vendredi 26 juin 2020

« CARTON ROUGE », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité de ce jour !


« Inédites », « hors norme »… Les élections municipales de 2020 feront date. Le 28 juin, les cartes peuvent être rebattues, après trois longs mois d’une crise qui a bouleversé le pays. L’abstention risque d’être vertigineuse, nous dit-on, alors que plus de 5 000 conseils municipaux doivent encore être élus. Toute la soif de changement exprimée lors du confinement ne doit pas rester sans voix. Les citoyens ont en effet le pouvoir de sanctionner les choix d’une ­majorité présidentielle méprisante face aux colères déconfinées, à commencer par celles des personnels hospitaliers. Les technocrates qui susurrent à l’oreille du président nous expliquent qu’il s’agit d’un scrutin local, limitant ainsi la portée nationale du vote des électeurs. Le premier ministre, qui affronte au Havre le communiste Jean-Paul Lecoq, le répète sur tous les tons. Personne n’est dupe.

La crise sanitaire a rappelé combien les municipalités sont des maillons essentiels, là où prévalent des politiques transformatrices, et où le maillage associatif est un creuset de formidables solidarités. Elles constituent des remparts à la détresse sociale grandissante. Et pourtant, ces dernières années, les maires se sont vu déposséder de leurs marges de manœuvre. En supprimant la taxe d’habitation, entre autres, Emmanuel Macron a privé les communes de leviers économiques indispensables pour garantir des services publics de proximité efficaces et promouvoir des projets socio-éducatifs, culturels et environnementaux innovants.

Le 28 juin, en votant pour les listes de rassemblement de gauche et écologistes, les électeurs peuvent adresser un carton rouge aux réformes du gouvernement. Ils pourront dire tout le bien qu’ils pensent de ce pouvoir rompu à l’exercice des courbettes devant l’ordre capitaliste, et dont la seule boussole est la présidentielle de 2022. Les possibles victoires de candidats progressistes dans les plus grandes villes de France redessineraient complètement le paysage politique. Elles constitueraient un sérieux avertissement à la Macronie. Face aux calculs politiciens de l’Élysée, que les urnes parlent.

Par Cathy Dos Santos


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