lundi 27 février 2023

« Un pognon de dingue », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



La comédie du «il ny a pas dargent» va-t-elle encore durer longtemps? Alors quapproche lexamen de la réforme des retraites au Sénat, le gouvernement sapprête à resservir son mantra du «travailler plus longtemps» parce quil ny aurait, paraît-il, pas d’alternative pour «sauver» le système des retraites. Au même moment, l’argent coule à flots sous le nez des ministres, sans même faire semblant de se dissimuler. Jamais le CAC 40 et ses actionnaires n’ont autant crevé de richesses. Les entreprises françaises cotées en Bourse ont du cash plein les poches, à ne plus savoir qu’en faire. «Année record», «le grand chelem», les patrons ne sont pas avares de superlatifs dans leur communication sur les résultats de l’année 2022. Plus de 140 milliards d’euros de bénéfices nets pour les quarante sociétés du CAC: un chiffre historique, du jamais-vu.

Plus de la moitié de ce pognon de dingue devrait atterrir dans les poches des actionnaires. En ajoutant les programmes de rachats d’actions visant à doper encore la valeur boursière des groupes, 100 milliards d’euros, au bas mot, sont ainsi détournés de la réponse aux besoins sociaux. De quoi combler sept fois le déficit des retraites prévu en 2030, à en croire le gouvernement (14 milliards d’euros), tandis qu’il nous chante le couplet des 64 ans indispensables pour financer nos vieux jours. De qui se moque-t-on?

Cette manne des profits du CAC 40 mériterait d’autant plus d’être «collectivisée» quelle se nourrit des maux dont on rebat les oreilles des Français, appelés à endurer les sacrifices. La prospérité exceptionnelle de ces groupes l’an dernier s’est bâtie non pas en dépit de la crise, mais grâce à elle: en répercutant la hausse des prix aux consommateurs, en jouant à fond de la spéculation sur l’énergie, les grandes entreprises ont engrangé plus d’argent. Total a beau jeu de plafonner le prix à la pompe, fort de ses 20 milliards de profits. La seule mesure de justice serait de rendre l’argent à ceux qui produisent toutes ces richesses.

 

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