses années compte tenu des besoins dus à la forte croissance de la  population.

Vidéoprotection, vidéoverbalisation, sécurité
Le bilan de la majorité sortante est malheureusement négatif. Les cambriolages n'ont pas baissé et nous avons malheureusement été touchés par un drame : la mort de 2 jeunes Romainvillois. Le trafic de drogues persiste dans certaines cages d’escaliers.
Concernant la vidéo-surveillance, plusieurs études montrent que son apport est faible dans la lutte contre la délinquance au regard de son coût très élevé (investissement et fonctionnement). C’est pourquoi nous avons à plusieurs reprises exprimé la nécessité de compter une présence humaine, plus nombreuse et  formée dans nos quartiers en (re)créant des postes d’éducateurs de rue et en mettant en place une vraie politique de la jeunesse plutôt que le déploiement d’une police municipale uniquement répressive avec un budget de plusieurs milliers d’euros en constante augmentation. Nous avons également proposé l’implantation d’un commissariat de plein exercice, dans et soutenu toutes les initiatives allant dans ce sens. Nous  constatons d’ailleurs que cette demande ne figure pas dans le projet de la majorité sortante

Impôts locaux
La baisse des impôts locaux n’a eu que peu d’impact sur les foyers. Quant aux finances de la ville, nous avons toujours souligné l’augmentation importante  de son endettement. Comment oublier, le rétablissement de la taxe des ordures ménagères qui auparavant était intégrée au foncier. Par ce tour de passe-passe les locataires l’ont en fait payé deux fois, puisqu’auparavant elle était répercutée sur les loyers. Ces derniers n’ont pas baissé et une nouvelle ligne consacrée à la taxe des ordures ménagères, est apparue sur leurs quittances. Cette baisse était d’autant plus une hypocrisie, lorsqu’on sait que Mme Valls a voté pour une augmentation supérieure à 10 % au Conseil départemental.

La médiathèque
La médiathèque vient en remplacement de la bibliothèque Romain Rolland qui a été détruite. A l'époque nous affirmé notre accord avec la commission culturelle municipale qui proposait sa reconstruction proche du conservatoire. Sa construction répondait à un besoin compte tenu de la demande croissante et de l’exiguïté de la bibliothèque Romain Rolland.

Services Publics
Comme dans toutes les communes, des réalisations nouvelles ont été faites. Nous comptons à Romainville, la maison de l’enfance, la maison des retraités, la maison de la philosophie et le théâtre. Dans le même temps, nous notons la destruction du centre de loisirs Bellevue et le foyer Ambroise Croizat. Nous avons regretté la vente des centres de vacances du Bosgoüet, de Saint Ouen de Thouberville et d’Audierne, privant de vacances une partie des enfants romainvillois.

En termes de service public le bilan est malheureusement négatif :
Une gestion du personnel indigne du service public, Une gestion opaque avec une perte de 9 M€ sur le projet immobilier de la place des commerces, que la Cour Régionale des Comptes a révélé et à laquelle la majorité sortante n’a fourni aucune explication plausible. Une forte dégradation de la qualité de la restauration scolaire suite à l’arrêt de la cuisine, en liaison chaude au profit de la liaison froide avec Siresco. La suppression de 6 postes d’ATSEM dans les maternelles. La suppression des médiateurs de rue. La majorité municipale, laissant sans résistance, la Sécurité Sociale, le centre des impôts et Pôle Emploi, quitter Romainville. Obligeant les usagers à se déplacer aux Lilas, à Noisy et à Rosny.

Conclusion
Elus depuis 2014 avec une majorité municipale méprisant les élus d'opposition, refusant le débat démocratique, nous estimons que le changement est une urgence.
Nous appelons les Romainvilloises et Romainvillois à voter dimanche 28 juin pour le projet de la liste conduite par François DECHY, issue du rassemblement des listes de gauche « Autrement » et « Romainville à vivre » qui, à elles deux, ont obtenu 54% des suffrages. Un tel résultat marque la forte volonté d’une alternative tant attendue.
 

Sofia Dauvergne, Stéphane Dupré, Brigitte Moranne, Corinne Buzon, Samia Afroune.
Elu-e-s du groupe Romainville Ensemble

« UNE RÉPONSE CLAIRE », L’ÉDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !


Rien à signaler. « C’est une sorte d’attestation d’employeur, ça se fait tous les jours… » Le commentaire du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, sur la lettre d’Emmanuel Macron transmise au parquet financier et concernant Alexis Kohler, est celui d’un expert, formé à la dure école de l’affaire des Mutuelles de Bretagne. RAS. Sauf que « l’employeur » est le président de la République et que les révélations de Mediapart et de l’association Anticor conduisent à un sérieux doute. Emmanuel Macron a-t-il pesé sur le cours de la justice de telle sorte que l’enquête ouverte en 2018 sur les liens à la fois professionnels et familiaux de son principal collaborateur avec le groupe MSC, soit classée « sans suite » quelques jours plus tard ?

Sans doute faut-il rappeler brièvement que l’éventualité de conflits d’intérêts le concernant avait déjà été évoquée à l’occasion de plusieurs contrats avec l’armateur franco-italien, à Saint-Nazaire et au Havre. L’enquête ouverte en 2018, elle, visait à déterminer s’il avait dissimulé ses liens avec le groupe, au sein duquel il avait aussi exercé des responsabilités financières, lorsqu’il était devenu le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy.

Non, assure donc ce dernier dans une lettre adressée d’abord à l’intéressé puis arrivée dans les bureaux du parquet financier. Sauf qu’il y a un petit problème : alors qu’un rapport accablant pour Alexis Kohler avait été rédigé quelques jours plus tôt, un autre rapport quelques jours plus tard amenait la fin de l’enquête.

Une simple attestation donc, mais tombée à point. À l’Assemblée, la réponse de la garde des Sceaux interpellée par un député de la FI laisse perplexe : « Votre question englobe plusieurs éléments auxquels il est très difficile ici de répondre en quelques minutes, tant la confusion qui résulte des différents éléments que vous avez amenés rend une réponse claire délicate. » Sans doute, mais encore ? C’est pourtant une telle réponse, sans faux-fuyants, que l’on est en droit d’attendre aujourd’hui du président de la République, à l’orée de ce qui pourrait bien être un scandale d’État.

Par Maurice Ulrich

mardi 23 juin 2020

« RETOUR AU POLITIQUE », L’ÉDITORIAL DE MAUD VERGNOL DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Le « plus jamais ça » se traduira-t-il dimanche dans les urnes ? À quatre jours du second tour des élections municipales, des rassemblements de la gauche rouge-rose-verte sont en passe de reconquérir les plus grandes villes de France. Ce serait un coup d’arrêt cinglant à la toute-puissance macroniste et son trouble jeu avec l’extrême droite, mais surtout une sacrée bouffée d’espoir pour la suite. Qui mieux que les villes peut faire la démonstration qu’une rupture avec les logiques capitalistes est non seulement possible, mais bougrement efficace pour l’intérêt commun ? Que les alternatives écologiques et sociales sont là, sous notre nez, et qu’il suffit d’un peu de volonté politique pour les mettre en place ? Des maisons de santé en passant par la gratuité des transports, des idées expérimentées au niveau local présentées comme d’absurdes extravagances gauchistes par la droite finiront par s’imposer à l’échelle nationale.

Encore sous le choc de la crise sanitaire, trop acclimaté aux défaites idéologiques et électorales, le camp progressiste aurait tort de sous-­estimer les potentiels du moment. D’autant qu’une chose est certaine : l’élection de dimanche marquera l’effondrement du parti présidentiel et l’échec cinglant de ses tentatives d’implantation locale. Certes, une fois le jouet définitivement cassé, Emmanuel Macron s’en taillera un autre sur mesure pour 2022. Nul doute non plus que le président aura à cœur de tourner rapidement la page des municipales pour démarrer une autre « storytelling » du changement, déjà nourrie de rumeurs de remaniements et autres ravalements de façade.
Mais le sel de la politique n’est pas là. La pandémie planétaire que nous affrontons n’a malheureusement pas fini de démontrer les ravages de la mondialisation capitaliste. Et les macronistes, en dépit de leur communication écœurante, ne tireront aucune leçon de cette expérience. L’heure est pourtant à replacer nos institutions sous l’impératif du bien commun. La politique, trop souvent confiée en sous-traitance aux lobbies et technocrates, est au contraire l’art de concilier le désirable avec le possible. C’est le moment, dimanche, d’en faire la démonstration.

Par Maud Vergnol


« SOLIDARITÉ » L’ÉDITORIAL DE LAURENT MOULOUD DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR!



 Les images de Fête de la musique, avec ses quais de Seine bondés et son déconfinement débridé, ne doivent pas faire illusion. Si la pandémie recule depuis quelques semaines dans la plupart des pays européens, où une certaine décontraction reprend ses droits, le virus accélère sa propagation sur d’autres continents. L’Amérique latine, nouvel épicentre du Covid-19, a franchi le cap des 2 millions de contaminations. On compte 20 000 morts au Mexique et plus de 50 000 décès au Brésil, pays le plus endeuillé derrière les États-Unis. En Chine, et plus encore en Israël, une deuxième vague épidémique menace déjà… Ce constat doit convaincre les dirigeants des grandes puissances occidentales que le combat contre le coronavirus est loin d’être fini. Et, surtout, qu’il ne peut être mené efficacement que par la mise en place d’une solidarité internationale digne de ce nom.

Depuis le début de la crise, les égoïsmes nationaux et les arrière-pensées boursières de la Big Pharma ont pris le pas sur toute autre considération. Or, en matière épidémique, comme dans bien d’autres domaines, le chacun pour soi est la pire des stratégies. Le virus ne connaît pas de frontière. Il nous affecte tous, mais pas de la même manière. Dans les régions, les plus pauvres, les mesures de prévention sont souvent illusoires et l’impact du Covid-19 potentiellement dévastateur. Il est de la responsabilité internationale – à commencer par celle de l’OMS – de tout faire pour que ne s’y développent pas de nouveaux foyers de contamination.

Comment y parvenir ? En garantissant un accès aux soins universel. Et donc des prix abordables pour le matériel de santé et les futurs traitements. On en est encore loin. L’hypothétique vaccin n’est pas encore sorti des labos que les industriels lorgnent déjà les milliards, que leur vaudra le futur brevet, le tout avec l’assentiment de certaines grandes puissances. Indécent. L’exemple du sida le montre : seule une maîtrise du coût des soins permet de lutter efficacement contre une pandémie planétaire. Pour y parvenir, certaines entreprises ont dû accepter, à l’époque, de céder leurs licences. Pour le bien commun, contre l’intérêt particulier. Il n’y a pas d’autres issues pour vaincre le coronavirus.
Par Laurent Mouloud

« UN PAVÉ », LE BILLET DE MAURICE ULRICH !



On eut le sentiment, la semaine passée, qu’un petit vent de panique, qui s’était levé à l’Élysée et au Medef, gonflait et s’engouffrait dans les locaux des quotidiens économiques l’Opinionles Échos, les pages saumon du Figaro, dans les rangs de la droite et des macronistes… Comment ? Alors même que le président de la République, le dimanche précédent, annonçait à la France qu’il faudrait travailler davantage, la Convention citoyenne, sa propre création, jetait un gros pavé dans la mare de l’apparent consensus avec la proposition d’un de ses groupes de travail.

La semaine de 28 heures avec une augmentation de vingt pour cent du Smic comme un moyen efficace de lutte contre les menaces environnementales. Presque un sacrilège qui emboîtait le pas, et comment, à la CGT, qui plaide déjà pour les 32 heures. Travailler moins, gagner autant, faire marcher du même pas le progrès social et une nouvelle conception de la croissance ! La Convention s’est reprise. Elle a retoqué la proposition à 65 %. Ça laisse de la marge à une idée qui fait son chemin.


lundi 22 juin 2020

« OUBLIÉ », LE BILLET DE MAURICE ULRICH…



Oui, la Fête de la musique avec masques encore et bergamasques… L’an prochain, peut-être, retrouverons-nous vraiment les rues. Les salles de cinéma ouvrent aujourd’hui. Celles qui peuvent. Les gros exploitants vont s’en sortir, pour les autres on ne sait pas.

Combien d’artistes, qu’ils soient comédiens, chanteurs de variété, d’opéra ou d’opérette, combien de directeurs de théâtre, de musiciens d’orchestre ou de petites formations sont aujourd’hui dans la zone grise où, sortis du confinement, ils ne savent plus où ils sont ? Trois acteurs de la culture sur dix sont indépendants, sur le fil et sans filet. La culture, en France, c’est 600 000 emplois, 50 milliards par an.

Emmanuel Macron avait reçu des acteurs culturels en bras de chemise, usant du tutoiement, on se tutoie n’est-ce pas dans ce monde ? Le ministre de la Culture était muet ce jour-là et dimanche dernier le président a parlé de la loi et de l’ordre. On connaît la formule : « La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. » Avec Emmanuel Macron, c’est l’inverse.


« PRÉDATEURS », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉDE CE JOUR !



La simple logique voudrait que le rapport d’Oxfam France sur le partage des richesses au sein des groupes du CAC 40, les quarante premiers groupes français, soit une bombe sociale et politique. Citons simplement cela : dès le quatrième jour de janvier, un PDG aura gagné autant que la moyenne de ses salariés en un an ! Ce n’est pas une surprise mais ce scandale n’a fait que s’aggraver au fil du temps.

Une caste de prédateurs, à la fois rivaux et complices, se gave à la tête de l’économie française. Il y aurait déjà là matière à insurrection, mais ce n’est pas tout. Leurs salaires obscènes sont le prix de leur dévouement aux actionnaires. Leur but n’est pas le bien public, on le savait aussi, mais le versement de dividendes toujours en hausse à ceux, pour reprendre certaine formule de François Mitterrand qui s’était gardé d’en tirer les conclusions, qui s’enrichissent en dormant.

Cette situation est un défi pour la République, une insulte permanente pour la masse des salariés, pour les plus modestes, pour celles et ceux aussi qui ont été en première ligne ces derniers mois. Il ne s’agit pas seulement d’inégalités, d’injustice. Ce capitalisme « devenu fou », selon les propres termes d’Emmanuel Macron quand il nous prend pour des benêts, est un fardeau pour l’économie. Contrairement à ses théories mensongères, les premiers de cordée ne sont pas un atout pour la France. C’est le contraire.

On a vu, avec la crise, revenir les débats autour de l’ISF, qu’il a écartés il y a une semaine. « Il n’y aura pas de hausses d’impôts. » Cela voulait dire pas de retour de l’imposition sur la fortune, on ne touchera pas aux riches. Mais ce n’est qu’une petite partie du débat. C’est à ce capitalisme de prédation qu’il faut mettre un terme afin d’être à même de construire une autre économie. Ce rapport, disions-nous, devrait être une bombe. Mais au nom de stupidités idéologiques comme « la haine des riches » ou la « liberté économique totale », les prédateurs trouvent de multiples relais complaisants. Cela aussi devrait cesser.

dimanche 21 juin 2020

Endettement et immobilisme !


Plutôt que de se livrer à des affirmations sans aucun fondement, le Monsieur qui part pour mieux revenir,aurait été bien inspiré d’aller visiter le site du ministère de l’Économie et des finances. Nous le faisons pour lui. Nous ne donnerons pas dans son registre « avant nous, il n’y avait rien. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres il faut savoir faire preuve de modestie et d’humilité. C’est ce que nous nous efforçons de faire. Une chose est cependant certaine, en matière d’endettement, il est difficile de qualifier les sortants d’immobilisme !
Les chiffres clés du budget de Romainville en 2018
Montant
Montant par habitant
Moyenne villes de 20 000 à 50 000 habitants
Produits de fonctionnement
50 975 600 €
1 913 €
45 902 533 €
Charges de fonctionnement
43 713 500 €
1 641 €
41 811 917 €
Résultat comptable
7 262 120 €
273 €
4 090 620 €
Ressources d'investissement
12 667 300 €
475 €
14 329 705 €
Emplois d'investissement
24 474 400 €
919 €
14 469 506 €
Capacité d'autofinancement
9 382 820 €
352 €
5 772 497 €
Fonds de roulement
6 611 140 €
248 €
7 255 047 €
Encours de la dette
45 793 000 €
1 719 €
31 549 430 €


Endettement de Romainville en 2018
Montant
Montant par habitant

Encours de la dette
45 793 000 €
1 719 €

NOTRE VILLE A CONNU UNE AUGMENTATION DE SON ENDETTEMENT PAR HABITANT DE 104%, PASSANT DE 1159 €, EN 2001 |À 2040 € EN 2008, LA PLAÇANT AU 5e RANG DES VILLES LES PLUS ENDETTÉES DU DÉPARTEMENT.


Petite histoire d’un Tramway, nommé « Désir » (Robert Clément)



Les ami-e-s et camarades qui suivent mes écrits sur ma page facebook, savent que j’ai souvent publié quelques-unes de « notes écrites au fil du temps ». Je crois utile de republier l’une d’entre elles. Elle concerne la prolongation du Tramway !

« C’est en 1992. Il y avait sept ans que je siégeais au Conseil général. Je participais à l’inauguration du tramway, partant de Bobigny, la ville préfecture, rejoignant Saint-Denis et traversant Drancy et La Courneuve. C’est une belle histoire à raconter. Que n’avons-nous pas entendu sur ces communistes « ringards », « passéistes » qui veulent voir renaître ce qui a disparu depuis tant d’année, et qui plus est avec le soutien du ministre des transports Charles Fiterman. Et pourtant, quelle belle réalisation ! Aucun des travaux préliminaires n’aura été mis en œuvre sans l’assentiment et le concours des communes intéressées. Sur neuf kilomètres de long, sa ligne sera coupée de vingt et une stations et le trajet total sera couvert en une trentaine de minutes. Une rame toutes les quatre minutes aux heures de pointe. Soixante mille voyageurs transportés par jour.

Mais il y a plus important que les chiffres, puisque après tout, même au temps où l’industrie décidait de tout, et s’appropriait ports et gares, les trains transportaient aussi des ouvriers, de leur domicile à leur travail. Il y a plus, donc, et c’est ceci : c’est, à l’initiative du Conseil général, une longue concertation qui a débouché sur l’idée du « tramway vert », rame électrique non polluante, circulant en plein air, dans une « coulée » où la végétation a une large place, où les stations deviennent de nouveaux éléments de paysage urbain, intégrant dans le même temps d’anciennes architectures industrielles désaffectées. En correspondance avec trois lignes de métro et vingt-huit lignes de d’autobus, ce tramway au cœur même du département joue un grand rôle dans la construction d’une unité à laquelle tend, depuis près de vingt-cinq ans, ce territoire cousu au départ de pièces et morceaux rapportés.

Cette même année 1992 avaient lieu les élections cantonales (elles s’appelaient ainsi à l’époque). Les Candidats de Fontenay, Montreuil, Noisy-le-Sec et Romainville proposaient dans leurs programmes la prolongation du Tramway jusqu’à Fontenay-sous-Bois. Au moment où ce projet prenait forme et était sur le point d’aboutir, l’élection de Jean-Louis Mons, élu en 2001 était annulée. C’est ainsi que fut élue Maire de Noisy-le-Sec, Madame Nicole Rivoire, et avec elle la fin d’une belle aventure d’un tramway, qu’on appellera Désir. Je me souviens d’une réunion, tenue au printemps 2003, réunissant les élu-e-s, des villes concernées, notamment, les Maires de Montreuil, Noisy-le-Sec et Romainville, en présence du Préfet. L’objectif était de discuter des conditions dans lesquelles ce projet pouvait être relancé.

Madame la Maire de Noisy-le-Sec confirmera son opposition au tracé proposé. Au cours de cette réunion, j’avais avancé l’idée d’une étude pour voir la possibilité de commencer cette prolongation par Fontenay. J’avais auparavant soumis cette idée au Maire de cette ville qui avait donné son accord. Sollicités pour donner leur opinion sur cette idée, seuls les Maires de Montreuil et le Conseiller général de Noisy-le-Sec avaient donné un avis favorable à cette proposition. Dommage !

Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que de nombreuses villes, ont en projet la création d’un tramway. Pas si ringards que çà les élus communistes qui ont donné le coup d’envoi de ce mode transport qui réapparaît un peu partout. Ils auront, dans ce domaine comme dans bien d’autres, été des précurseurs. Dans le cas qui nous occupe des précurseurs d’un transport propre et écologique.

Romainville le 8 décembre 2003

samedi 20 juin 2020

Est-il sérieux ? À propos des contre-vérités de la liste des sortants !




AU NOM DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE, D’HIER ET D’AUJOURD’HUI !

Est-il sérieux d’affirmer que le PCF veut « reconquérir la municipalité », alors qu’il peut espérer avoir 4 élu-e-s sur 35 conseillers municipaux ?

Est-il sérieux d’affirmer que le PCF aurait été contre le prolongement de la ligne 11 du métro alors que ses militants ont animé le comité pour le métro dans une large union, notamment avec le regretté Mr. BOULAUDAT et avec des initiatives dont les Romainvillois se souviennent comme l’inauguration d’une station revendicative place du marché ? (voir la photo ci-dessus)

Est-il sérieux d’oublier que l’achat du cinéma le Trianon a été l’œuvre de deux Maires, Mr. Robert Clément et Roger GOUHIER au nom des villes de Romainville et Noisy-le-Sec ?

Est-il sérieux de prétendre que le PCF se serait opposé au tramway T1, c’est-à-dire un projet départemental du 93 dont  Robert Clément était président ?

Est-il sérieux d’oublier que jusqu’en 2000, des milliers de Romainvillois ont bénéficié  de logements sociaux et d’équipements publics municipaux répondant à leurs besoins à une époque où le mot social avait encore un sens ?

Est-il sérieux d’oublier, surtout dans la période actuelle, que le député communiste Roger GOUHIER, fort de la volonté des militants communistes de l’entreprise avait déposé en 1979 un projet de nationalisation du groupe HMR, aux Bas-Pays, qui fut refusée en 1981, tandis que l’entreprise quittait la ville en 2013 avec 3000 emplois perdus ?

Et puis, est-il sérieux d’oublier, que lors des dernières mandatures, madame Sofia DAUVERGNE avec ses collègues de « Romainville-Ensemble » et ceux de l’opposition de droite ont permis un peu de démocratie dans le Conseil municipal ?

Enfin, est-il sérieux, et simplement du respect, d’oublier que des élu-e-s socialistes ont longtemps géré la ville avec leurs camarades communistes dans une union de la gauche très constructive, mais c’était une autre époque ?

Et puis, on se souvient de ce retraité s’adressant à Robert Clément « Vous, monsieur, vous n’avez pas abîmé la ville ».



FAILLITES D'ENTREPRISES : 250 000 EMPLOIS MENACÉS EN FRANCE ?



En l’absence de volontarisme politique, les mois qui viennent pourraient voir se multiplier les dépôts de bilan. Dans une étude publiée ce vendredi, l’OFCE tente de chiffrer le cataclysme à venir et de dessiner quelques pistes pour l’éviter.
Le constat, malheureusement, ne fait plus débat : la période qui s’ouvre risque d’être fatale à de nombreuses entreprises, frappées de plein fouet par le ralentissement économique. Reste à déterminer l’ampleur du désastre… Et à réfléchir aux moyens de l’éviter. L’OFCE (organisme de prévision affilié à Science-Po) publie ce vendredi, une étude inédite, dans laquelle il ouvre le débat. L’organisme tente d’évaluer l’impact de la crise actuelle sur la solvabilité des entreprises (c’est-à-dire leur capacité à rembourser leurs dettes), à partir d’un échantillon d’un million de boites françaises, employant près de 11 millions de salariés.
Le confinement s’est traduit par une chute brutale de l’activité - environ 120 milliards de baisse de PIB en huit semaines -, et un effondrement des carnets de commandes. Toutes les analyses anticipent une très forte hausse du chômage dans les mois à venir, qui risque de saper la demande. La Banque de France estime, par exemple, que le taux de chômage pourrait atteindre 11,5% de la population active mi 2021 (contre 8% environ fin 2019), ce qui constituerait un plafond jamais atteint depuis quarante ans. L’étude de l’OFCE vise donc à mesurer l’érosion possible du tissu productif français dans ce contexte, sans négliger ses faiblesses structurelles préexistantes (fort endettement au cours des dernières années, d’où une grande dépendance aux banques à court terme, etc.).
Plus précisément, les économistes de l’OFCE font un « exercice » de simulation, pour anticiper les comportements des entreprises françaises confrontées à une baisse de la demande. Le résultat doit évidemment être pris avec prudence, comme n’importe quelle prévision économique. Mais il fait froid dans le dos. La pandémie pourrait entraîner environ 40 000 faillites supplémentaires d’ici la fin de l’année, soit plus de 90 000 au total, contre 55 000 en temps normal. Dans ce scénario, 250 000 emplois seraient menacés. L’étude démontre que toutes les entreprises seraient touchées, mais deux catégories paraissent particulièrement concernées : les microentreprises (employant moins de 10 salariés) et les grandes entreprises (employant plus de 5 000 salariés). Ces dernières pourraient se retrouver en difficultés en raison d’une croissance de l’endettement. Sans surprise, les secteurs les plus affectés sont l’hébergement, la restauration, l’information et la construction.
Que faire face à ce risque d’hémorragie ? Pour les économistes les plus libéraux, il n’y a pas lieu de paniquer : après tout, selon les bons vieux principes darwiniens, les périodes de crise sont propices à la sélection des « meilleurs ». Dans cette perspective, note l’OFCE, «  il ne faut pas limiter le nombre de faillites car c’est un processus de réduction du nombre d’entreprises inefficientes. Les faillites libèrent des ressources, comme le capital, ou des compétences pour les entreprises plus productives. De ce fait, les faillites « nettoient » le tissu productif et contribuent à la réallocation efficiente des facteurs de production. »
Evidemment, cette position ne vaut que pour les fanatiques du marché. L’OFCE conseille au gouvernement d’intervenir pour limiter la casse. Jusqu’à présent, les interventions de l’Etat se sont « limitées » à un dispositif de chômage partiel très généreux, mais dont la réduction est déjà actée ; et à un système de prêts garantis (PGE), qui risque surtout d’endetter les entreprises bénéficiaires. L’OFCE prône, pour sa part, une mesure plus radicale : l’Etat devrait aider directement les entreprises à reconstituer leurs fonds propres. Coût total de l’opération ? Entre 3 milliards d’euros (si l’on n’aide que les entreprises défaillantes en raison de la crise actuelle) et 8 milliards d’euros si l’Etat décide de sauver toutes celles qui pourraient déposer le bilan. Il ne s’agit là que d’une proposition, qui laisse bien des questions en suspens…à commencer par les éventuelles contreparties (sociales, environnementales, etc.) exigées des entreprises en échange de cette manne. Mais le mérite de l’OFCE est d’ouvrir le débat.