La simple logique voudrait que le rapport d’Oxfam France sur le partage des
richesses au sein des groupes du CAC 40, les quarante premiers groupes
français, soit une bombe sociale et politique. Citons simplement cela : dès le
quatrième jour de janvier, un PDG aura gagné autant que la moyenne de ses
salariés en un an ! Ce n’est pas une surprise mais ce scandale n’a fait que
s’aggraver au fil du temps.
Une caste de prédateurs, à la fois rivaux et complices, se gave à la tête
de l’économie française. Il y aurait déjà là matière à insurrection, mais ce
n’est pas tout. Leurs salaires obscènes sont le prix de leur dévouement aux
actionnaires. Leur but n’est pas le bien public, on le savait aussi, mais le
versement de dividendes toujours en hausse à ceux, pour reprendre certaine
formule de François Mitterrand qui s’était gardé d’en tirer les conclusions,
qui s’enrichissent en dormant.
Cette situation est un défi pour la République, une insulte permanente pour
la masse des salariés, pour les plus modestes, pour celles et ceux aussi qui
ont été en première ligne ces derniers mois. Il ne s’agit pas seulement
d’inégalités, d’injustice. Ce capitalisme « devenu fou », selon
les propres termes d’Emmanuel Macron quand il nous prend pour des benêts, est
un fardeau pour l’économie. Contrairement à ses théories mensongères, les
premiers de cordée ne sont pas un atout pour la France. C’est le contraire.
On a vu, avec la crise,
revenir les débats autour de l’ISF, qu’il a écartés il y a une semaine. « Il
n’y aura pas de hausses d’impôts. » Cela voulait dire pas de retour de
l’imposition sur la fortune, on ne touchera pas aux riches. Mais ce n’est
qu’une petite partie du débat. C’est à ce capitalisme de prédation qu’il faut
mettre un terme afin d’être à même de construire une autre économie. Ce
rapport, disions-nous, devrait être une bombe. Mais au nom de stupidités
idéologiques comme « la haine des riches » ou la « liberté économique totale »,
les prédateurs trouvent de multiples relais complaisants. Cela aussi devrait
cesser.
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