mardi 23 juin 2020

« SOLIDARITÉ » L’ÉDITORIAL DE LAURENT MOULOUD DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR!



 Les images de Fête de la musique, avec ses quais de Seine bondés et son déconfinement débridé, ne doivent pas faire illusion. Si la pandémie recule depuis quelques semaines dans la plupart des pays européens, où une certaine décontraction reprend ses droits, le virus accélère sa propagation sur d’autres continents. L’Amérique latine, nouvel épicentre du Covid-19, a franchi le cap des 2 millions de contaminations. On compte 20 000 morts au Mexique et plus de 50 000 décès au Brésil, pays le plus endeuillé derrière les États-Unis. En Chine, et plus encore en Israël, une deuxième vague épidémique menace déjà… Ce constat doit convaincre les dirigeants des grandes puissances occidentales que le combat contre le coronavirus est loin d’être fini. Et, surtout, qu’il ne peut être mené efficacement que par la mise en place d’une solidarité internationale digne de ce nom.

Depuis le début de la crise, les égoïsmes nationaux et les arrière-pensées boursières de la Big Pharma ont pris le pas sur toute autre considération. Or, en matière épidémique, comme dans bien d’autres domaines, le chacun pour soi est la pire des stratégies. Le virus ne connaît pas de frontière. Il nous affecte tous, mais pas de la même manière. Dans les régions, les plus pauvres, les mesures de prévention sont souvent illusoires et l’impact du Covid-19 potentiellement dévastateur. Il est de la responsabilité internationale – à commencer par celle de l’OMS – de tout faire pour que ne s’y développent pas de nouveaux foyers de contamination.

Comment y parvenir ? En garantissant un accès aux soins universel. Et donc des prix abordables pour le matériel de santé et les futurs traitements. On en est encore loin. L’hypothétique vaccin n’est pas encore sorti des labos que les industriels lorgnent déjà les milliards, que leur vaudra le futur brevet, le tout avec l’assentiment de certaines grandes puissances. Indécent. L’exemple du sida le montre : seule une maîtrise du coût des soins permet de lutter efficacement contre une pandémie planétaire. Pour y parvenir, certaines entreprises ont dû accepter, à l’époque, de céder leurs licences. Pour le bien commun, contre l’intérêt particulier. Il n’y a pas d’autres issues pour vaincre le coronavirus.
Par Laurent Mouloud

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