Rien à signaler. « C’est une sorte d’attestation d’employeur, ça se
fait tous les jours… » Le commentaire du président de l’Assemblée
nationale, Richard Ferrand, sur la lettre d’Emmanuel Macron transmise au
parquet financier et concernant Alexis Kohler, est celui d’un expert, formé à
la dure école de l’affaire des Mutuelles de Bretagne. RAS. Sauf que
« l’employeur » est le président de la République et que les révélations de
Mediapart et de l’association Anticor conduisent à un sérieux doute. Emmanuel
Macron a-t-il pesé sur le cours de la justice de telle sorte que l’enquête
ouverte en 2018 sur les liens à la fois professionnels et familiaux de son
principal collaborateur avec le groupe MSC, soit classée « sans suite »
quelques jours plus tard ?
Sans doute faut-il rappeler brièvement que l’éventualité de conflits
d’intérêts le concernant avait déjà été évoquée à l’occasion de plusieurs
contrats avec l’armateur franco-italien, à Saint-Nazaire et au Havre. L’enquête
ouverte en 2018, elle, visait à déterminer s’il avait dissimulé ses liens avec
le groupe, au sein duquel il avait aussi exercé des responsabilités
financières, lorsqu’il était devenu le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à
Bercy.
Non, assure donc ce dernier dans une lettre adressée d’abord à l’intéressé
puis arrivée dans les bureaux du parquet financier. Sauf qu’il y a un petit
problème : alors qu’un rapport accablant pour Alexis Kohler avait été rédigé
quelques jours plus tôt, un autre rapport quelques jours plus tard amenait la
fin de l’enquête.
Une simple attestation donc, mais tombée à
point. À l’Assemblée, la réponse de la garde des Sceaux interpellée par un
député de la FI laisse perplexe : « Votre question englobe plusieurs
éléments auxquels il est très difficile ici de répondre en quelques minutes,
tant la confusion qui résulte des différents éléments que vous avez amenés rend
une réponse claire délicate. » Sans doute, mais encore ? C’est
pourtant une telle réponse, sans faux-fuyants, que l’on est en droit d’attendre
aujourd’hui du président de la République, à l’orée de ce qui pourrait bien
être un scandale d’État.
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