Aussitôt les urnes rangées, le président de la République s’est empressé de
surfer sur la vague écologique. Il se dit prêt à valider bon nombre des
préconisations de la convention citoyenne à condition, a-t-il précisé, qu’on ne
touche pas « aux dividendes ». Ceci, après que cette même
convention a été empêchée de délibérer sur la diminution du temps de travail.
Autrement dit, M. Macron – dont le parti a été nettement rejeté
dimanche – veut consolider le capitalisme en le ripolinant sans attendre
d’un vernis vert qui masquerait l’urgence de s’attaquer aux conditions mêmes du
désastre écologique, à commencer par le pouvoir exorbitant des marchés
financiers et de l’actionnariat capitaliste sur la production et la
consommation. Curieux que le président n’ait pas eu un mot sur l’assourdissant
silence des urnes. Le pays peut-il fonctionner encore longtemps avec des
assemblées élues avec seulement 15 % des inscrits sur les listes
électorales ?
La lourde tendance à l’apoplexie démocratique ne peut pas être contrecarrée
sans créer les conditions pour que les salariés et les citoyens puissent
disposer de plus de pouvoir dans les entreprises, les banques, comme dans la
cité.
Le système institutionnel est désormais si verrouillé qu’une partie des
citoyens le conteste en refusant d’aller voter tandis que celles et ceux qui se
sont déplacés ont cherché le moyen de le dépasser en portant leurs suffrages
sur des personnalités nouvelles, ancrées au terrain, répondant aux aspirations
sociales, écologiques et démocratiques. Dimanche, ils ont fait confiance à des
militantes et militants qui, bien qu’invisibles sur les plateaux de télévision,
vont devenir maires de grandes villes, justement parce qu’ils portent
l’aspiration au chamboulement du système politique.
L’unité aura été facteur de confiance. L’écologie gagne quand elle est
alliée à toute la gauche. Et, inversement, les listes de gauche gagnent quand
elles intègrent une forte dimension écologique.
Le fait majeur de ce scrutin réside toutefois dans le taux inédit d’abstention.
Les classes populaires se mettent peu à peu hors-jeu, jugeant à bon droit que
leurs aspirations et difficultés ne sont pas ou peu prises en compte. Trop de
travailleurs et de privés d’emploi, ceux-là mêmes qui ont le plus intérêt à des
changements de politique, se sentent, à tort ou à raison, délaissés par un
« système » qui ne les intègre plus à la délibération collective. Et le
président de la République accentue cette défiance en cultivant la détestation
des partis politiques et des élus, ou en faisant croire qu’il n’y a plus de
politiques différentes possibles mais uniquement des choix « techniques ».
Le renouveau appelle, au contraire, à
ouvrir les vannes d’un débat populaire et à mener des actions pour imaginer la
construction d’une première République sociale, démocratique et écologique.
Cela pourrait commencer dans chaque commune.
Par Patrick Le Hyaric
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