Une étape incontournable. Alors que les braises de la
présidentielle sont encore chaudes, les défilés du 1er Mai, organisés
dimanche dans toute la France, marqueront le premier round de la riposte à
Emmanuel Macron. Les syndicats le savent : il y a nécessité à faire redescendre sur terre ce président mal élu, qui tente de
faire croire que les millions de suffrages anti-Le Pen tombés dans son
escarcelle valent soutien à son programme de casse sociale. Il n’en est rien.
Rappelons-lui cette simple réalité : seuls 47 % des votes Macron au second tour
étaient dans une logique d’adhésion (soit 24 % de l’ensemble des suffrages
exprimés). Les autres (53 %) ont souhaité faire barrage à l’extrême
droite. Le même rejet vaut pour les mesures phares défendues par le chef de
l’État. À commencer par le recul de l’âge de la retraite, refusé par près de
70 % des Français…
La Macronie veut romancer la victoire de son chef. Ce
1er Mai doit servir à lui ôter toute illusion. Il n’y aura pas d’état de
grâce. Et une large majorité de la population n’a aucune envie de goûter à un
nouveau quinquennat de recettes néolibérales. Les résultats du scrutin sont, à
ce titre, éloquents. Avec, à gauche, un déplacement historique du centre de
gravité vers les partisans d’une profonde transformation sociale au détriment
des sociaux-libéraux, disqualifiés. Des scores qui témoignent d’une aspiration
à un profond changement, que ce soit sur les questions du pouvoir d’achat, de
la lutte contre les inégalités ou encore de l’environnement. Et qui rappellent
que le terrain social, piétiné durant cinq ans par Emmanuel Macron, est
plus que jamais inflammable.
On ne sait si cette colère palpable, illustrée par la
multiplication des luttes salariales dans les entreprises, se traduira par un « troisième tour social ». Elle est, en tout cas, un carburant puissant pour la
bataille des législatives qui s’annonce. Et ce 1er Mai, auquel
tous les responsables de la gauche, de Fabien Roussel à Jean-Luc Mélenchon, appellent à participer,
ressemble plus que jamais à un tour de
chauffe. Celui qui doit permettre, d’ici un mois et demi, aux revendications de
la rue de se traduire dans les urnes.