Le locataire de l’Élysée
entend capitaliser sur la présidence française de l’Union pour préparer le
terrain de sa campagne.
C’est le nouvel « en même temps » sur lequel il mise pour
être réélu en avril 2022. Durant la présidence française du Conseil de l’Union
européenne, Emmanuel Macron entend jouer sur deux tableaux : se montrer
omniprésent sur la scène européenne, tout en apparaissant soucieux d’apporter
des réponses aux problématiques locales, en France.
« Je veux passer à une Europe puissante dans le monde, pleinement
souveraine, libre de ses choix et maître de son destin », a déclaré le
président de la République, jeudi 9 décembre, lors de sa conférence de
presse à l’Élysée après une visite de deux jours dans le Cher et l’Allier,
consacrée aux problèmes « du quotidien », dixit l’Élysée. Son
mandat européen va reposer sur les piliers suivants : « Relance,
puissance et appartenance », a-t-il précisé. Avant cette conférence de
presse, il avait déjà lancé lors de sa dernière allocution, le
9 novembre : « Les enjeux sont tels, dans le choc des puissances
continentales qui se déploie sous nos yeux, que seule une entente européenne,
solidaire et volontaire, peut apporter à chacun de nos pays européens un relais
et une force de frappe ». Le président-candidat a bâti une stratégie de
campagne, avec l’ambition de faire de l’Europe un outil de communication, comme
en 2017.
L’extrême droite placée au centre du jeu
Cette fois-ci, grâce à la présidence française de l’Union, il dispose d’un
avantage considérable : asseoir sa stature internationale lui permettant
d’apparaître comme au-dessus de la mêlée. L’occasion aussi de mettre en avant
son bilan européen, tout en jouant dans le débat public la carte du défenseur
de la « souveraineté européenne ». Enfin, il veut mettre en scène,
à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, une opposition simpliste :
lui serait le tenant du camp « libéral », face aux populistes
emmenés par le Hongrois Viktor Orban. Une stratégie déjà mise en œuvre lors de
sa précédente campagne.
En rejouant le clivage entre libéraux et nationalistes, Emmanuel Macron se
pose une nouvelle fois comme la seule alternative. Cette stratégie place non
seulement l’extrême droite au centre du jeu, mais elle a vocation à
invisibiliser tout autre chemin possible, en particulier de gauche. Une façon
de tronquer le débat public, pour mieux installer l’idée d’un vote utile en
faveur… du locataire de l’Élysée. Les troupes de marcheurs sont d’ores et déjà
à la manœuvre pour alimenter ce face-à-face. « Demandez à Marine
Le Pen si son modèle, c’est celui de la Hongrie ou la Pologne, tançait,
le 5 décembre, Clément Beaune, secrétaire d’État français aux Affaires
européennes. Elle a passé des années à essayer de faire croire qu’elle
était dédiabolisée, elle va aujourd’hui s’allier avec des gens qui font reculer
les droits en Europe. » « Parmi les partis de gouvernement, qui
porte un projet ambitieux sur l’Europe ? demande Valérie Hayer,
députée européenne Renew, cofondatrice de l’Association pour une renaissance
européenne pro-Macron, avant de poursuivre : Aucun ! Le PS et la droite
ont l’Europe honteuse. »
Avec un tel argumentaire,
la Macronie entend également mobiliser et donner des gages à son électorat. Une
enquête Ifop-Fiducial, publiée en juillet 2021, souligne ainsi que 89 % de
ses électeurs estiment que « la France est plus forte grâce à son
appartenance à l’Union européenne ». Un chiffre qui tombe à 59 % à
l’échelle de la population. Et, selon la dernière vague du sondage Odoxa
pour le Figaro, 32 % des Français assurent que la
présidence de l’Union sera une force plutôt qu’une faiblesse pour le chef de
l’État. Pourtant, la rhétorique usée d’Emmanuel Macron semble incapable de
formuler les réponses adéquates aux urgences du moment : accueil digne des
exilés, lutte contre le creusement des inégalités sociales, contre la crise
climatique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire