jeudi 31 mars 2022

Tony LAÏDI, Maire-Adjoint « Par conviction, je voterai Fabien Roussel »



La dynamique unitaire ne peut se faire que par l'adhésion et dans le respect des différents courants de la gauche pour construire un autre modèle de société, innovant, plus juste, plus vertueux et tourné vers l'avenir.

Les conditions doivent être travaillées ensemble pour convaincre et constituer un grand rassemblement qui donnera de l'espoir à gauche et au-delà, la seule solution pour gagner.

En 2022, seul un vote de conviction sera un vote utile à la recomposition d'une gauche proche du peuple, une gauche de combat qui respecte le débat des idées et qui fait avancer la démocratie.

Ce travail doit se faire sur le long terme et aurait dû être mené pendant le quinquennat Macron qui s'est avéré totalement anti social et profondément de droite.

C'est pourquoi je voterai Fabien Roussel pour construire une gauche populaire qui doit lutter contre les inégalités et les injustices sociales. 

Une gauche qui défendra une meilleure répartition des richesses et qui protégera les plus fragiles et respectera l'environnement et le monde du vivant. Une république qui sera laïque mais aussi respectueuse des différentes religions et des différentes origines de la population qui fait notre histoire.

Pour plus d'égalité, pour défendre les salaires, le pouvoir d'achat, les services publics, notre système de santé, le droit au logement...

Par conviction, je voterai Fabien Roussel ! "

 

« La guerre des mots », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.

 

 


En période de guerre, toute déclaration d’intention doit être analysée avec précaution. Et il aurait été bien naïf de prendre au pied de la lettre les propos encourageants tenus à l’issue des pourparlers organisés à Istanbul. Les maigres espoirs de mardi – où le chef de la délégation russe faisait état de «discussions substantielles» et de propositions «claires» de l’Ukraine – ont été douchés dès mercredi. Changement de ton. Pour le porte-parole du Kremlin, l’échange n’aurait, en fait, donné lieu à rien de «très prometteur» ni à aucune «percée». Souffler le chaud et le froid. Cette vieille méthode diplomatique vient rappeler que la guerre est aussi une guerre des mots, hautement psychologique, difficile à interpréter. Et que celle-ci prend une place centrale dans ce conflit.

Quelles que soient les intentions cachées de Vladimir Poutine, cette esquisse de dialogue acte, néanmoins, un premier virage après ce mois d’atrocités guerrières. De fait, la résistance inattendue des Ukrainiens, l’enlisement des affrontements et les sanctions économiques internationales obligent l’envahisseur russe à revoir officiellement sa stratégie. Et à faire mine – au moins en apparence – d’ouvrir une voie diplomatique. Cette rencontre a également permis aux Ukrainiens de proposer, pour la première fois, un cadre précis de discussion (neutralité du pays, pas de présence militaire étrangère, statut «non nucléaire»). Une base utile alors que chacun sait que, un jour ou l’autre, la sortie du conflit se jouera dans un processus de négociation.

Malheureusement, on n’en est pas encore là. L’inflexibilité du président russe sur le sort du port de Marioupol, où il refuse tout couloir humanitaire en dépit des appels d’Emmanuel Macron, et le bombardement incessant de Tcherniguiv montrent que le maître du Kremlin n’abandonnera pas le langage des armes facilement. Poutine, qui mise sur une partition de l’Ukraine, entend discuter en position de force. Notamment pour assurer son emprise sur l’est du pays et le pourtour de la mer d’Azov. Mais, face à ces ambitions guerrières de plus en plus contrariées, une pression diplomatique intense reste la meilleure des ripostes.

 

« Mâles alpha », le billet de Maurice Ulrich



L’actualité étant ce qu’elle est, parlons un peu d’autre chose. On lisait mercredi dans la revue scientifique Terrain un article de l’anthropologue Véronique Servais sur les liens sociaux chez les animaux supérieurs, et même les relations de pouvoir, de clientélisme, de renvoi d’ascenseur chez les grands singes. Ainsi, «la manière dont agit le réseau de soutien dun mâle dominant, ainsi que les moyens mis à sa disposition pour entretenir ce réseau ont dabord été mis en évidence au niveau des relations du mâle alpha avec chaque membre de la communauté. C’est à ce niveau que ces mécanismes assurant la superposition des dominances réelle et formelle sont le plus visibles. Ce sont les mêmes mécanismes qui agissent dans une coalition entre chimpanzés mâles; ils y définissent notamment les termes des échanges». Sinon, on apprenait le même jour que Nicolas Sarkozy, dont la proximité avec Emmanuel Macron est avérée, n’irait pas au dernier meeting de Valérie Pécresse, porte de Versailles. Toute relation avec ce qui précède serait évidemment fortuite.

 

mercredi 30 mars 2022

BIOTECH : Intervention de Lisa YAHIAOUI au Conseil territorial d'Est-Ensemble


 

« Plaies sociales », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité.



À moins de deux semaines du premier tour de la présidentielle – période pendant laquelle habituellement les tendances se solidifient –, bornons-nous à prendre l’empreinte du paysage au plus près d’une certaine «réalité», juste de quoi retourner dans le «cercle de la raison». Si la campagne a démarré tardivement en raison de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine, ce que la médiacratie dominante nous avait promis depuis six mois a depuis été essoré par les faits, comme si la dure vérité de la vie des Français avait repris le dessus. Non, le scrutin ne se jouera pas autour de l’identité et de l’immigration, ni à partir d’une vision d’exclusion adossée aux maudites thématiques nauséeuses d’une France rance et xénophobe, fantasmée et repliée sur elle-même.

Pouvoir d’achat, retraites, RSA, pauvreté, avenir industriel, énergie… En quelques semaines, comme cela était pourtant prévisible, tout a changé de paradigme. Loin des idioties et des immondices qui ont tourné en boucle, les grandes questions sociales sont bel et bien restées, dans le tréfonds des consciences populaires, les priorités des citoyens. Des priorités absolues.

Autant le dire, l’entrée par la petite porte d’Emmanuel Macron dans l’arène électorale n’a pas bousculé ce scénario, bien au contraire. La brutalité de ses réformes envisagées pour un nouveau quinquennat a confirmé cette clarification économique et sociale: à droite toute, régression à tous les étages! Dans cette nouvelle séquence dune extrême brièveté dici au 10 avril, mais fondamentale, le débat se dispute désormais sur une tout autre orientation: celle des plaies sociales béantes qui menacent de disloquer celles et ceux qui promettent encore plus de sang et de larmes à un peuple déjà atomisé par la souffrance. Un moment potentiellement dangereux pour l’hôte de l’Élysée. «La marche triomphale qui sesquissait il y a quinze jours semble plus chaotique», écrit dans sa dernière livraison la Fondation Jean-Jaurès à propos du président-candidat, avant d’ajouter: «Ce nest pas encore un doute. Tout juste une ombre. Mais déjà l’ombre d’un doute.» Et ce doute ne concerne pas qu’Emmanuel Macron…

 

« Infirmerie », le billet de Maurice Ulrich.



Comment est-ce possible? Depuis quelques mois, Alain Finkielkraut, malade, avait disparu des écrans, de la radio, des journaux, des magazines et ça nous avait échappé. Quelque chose de sa pensée a dû nous manquer, mais quoi? Il semble de nouveau sur pied, ce qui méritait bien une pleine page dentretien dans le Figaro. Sans surprise, il parle de l’Ukraine avec cette forte pensée: «Cette guerre nous rappelle que les nations doivent être défendues.» Mais ce qu’il redoute, ce n’est pas tant la guerre que l’afflux de réfugiés indifférenciés, le refus de distinguer entre les victimes des guerres ou celles à venir du dérèglement climatique et les discours de gauche qui ne laisseraient de choix qu’entre le racisme et la submersion migratoire. «Les néoprogressistes plaident ardemment pour le grand remplacement. Plus de France, plus dAllemagne, plus dEspagne, plus d’Ukraine, plus d’individus, plus de noms propres mais une immense infirmerie où “la même amertume sale, la sueur, les larmes et le sang”.» Son long séjour à l’hôpital a été très dur.

 

mardi 29 mars 2022

« Un pactole à récupérer », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.

 


80 milliards d’euros, c’est le chiffre vertigineux de la fraude fiscale en France. Entendons-nous bien: il ne sagit pas de la somme des avoirs non déclarés à limpôt, mais bien du montant soustrait annuellement aux caisses de l’État. Pour avoir une idée de ce que cela représente: le budget de l’éducation nationale est de 52 milliards deuros. Et encore, ces 80 milliards nincluent pas loptimisation fiscale qui nest rien dautre que de la fraude légale.

Et ce sont les mêmes paradis fiscaux, dont certains sont à nos portes, qui accueillent et blanchissent l’argent de la fraude fiscale, celui de la drogue, de la traite des humains et des trafics d’armesPandora Papers, Panama Papers, LuxLeaks, l’accumulation d’enquêtes et de scandales n’a jamais débouché sur un véritable tournant dans la lutte contre les fraudeurs. Prendre de véritables mesures pour éradiquer la fraude fiscale implique une volonté politique sans faille. Rien qu’en France, on imagine sans peine le travail que pourrait fournir une administration fiscale si elle disposait, comme le propose Fabien Roussel, de quelques centaines d’inspecteurs et contrôleurs supplémentaires. Un investissement somme toute minime au regard du trésor à récupérer, explique le candidat communiste à la présidentielle, qui a fait de la lutte contre la fraude fiscale l’un de ses principaux chevaux de bataille. D’autant que la guerre en Ukraine n’aura eu qu’une vertu: démontrer quil est possible de bloquer, voire de confisquer les avoirs et les comptes d’individus, d’entreprises, et même d’États.

Dans ce contexte, les interrogations soulevées par certains de nos confrères à propos de l’étonnante faiblesse du patrimoine du président de la République, et mettant en cause la véracité de ses déclarations de revenus, notamment lorsqu’il était banquier chez Rothschild, ne peuvent être traitées par le silence du côté de l’Élysée. Emmanuel Macron ne doit pas laisser planer un doute qui profitera malheureusement à l’extrême droite plutôt qu’à ceux qui s’engagent contre la fraude fiscale. Il faut que le président s’explique, et il serait bien inspiré d’en profiter pour se positionner sur certaines des propositions portées sur ce sujet par le candidat communiste.

PRENDRE DE VÉRITABLES MESURES POUR ÉRADIQUER LA FRAUDE FISCALE IMPLIQUE UNE VOLONTÉ POLITIQUE SANS FAILLE.

 

« Pose », le billet de Maurice Ulrich



Comme toujours, il est en costume noir et chemise blanche, mais avec une grosse écharpe. On comprend le message. Il fait froid en Ukraine. Le bras tendu, il a la main sur l’une des poutrelles d’acier d’un enchevêtrement de fer et de béton. BHL, bien sûr, à Odessa, en photo sur deux pleines pages dans Paris-Match. On sait comment ça se passe. Le lieu a été choisi, la prise de vue a été répétée. C’est professionnel. Normal, c’est Paris-Match«Jamais il navait eu comme ici, nous dit la légende, l e sentiment d’être là où la planète peut s’embraser.» Pour dire vrai, le sentiment de BHL, on s’en fout un peu. La guerre tourne autour de lui, ou c’est lui qui tourne autour. Ce n’est plus la mouche du coche, c’est la mouche des ruines, pour ne pas dire plus, qui se met en scène. On peut en éprouver de la colère. Ce n’est pas la première de ses poses. On l’a souvent trouvé outrecuidant, généralement ridicule, parfois pathétique, toujours déplacé. Là, il est obscène.

 

lundi 28 mars 2022

« Vote conséquent », l’éditorial de Sébastien Crépel dans ‘Humanité.

 


Les candidats de gauche qui jettent leurs dernières forces dans les meetings de cette fin de campagne ont déjà en tête l’après-présidentielle. Ils savent qu’aussi capitale que soit cette élection pour l’avenir du pays et de l’Europe l’horizon de la politique ne s’y borne pas. Au fond des urnes, le 10 avril, se jouera bien sûr la qualification des deux finalistes en piste pour le second tour, mais aussi quelque chose qui dépasse cet enjeu. Ce que Fabien Roussel appelle pour sa part: «Reconstruire lespoir demain». Et c’est cet objectif qui rend chaque voix si importante, que la gauche l’emporte ou non.

Quel que soit le résultat final, le vote du premier tour fera sentir ses effets sur le rapport de forces politique et social. Fabien Roussel mène campagne avec un but principal: remotiver les découragés de la politique et de la mobilisation collective. Une entreprise essentielle pour la suite, à commencer par la possibilité d’élire une majorité de gauche aux législatives, et pour la combativité globale dont dépend la reconstruction d’un espoir populaire dans notre pays. Rappelons-nous ce mot de Maurice Thorez: «Il ny a pas de progrès sans lutte.» Même avec un président de gauche à l’Élysée, aucune perspective nouvelle ne s’ouvrira sans la mobilisation des intéressés. L’ancien dirigeant communiste, à qui l’on doit la formule de Front populaire, savait de quoi il parlait: ce sont les grèves massives qui ont permis les avancées sociales aux premiers pas du nouveau pouvoir en 1936. À linverse, la gauche a capitulé face au mur de l’argent chaque fois qu’une pause a été décrétée dans les luttes.

Ce détour par l’histoire n’est pas inutile, à l’heure où Jean-Luc Mélenchon promet, dans une ultime tentative de forcer le destin, un vote pour s’«épargner, avant de commencer, la grève qui vous fait perdre des sous», quand Philippe Poutou tient le langage opposé: pour lui, il ny a que la grève qui paie, les élections sont un leurre. Comme si chacun tenait la moitié de la solution qui manque à lautre. Fabien Roussel est le seul à gauche à inscrire sa candidature dans la continuité des luttes pour les prolonger dans le vote. Mieux qu’un «vote utile», un vote conséquent, pour le changement dans les urnes et par les luttes.

 

« Culotté », le billet de Maurice Ulrich.



Arnaud Robinet est le maire de Reims, membre du mouvement Horizons d’Édouard Philippe et porte-parole de la France audacieuse de Christian Estrosi. Pour lui ça coule de source, «la réforme des retraites annoncée par Emmanuel Macron est indispensable», écrit-il dans une tribune du Journal du dimanche en saluant un projet courageux et responsable dont l’enjeu est «la solidarité entre générations». Suppression des régimes spéciaux, départ à 65 ans et «pourquoi ne pas évoquer un acte II de la capitalisation». Allez donc… De l’audace, toujours de l’audace vers un nouvel horizon des âges. «Ce débat nécessaire est une invitation urgente à repenser notre modèle de société et la place que nous souhaitons accorder à nos seniors daujourdhui et de demain» dans «un esprit de bienveillance». Certes, mais sachant que, selon les chiffres officiels, un cadre partant à 65 ans aura dix-neuf ans à vivre contre douze pour un ouvrier, il y a seniors et seniors, et la bienveillance comme la solidarité entre générations relèvent d’un cynique culot.

 

samedi 26 mars 2022

 


Sofia DAUVERGNE, Maire-adjointe pour « la France des jours heureux » !

Le 10 avril prochain, je soutiendrai et je voterai pour Fabien Roussel et son programme pour une France des “Jours Heureux”

Pouvoir d’achat en berne, sentiment d’abandon, mépris pour celles et ceux qui travaillent.  Suppression de l’ISF pour les riches mais hausse de la CSG, baisse de l’APL. Un bilan néfaste pour le monde du travail et de la création du Candidat- Président Emmanuel Macron.

Dans ces moments de doute, la colère est fondée ! Il faut lui donner un contenu, des perspectives et de l’espoir, il n’y a pas besoin d’être communiste pour voter Fabien Roussel. Il  s’engage avec ambition pour un grand projet. Celui d’une France heureuse, belle et fière. Un pacte social, écologiste et républicain, porteur de solutions immédiates pour la vie quotidienne des Français.

Projet axé sur le pouvoir d’achat, la redistribution des richesses et la rupture avec les traités européens « les petits paieront petit, et les gros paieront gros ». Ainsi résume-t-il toute la dimension de l’équité et la lutte contre les inégalités sociales et territoriales dont la majorité des Romainvillois.es et un territoire comme le nôtre ont besoin.

Fabien Roussel défend le droit universel au travail pour éradiquer le chômage et la précarité en garantissant d’alterner tout au long de sa vie, période d’emploi et de formation et le rétablissement de la retraite à 60 ans. Un vrai travail avec un bon salaire, comme il le propose permettrait de sortir de cette galère des millions de familles pour qui la fin du mois sonne le 15.

La France des jours heureux entend protéger et se projeter avec confiance dans l’avenir. C’est celle dans laquelle tous les enfants pourront grandir libres et égaux en droits.

C’est aussi celle qui visera à faire avancer chacune et chacun vers l’émancipation. Pour une vie digne, sécurisée et heureuse, pour le droit au bonheur pour tous.

Le 10 avril, faite enfin entendre votre voix, Voter Fabien Roussel.

 

vendredi 25 mars 2022

Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin

 


Séquence(s)

Cynisme. Au trentième jour de la guerre en Ukraine, tandis que le monde bascule dans l’inconnu avec la perspective de heurts inédits au XXIe siècle, nous voilà donc à seize jours du premier tour de la présidentielle. Jusque-là, nous aurions eu tort de reprocher à Mac Macron de s’occuper des hautes affaires internationales, dans un moment d’horreur et de morts. En toute lucidité, chacun a pu néanmoins constater qu’il a profité de cette situation extrême, d’une manière si évidente et assumée qu’elle s’apparentait à une forme de cynisme politique. Jouer de sa toute-puissance, laisser filer le temps, refuser toute confrontation et glisser passivement vers un succès annoncé. Seulement voilà, son entrée effective dans la bataille nationale a tout modifié. Depuis la présentation de son programme, un petit quelque chose dans l’air s’amoncelle comme des cumulus. Il porte une définition simple, à laquelle il n’échappera pas: le retour de la question sociale!

Abrasif. Au moins, les choses sont claires. En assumant l’option d’un projet social dur pour les cinq années qui viennent, Mac Macron reprend l’une de ses thématiques chéries de 2017. À l’époque, le futur élu parlait déjà des «peurs françaises». Dans son livre-programme Révolution (XO Éditions), en 2016, il se désolait de ces Français «recroquevillés sur (leurs) passions tristes, la jalousie, la défiance, la désunion». Il y percevait «une certaine forme de mesquinerie, parfois de bassesse, devant les événements». Cinq ans après, la situation a empiré. Hallucinante perspective, celle de voir l’homme du passif et de l’échec nous rejouer le coup, sachant qu’il osa affirmer qu’«il nous faut réglementer notre système capitaliste et inventer un nouveau modèle». Sa philosophie? Elle se décline toujours dans les transformations à opérer au sein de la société, justifiant, par exemple, que le revenu de solidarité active soit versé en contrepartie de quinze à vingt heures d’activité ou que l’assurance-chômage soit moins généreuse en période de croissance. Émancipation par le travail (sic), donc, qui prend ses racines dans l’école. Pour que celle-ci s’adapte aux nouveaux besoins de la nation, le candidat assume un projet «abrasif», selon les mots d’un de ses proches cité par le Monde, visant à bousculer en profondeur le système éducatif. Quant à la réforme des retraites avortée en 2020, elle sera reprise, en fixant désormais l’âge de départ du travail à 65 ans. Travailler plus… pour travailler plus.

Crises. Le prince-président peut se prévaloir d’un bilan, un seul. Celui d’avoir déstabilisé la droite, après avoir siphonné le Parti socialiste. Le bloc-noteur rappelle que son objectif était évident: rester en tête à tête avec Fifille-la-voilà. Par la brutalité de ses réformes futures, y parviendra-t-il en promettant la régression sociale à tous les étages? Rien n’est moins sûr. Car le débat vient de changer d’orientation tout aussi brutalement. Nous entrons dans une nouvelle séquence, courte certes, mais dangereuse pour l’hôte de l’Élysée. Une question se pose: les électeurs auront-ils le temps et l’envie de se décider en fonction du contenu des réformes programmées par le favori du scrutin? L’atonie de la campagne, avalée par l’actualité dramatique faite de bombes et de fureur, ne le garantit pas. Mais Mac Macron se retrouve dorénavant dans le «dur». Récemment, le candidat déclarait qu’il ne se souciait pas de l’image qu’il renvoyait. Keynésien ou libéral, de gauche ou de droite? «Je m’en fiche royalement, totalement, présidentiellement», avait-t-il lancé. Ce choix des mots, alors que des millions d’électeurs risquent de se déterminer in extremis. À l’heure des grandes crises, les Français souhaitent-ils vraiment une droitisation à outrance et la continuité du matraquage social, quand 61% d’entre eux rejettent ce programme, selon un sondage Elabe ?

« Hold-up social », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Contresens, arguments erronés, dissimulation… Le projet de réforme des retraites annoncé il y a quinze jours par Emmanuel Macron réunit tous les ingrédients d’un véritable hold-up social. À commencer par un revirement spectaculaire du président-candidat. En 2017, ce dernier martelait sa position: au grand jamais il ne touchera à l’âge légal de départ fixé à 62 ans, tout simplement parce que cette mesure est inutile économiquement. Cinq ans plus tard? Le voilà défenseur zélé dun allongement progressif jusqu’à 65 ans au nom de ce même argument économique. Ne cherchez pas la cohérence intellectuelle, il ny en a pas.

Injustifiable sur la forme, la position du chef de l’État est également injustifiée sur le fond. Emmanuel Macron, et d’autres avec lui, épouse désormais le raisonnement alarmiste si cher aux libéraux: «Nous sommes dans une société qui vieillit, il est donc normal que nous travaillions plus, surtout compte tenu de la nature des comptes publics.» Simple, mais faux. Déjà, le besoin de financement n’a rien du gouffre qu’on nous dépeint. Au contraire. La branche retraite de la Sécurité sociale est quasiment à l’équilibre. Et dans le privé, le régime des cadres et salariés (Agirc-Arrco) affiche un excédent de 2,6 milliards d’euros. Aucune urgence. Sur le plus long terme, tous les scénarios actent un recul du poids des retraites dans la richesse nationale (lié notamment à la disparition des baby-boomers). Dernière réalité occultée: repousser l’âge de départ génère des économies, mais également de lourdes dépenses en chômage (qui se prolongent) et en invalidité (qui se multiplient avec le temps). Un gain budgétaire à somme nulle, donc, et de gros dégâts humains.

En vérité, de cette réforme brutale et inutile, Emmanuel Macron veut faire une arme à double tranchant. Électorale, tout d’abord: en reprenant les arguments de la droite, le candidat finit de siphonner les soutiens dune Valérie Pécresse à terre. Mais il donne également des gages aux marchés financiers et aux vendeurs d’épargne privée, qui ont fait de la réforme des retraites et de l’affaiblissement de notre protection sociale leur totem favori. Un opportunisme politique et dogmatique que les Français, espérons-le, n’oublieront pas de balayer le 10 avril prochain.