Même pas mal. Lundi, en Allemagne, la réaction d’Emmanuel Macron aux
résultats de la veille ressemble à celle d’un gamin qui vient de se prendre une
bûche. « Il ne s’agit pas dans la vie de
la nation de tirer des conséquences excessives de scrutins qui sont d’abord des
scrutins locaux. » Bien sûr, Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux,
Strasbourg, c’est Trifouilly-les-Oies et Troumachin-sur-Schtroumpf. En réalité,
cette déclaration, faite curieusement depuis l’étranger quand il se refuse en
général à tout commentaire sur la situation intérieure, confirme qu’il avait
bien l’intention d’enjamber ce second tour et de le tenir en quelque sorte
comme nul et non avenu. On peut deviner sans peine que c’est pour cette même
raison qu’il avait programmé pour le lendemain matin même son rendez-vous
avec la convention citoyenne pour le climat.
L’artifice politicien est clair. Faire semblant d’ignorer les résultats des
listes de rassemblement de gauche et écologistes pour mieux mettre en valeur
son propre rôle de président en cours de réinvention verte. Il faut reconnaître
que la manœuvre, pour être grossière, n’est pas sans résultats. Critiques
pour le Figaro : « Macron veut verdir la fin de son quinquennat ».
Positifs pour le Parisien : « Macron passe au vert ». On
oublie sans peine le refus d’une taxe de 4 % sur les dividendes, comme
s’il était anecdotique pour parler des 110 km/h et d’un remaniement dont
on parie qu’il fait frétiller la cour dans les dîners en ville.
Le masque vert du président, comme son
déni des résultats de dimanche, a une fonction. Grève hier des hospitaliers,
encensés et applaudis, mais que l’on essaie maintenant de filouter.
Suppressions d’emplois chez Renault, Air France, Airbus, Sanofi, qui ont reçu
des aides massives de l’État. Durcissement des règles de l’assurance-chômage,
reprise qui se profile de la réforme des retraites… Emmanuel Macron tente
d’occulter avec ses choix politiques l’ampleur de la crise sociale, aussi bien
que la profondeur d’une crise environnementale qui appelle bien autre chose
qu’un ou deux référendums hypothétiques à la Saint-Glinglin.
par Maurice Ulrich
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire