De partout se prépare désormais, l’arrêt de la France,
le 7 mars, pour arrêter la contre-réforme des retraites. On prépare des
banderoles à mettre aux fenêtres, on discute avec des commerçants pour qu’ils
baissent le rideau durant plusieurs heures, on discute avec des salariés des PM
et avec leurs employeurs, on distribue des tracts, on tient des réunions
d’information, des meetings, on prépare des déplacements collectifs aux
manifestations…. On prépare la mise à l’arrêt de la France. Le mouvement doit
être puissant, uni, solidaire entre les classes travailleuses, entre les
générations, entre les préférences syndicales différentes, les opinions
politiques, philosophiques, proches ou discordantes.
Il n’y a qu’un rapport de force inégalé qui peut faire reculer ce pouvoir qui travaille pour les fonds financiers et l’assurance privée en voulant imposer à tout prix cette contre-réforme des retraites. Sa décision de tenter de passer en force est liée à l’enjeu primordial que cette contre-réforme représente pour les forces du capital. Le projet des 64 ans est partie intégrante du projet macroniste global qui comprend les contre-réformes du droit du travail, la réduction des droits de l’assurance chômage, la fameuse loi Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, dite PACTE, la modification des lycées professionnels et les soubresauts sur un faux partage de « la valeur », voire la participation. La cohérence de cette politique vise à réduire les droits des travailleurs, à accroître ceux du capital, à pressurer les rémunérations salariales durant le travail et hors période du travail, dont l’allocation chômage et les retraites, avec l’idée de déconnecter ces derniers du salaire grâce à des caisses non étatisées.
Le pouvoir, ses alliés et ses donneurs d’ordre assis sur des tas d’or, savent très bien qu’il n’est pas possible pour un boucher, un primeur ou tout autre travailleur du marché national de Rungis de travailler jusqu’à 64 ans, voire 67 ans pour certains. Leur dire, comme l’a fait le fondé de pouvoir Macron, qu’il compte sur leur bon sens, leur « raison » est une pure insulte.
Courtoise peut être, entouré de quelques fraises
importées, mais insupportable insulte tout de même. Il prend celles et ceux qui
souffrent pour de petits caniches sans « raison » bons qu’à être exploités et
surexploités toujours plus. Au cours de cette visite matinale, le président ne
s’est même pas fatigué à expliquer le bien-fondé d’une telle régression. Il en
appelle à la raison. Il dit ainsi que le peuple doit se soumettre à « une
raison » divine, au mépris de la vie des travailleuses et des travailleurs.
La « raison » du pouvoir est bien celle qui permet de servir les fonds financiers et les compagnies d’assurances privées. Quand le Conseil d’État critique plusieurs articles de ce projet de loi, le pouvoir n’en tient aucun compte. Pourquoi ? Parce que les seuls articles importants sont ceux qui permettent le recul de l’âge de départ et l’augmentation du nombre d’années de cotisations.
Le projet est simple : celles et ceux qui ne pourront
pas faire autrement iront travailler jusqu’aux limites de leur force, perdant
autant d’années de vie en bonne santé et de vie tout court.
D’autres, qui auront des doutes sur la possibilité d’atteindre les 64 ou les 67 ans au travail, tenteront de se payer une retraite complémentaire privée. Autrement dit, dans un contexte où déjà, ce que l’on appelle le « taux de remplacement », c’est-à-dire la différence entre le niveau du salaire et celui de la retraite diminue régulièrement, et continuera forcément de diminuer le projet est bien de conduire les travailleuses et les travailleurs vers la retraite par capitalisation.
En 2019 la Société Générale, dans une longue
communication sur « l’épargne retraite et la loi Pacte » commençait ainsi son
texte : « L’une des ambitions de la loi Pacte est de développer au sein des
entreprises les solutions de retraites supplémentaires. Elle propose ainsi un
nouveau plan d’épargne retraite d’entreprise qui offre une solution plus simple
et plus souple pour les épargnants ».