mercredi 1 juillet 2020

« MASQUE VERT L’ÉDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Même pas mal. Lundi, en Allemagne, la réaction d’Emmanuel Macron aux résultats de la veille ressemble à celle d’un gamin qui vient de se prendre une bûche. « Il   ne s’agit pas dans la vie de la nation de tirer des conséquences excessives de scrutins qui sont d’abord des scrutins locaux. » Bien sûr, Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, c’est Trifouilly-les-Oies et Troumachin-sur-Schtroumpf. En réalité, cette déclaration, faite ­curieusement depuis l’étranger quand il se refuse en général à tout commentaire sur la situation intérieure, confirme qu’il avait bien l’intention d’enjamber ce second tour et de le tenir en quelque sorte comme nul et non avenu. On peut deviner sans peine que c’est pour cette même raison qu’il avait programmé pour le lendemain ­matin même son ­rendez-vous avec la convention citoyenne pour le climat.

L’artifice politicien est clair. Faire semblant d’ignorer les résultats des listes de rassemblement de gauche et écologistes pour mieux mettre en valeur son propre rôle de président en cours de réinvention verte. Il faut reconnaître que la manœuvre, pour être grossière, n’est pas sans résultats. Critiques pour le Figaro : « Macron veut verdir la fin de son quinquennat ». Positifs pour le ­Parisien : « Macron passe au vert ». On oublie sans peine le refus d’une taxe de 4 % sur les dividendes, comme s’il était anecdotique pour parler des 110 km/h et d’un remaniement dont on parie qu’il fait frétiller la cour dans les ­dîners en ville.

Le masque vert du président, comme son déni des résultats de dimanche, a une fonction. Grève hier des hospitaliers, encensés et applaudis, mais que l’on essaie ­maintenant de filouter. Suppressions d’emplois chez Renault, Air France, Airbus, Sanofi, qui ont reçu des aides massives de l’État. Durcissement des règles de l’assurance-chômage, reprise qui se profile de la réforme des retraites… Emmanuel Macron tente d’occulter avec ses choix poli­tiques l’ampleur de la crise sociale, aussi bien que la profondeur d’une crise environnementale qui appelle bien autre chose qu’un ou deux ­référendums hypothétiques à la Saint-Glinglin. 

par Maurice Ulrich


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