En maître absolu, Joe Biden a donc convié une partie du monde à son sommet.
Nous ne contestons pas ici le bien-fondé de relations diplomatiques soucieuses
des droits humains et de la démocratie. Mais, la Chine, la Russie et bien
d’autres États étant écartés, il est normal d’interroger la légitimité de la
démarche de l’initiateur. Selon des critères très subjectifs, Washington fait
la leçon, distribue les bons et mauvais points, inventorie les pays
fréquentables ou non. Les Latino-Américains pourraient s’en donner à cœur
joie, en rappelant à la Maison-Blanche son implication dans les coups d’État
qui ont ensanglanté la région, ou encore le blocus unilatéral dont est victime
Cuba alors que l’Assemblée générale des Nations unies s’est pourtant, une
nouvelle fois, prononcée en faveur de sa levée à une écrasante majorité.
Si l’on souhaite œuvrer à la démocratie, sans interventionnisme, on ne
claque pas les portes, on les ouvre. Disons-le franchement, les intentions de
Washington ne sont pas louables. L’administration états-unienne est très inquiète
de l’irrésistible ascension de Pékin car la puissance asiatique menace son
leadership mondial. Elle a engagé une dangereuse course pour endiguer sa rivale
en renforçant militairement ses positions en mer de Chine, ou encore en Europe
via l’Otan. Le budget de sa défense explose encore, avec près de
774 milliards de dollars prévus pour 2022 !
La démocratie ne se
décrète pas à coups de canon. L’histoire récente en regorge d’exemples :
l’Irak, la Libye… Le sommet de Biden a des relents de guerre froide,
version 2.0. Il a pour seul motif de conforter la domination
géopolitique des États-Unis et les intérêts économiques de ce pays, au risque
de générer de nouvelles déflagrations. Comme hier, la démocratie libérale
souhaite avoir les coudées franches pour consacrer la domination des marchés
financiers, sans se soucier des inégalités meurtrières qu’elle engendre. Et la
France dans tout ça ? Elle suit, doctement.
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