La comédie du « il n’y a pas d’argent » va-t-elle encore durer longtemps ? Alors qu’approche l’examen de la réforme des
retraites au Sénat, le gouvernement s’apprête à resservir
son mantra du « travailler
plus longtemps » parce qu’il n’y aurait,
paraît-il, pas d’alternative pour « sauver » le système des retraites. Au même moment,
l’argent coule à flots sous le nez des ministres, sans même faire semblant de
se dissimuler. Jamais le CAC 40 et ses actionnaires n’ont autant crevé de
richesses. Les entreprises françaises cotées en Bourse ont du cash plein les
poches, à ne plus savoir qu’en faire. « Année record », « le grand chelem », les patrons ne sont pas avares de superlatifs
dans leur communication sur les résultats de l’année 2022. Plus de
140 milliards d’euros de bénéfices nets pour les quarante sociétés du CAC : un chiffre
historique, du jamais-vu.
Plus de la moitié de ce pognon de dingue devrait
atterrir dans les poches des actionnaires. En ajoutant les programmes de
rachats d’actions visant à doper encore la valeur boursière des groupes,
100 milliards d’euros, au bas mot, sont ainsi détournés de la réponse aux
besoins sociaux. De quoi combler sept fois le déficit des retraites prévu en
2030, à en croire le gouvernement (14 milliards d’euros), tandis qu’il
nous chante le couplet des 64 ans indispensables pour financer nos vieux
jours. De qui se moque-t-on ?
Cette manne des profits du CAC 40 mériterait
d’autant plus d’être « collectivisée » qu’elle se nourrit des maux dont on rebat les oreilles
des Français, appelés à endurer les sacrifices. La prospérité
exceptionnelle de ces groupes l’an dernier s’est bâtie non pas en dépit de la
crise, mais grâce à elle : en répercutant la
hausse des prix aux consommateurs, en jouant à fond de la spéculation sur
l’énergie, les grandes entreprises ont engrangé plus
d’argent. Total a beau jeu de plafonner le prix à la pompe, fort de ses
20 milliards de profits. La seule mesure de justice serait de rendre
l’argent à ceux qui produisent toutes ces richesses.
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