La gauche a un nouvel objectif : gagner les
élections législatives. Le caractère assez inédit des dynamiques à l’œuvre, entre rejet profond du président élu et « front républicain » qui faiblit mais n’a pas disparu, rend difficiles les projections. Mais, même si la Macronie
assure que le prochain scrutin viendra, comme toujours, confirmer le vote
d’avril, rien n’est moins sûr. D’abord, parce que la colère à l’encontre du
chef de l’État est très forte et qu’une partie de l’électorat a la sensation de
s’être fait voler l’élection. Les législatives pourraient être l’occasion de
corriger le tir. Une sorte de troisième tour qu’elles n’étaient pas
jusqu’alors. Ensuite, parce que les trois blocs sortis des urnes du
10 avril modifient considérablement la donne politique.
Gauche, droite, extrême droite, chacun d’eux a un
poids quasiment équivalent. Reste à savoir ce qui va se passer à l’intérieur de
chacun. Il apparaît acquis que le parti « Les Républicains » gardera son
autonomie en juin et que, si des ralliements souhaités par Macron sont
possibles et des accords de désistement « discrets » pourraient exister, il y aura des candidats de droite
dans la plupart des circonscriptions. Le RN et le parti Reconquête ! de Zemmour devraient aussi se faire concurrence.
Dans ce contexte, que va faire la gauche ? Étant donné la force de LaREM et du RN, un front éclaté hypothéquerait gravement les chances de contester la victoire dans nombre d’endroits. Si, au contraire, la gauche s’unit sur un programme ambitieux, elle pourrait non
seulement conjurer la traditionnelle démobilisation de l’opposition, mais elle
serait en position de se maintenir dans quelque 300 circonscriptions,
contre à peine 160 en 2017. Répondre aux aspirations sociales et écologiques
est donc tout l’enjeu d’un accord à gauche susceptible de mettre en échec à la
fois une fuite en avant libérale de Macron et la conquête par le RN de dizaines
de sièges à l’Assemblée. Si chacun a ses propres responsabilités, il appartient
à Jean-Luc Mélenchon, du fait de son score à la présidentielle, de créer les
conditions de ce rassemblement. Il détient la clé de ce nouvel espoir.
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