mardi 30 août 2022

« Faibles avec les forts », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Hmanité.



Devant le parterre des patrons rassemblés lors de l’université d’été du Medef, la première ministre, Élisabeth Borne, ne s’est pas démontée. Face aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux périls climatiques, «nous devons mettre en œuvre des solutions radicales et innovantes, engager des changements puissants dans nos manières de produire, d’investir…» a-t-elle exhorté. Serait-ce l’amorce d’une volonté soudaine de changer le mode de production qui ravage la planète en asservissant les hommes? Évidemment pas. Et Geoffroy Roux de Bézieux, le patron des patrons, n’a pas eu l’air de s’en inquiéter. C’est que la cheffe du gouvernement n’a ni l’envie ni les moyens d’imposer quoi que ce soit au patronat.

En ayant laissé au privé tous les leviers économiques, le gouvernement en est réduit à «inviter» les chefs d’entreprise à la sobriété énergétique ou à «proposer» qu’ils agissent «pour une meilleure qualité de vie au travail» ou encore qu’ils engagent «les négociations salariales nécessaires». Mais si le gouvernement enjoint quelques actions au patronat, c’est bien ce dernier qui dicte son agenda de réformes: celles de lassurance-chômage, des retraites et du RSA sont autant de vœux du Medef que lexécutif accepte avec enthousiasme de mettre en œuvre. Et il ne sera alors plus question d’ «inviter» les chômeurs à trouver un emploi ou de «proposer» aux ayants droit du RSA quelques heures de travail gratuit et encore moins aux travailleurs de repousser leur âge de départ à la retraite. Aucune échappatoire pour s’adapter «aux besoins du marché du travail».

Derrière les arguties sémantiques de «concertation», voilà la véritable méthode macroniste: être dur avec les faibles et faible avec les forts. Pour tous ceux qui ne sont pas conviés aux cénacles patronaux, il reste les mobilisations sociales et politiques de la rentrée pour faire entendre leur voix. La Fête de l’Humanité sera un formidable incubateur pour ses rendez-vous afin de mettre en débat les véritables «solutions radicales et innovantes».

« Pas mal ! », le billet de Maurice Ulrich.



À sa manière très adroite, Yves Thréard, l’une des plumes, comme on dit, du Figaro, ne manque pas d’à-propos. Ainsi, écrivait-il lundi à propos de l’actualité brûlante des questions environnementales: «Plus le débat enfle, plus la lutte contre le dérèglement climatique prend des accents de lutte des classes.» Pas mal, mais juste à côté. On a déjà cité ici cette phrase de Marx: «Le capitalisme se développe en épuisant les deux sources de toute richesse, la Terre et les hommes.» Nous y sommes et c’est bien d’une lutte de classes à l’échelle planétaire qu’il s’agit. Quand une petite minorité possède et consomme autant que l’immense majorité, ce n’est pas seulement un danger mortel pour la planète, ce n’est pas seulement une inégalité révoltante, c’est aussi parce que c’est le résultat de l’exploitation du travail des hommes, de la privatisation des ressources et des techniques. Alors oui, Yves Thréard, ça ressemble à la lutte des classes, ça a les accents de la lutte des classes, parce que c’est la lutte des classes.

 

« La mort tombée du ciel », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l'Humaité.

 


Les images qui nous arrivent du Pakistan sont effroyables et terrifiantes. Des vagues d’eau brunâtre qui s’engouffrent dans des lits de rivière trop étroits, des montagnes liquides qui débordent détruisant tout sur leur passage. Rien ne résiste, les bâtiments, les ponts, les routes, sont engloutis et déjà le bilan humain dépasse les 1000 morts. Depuis le mois de juin, le pays est victime dinondations monstres provoquées par les pluies de mousson. Avec un tiers du Pakistan actuellement sous les eaux, personne n’échappe à la catastrophe. Il y a ceux touchés directement et qui ont tout perdu. Ils sont plus de 33 millions dans ce cas, soit un Pakistanais sur sept. Mais l’ensemble de la population en subit les conséquences. Les routes coupées, les infrastructures fragilisées compliquent la vie dans tout le pays. Les approvisionnements sont ­réduits, les produits alimentaires de base voient leurs prix grimper en flèche. Et la situation pourrait encore s’aggraver.

Pour les Pakistanais, la mousson, même lorsqu’elle n’est pas d’une ampleur exceptionnelle, est devenue depuis des années synonyme de destruction et de mort. Mais cette année, l’ampleur des précipitations remet en lumière le désastre du dérèglement climatique. La situation au Pakistan comme la succession de catastrophes de cet été en France et dans le monde nous démontrent une fois de plus que les phénomènes extrêmes et exceptionnels deviennent l’ordinaire sur l’ensemble de la planète.

Pour faire face à une telle situation, il n’y a pas d’autre choix que d’agir radicalement, à l’échelle de la planète, pour diminuer les émissions de gaz carbonique et lutter contre les effets dévastateurs de leur concentration. L’argent existe qui pourrait permettre d’accélérer cette action et, dans le même temps, aux sociétés d’imaginer des solutions pour limiter l’impact des catastrophes, qui vont continuer. À commencer par ces centaines de milliards d’euros engrangés par les géants de l’énergie ou de la pharmacie. Des multinationales qui n’ont comme seul ­horizon que la maximisation et la sécurisation de leurs profits.

 

« Contents », le billet de Maurice Ulrich.

 


Très belle soirée parisienne, en juillet. Challenges y revient en photos. C’était pour célébrer les 40 ans du magazine, détenu désormais à 40 % par LVMH et donc Bernard Arnault (pardon, encore lui), et fêter en même temps le grand succès de son 27e classement des fortunes de France avec, en tête, ben oui, lui (B. A.), avec 149 milliards à ce moment. Ils sont contents à Challenges car ce numéro a bénéficié, dit un article, d’une promotion exceptionnelle. François Ruffin, Adrien Quatennens, Fabien Roussel en ont même parlé à l’Assemblée! Larticle regrette un peu, toutefois, que ni « Les Républicains » ni la majorité ne s’en soient servis pour étayer la théorie du ruissellement pour le bien de tous. En fait, c’est que ce dernier a ruisselé à l’envers. À mille milliards, le total des 500fortunes citées a pratiquement doublé en un an. Sinon, ce numéro spécial de Challenges évoque l’état de la France en 2022, avec la contribution écrite par lui-même d’un commentateur de qualité de sa propre action, Emmanuel Macron. Il est assez content, aussi.

 

lundi 29 août 2022

« Objectif Fête de l’Humanité », l’éditorial de Sébastien Crépel.



On avait annoncé les universités d’été des partis de gauche sur l’air d’«une rentrée en ordre dispersé». Certains espéraient ainsi secrètement se rassurer en se persuadant que, non, décidément, rien na changé à gauche, et que lheure est toujours à la désunion désespérante, malgré la création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale aux élections législatives.

N’en déplaise aux Cassandre, le week-end passé a montré que la volonté d’unir les forces à gauche est plus forte que jamais, et qu’elle n’est pas contradictoire avec le débat et la vie propre de chaque formation. Mieux: la Nupes agit comme un levier puissant pour construire une unité plus large dans laction avec de nouvelles forces sociales, à linstar de la marche en gestation contre la vie chère. Taxation des superprofits, fonds climat-pouvoir d’achat: les propositions abondent.

De quoi mettre la pression sur la première ministre Élisabeth Borne, qui n’a pas découvert par hasard, ce week-end, les vertus de l’imposition du capital. Personne n’est dupe: cest du bout des lèvres quelle se résout, dans le Parisien-Aujourd’hui en France, à évoquer la possibilité d’une telle mesure… sans faire montre de la moindre volonté de la mettre en pratique. Aujourd’hui, c’est au Medef que la cheffe du gouvernement ne devrait pas manquer de donner des gages, en jurant qu’elle ne taxera jamais les patrons.

Mais la balle devrait revenir très vite dans le camp de la Nupes. C’est à la Fête de l’Humanité, du 9 au 11 septembre, que devrait se concrétiser le nouveau paysage unitaire de la gauche: aux côtés du Parti communiste, mobilisé comme chaque année pour bâtir cette ville éphémère qui prend ses quartiers au cœur de lEssonne, toutes les autres familles de la Nupes, socialistes, écologistes, insoumis, tiendront leur propre stand. Une première. De quoi déjouer les spéculations sur l’éclatement de la gauche. Et approfondir l’élan unitaire avec les syndicats et autres forces du mouvement social présents à la Fête, contre la vie chère, pour la justice sociale et climatique.

 

« Pourquoi ? », le billet de Maurice U lrich.



«Faire vivre un grand journal sans quil soit à la merci daucun groupe daffaires est un problème difficile mais non pas insoluble.» On le sait, ici, où les mots du premier éditorial de Jaurès sont toujours d’actualité dans un combat permanent du journal et de ses lecteurs. Mais c’est vrai. C’est très difficile. La preuve, le groupe LVMH de Bernard Arnault vient de remettre 65 millions d’euros dans les caisses du Parisien, dont il est l’actionnaire majoritaire. Ça coûte très cher, un journal. LVMH en contrôle deux. Les Échos, tournés vers le monde des affaires, les résultats du CAC 40, les dividendes versés aux actionnaires, les conseils de gestion des capitaux, d’optimisation fiscale, les bons placements du moment. Et le Parisien donc, très populaire, attentif aux simples gens, sachant même leur proposer des conseils, là aussi de gestion, de modération face à l’inflation et pour la planète. Comment avec le Smic éviter les gaspillages, faire pipi sous la douche… En 2018 Bernard Arnault avait déjà remis 83 millions dans le Parisien. On se demande bien pourquoi?

 

dimanche 28 août 2022

Télévision. Philippe Torreton : « Je suis client de ces grandes sagas » (Caroline Constant)



France 2 renoue avec la saga historique en diffusant Et la montagne fleurira. Cette fresque politique, sur la place des femmes dans la société, le respect de la nature et les violences du pouvoir, offre un rôle sur mesure à Philippe Torreton.

Année 1837. En voulant mettre à l’abri sa récolte de tilleul, Adélaïde (Anne Brochet) perd la vie dans un accident. Sa mort scelle le destin de son fils, Jean-Baptiste (Guillaume Arnault): son père, Sosthène (Philippe Torreton), installe sa nouvelle compagne, Séraphine, une prostituée (Hélène de Fougerolles), au domaine. Parce que Jean-Baptiste refuse ses avances, elle l’accuse de viol, et Sosthène le bat quasiment à mort. Jean-Baptiste trouve refuge chez sa tante, Blanche (Constance Dollé), de l’autre côté de la montagne. Il y apprend un nouveau métier, tombe amoureux, et surtout noue des relations avec les républicains, alors que Louis Napoléon Bonaparte ne va pas tarder à faire son coup d’État et réprimer férocement toute velléité de protestation dans un pays ravagé par le choléra. Une fresque éblouissante et terriblement contemporaine.

Vous incarnez un homme brutal, qui exile et déshérite son fils. Comment vous êtes-vous emparé de ce personnage?

Je n’ai jamais eu de problèmes à jouer les «pas gentils». En revanche, à la première lecture, jai été dérangé par le fait que Sosthène était à 100% un méchant. Il ny avait rien, pas un élément ou quelques paroles qui permettent de relativiser son parcours. Parce que des arrivistes comme lui, dans les campagnes, comme à la ville, il y en a légion. Des gens qui essaient d’avoir le bon domaine, de faire le bon mariage de façon un peu politique, et qui deviennent des maîtres tyranniques… Éléonore Faucher (la créatrice – NDLR) a ajouté quelques répliques qui permettent à ce bloc d’arrivisme et de frustrations d’avoir quelques petites failles. Et elle était convaincue, m’a-t-elle dit, que je mettrais de la nuance dans la façon de jouer Sosthène. Une fois que les changements ont été actés, j’ai accepté ce rôle avec plaisir, parce que je suis assez client de ces grandes séries qui mêlent l’histoire et le patrimoine.

 

D’autant qu’elle parle beaucoup de politique, de droits sociaux…

Oui, il y est question d’émancipation politique. On voit cette France agitée, ces révoltes, et les conditions de travail terribles de ce monde paysan.

Sosthène et sa compagne Séraphine sont des sortes de transfuges de classe, non?

Sans un accident de la vie, ces gens sont voués à ne rien posséder. Sosthène, s’il n’avait pas épousé Adélaïde (Anne Brochet), serait resté contremaître: un mec qui fait bien son boulot, sur qui on peut compter, mais qui naura que son salaire. Pareil pour Séraphine, prostituée. Donc, forcément, ce Sosthène a une quête de reconnaissance. Cette aspiration à accéder à son petit coin, à être un peu autonome, elle est légitime.

Il dit à son fils Jean-Baptiste que ses gouttes de sueur ont payé tout ce qu’il a mangé depuis l’enfance…

Et ce n’est pas une exagération de sa part. Il a vraiment optimisé le domaine. Sosthène, le film insiste dessus, est loin d’être un dilettante. Et il a sans doute été élevé très durement. Il a dû travailler dès 6 ou 7 ans, prendre des coups de sabot dans les fesses et de badine sur le dos, ne manger que lorsque la tâche était accomplie, dormir plus souvent sur la paille que dans un lit. Donc, forcément, devenu adulte, comme on ne voyait pas beaucoup de psys à l’époque, il perpétue ce qu’il connaît. Et le monde agricole lui-même est dur.

On le voit aujourd’hui d’ailleurs avec des difficultés économiques terribles, un assujettissement aux aléas climatiques. Et même quand tout va bien, ça reste compliqué. Surtout sans mécanisation. J’étais enfant à la fin des années 1960, au début des années 1970. Et je me souviens très bien de ma grand-mère transportant sur ses épaules deux énormes bidons de lait, matin et soir, à l’aide du joug qu’on mettait sur les paires de bœufs. C’est rude.

Dans le film, le rapport entre hier et aujourd’hui est flagrant, qu’il s’agisse de la place des femmes, des épidémies, du rapport à la terre…

Nous y pensions forcément pendant le tournage avec les protocoles Covid, alors que nous racontions une épidémie de choléra… Mais ce qui m’a surtout frappé, c’est que les domaines étaient alors en quête d’autosuffisance alimentaire: il fallait faire son pain, son cidre, son vin, les pâtés, les céréales, le fourrage et même lhuile avec de lolive, de la noix, loléagineux du coin. Et ça, cest dans les tuyaux en ce moment.

On devrait penser ainsi au niveau national et n’importer que ce que nous n’arrivons pas à produire nous-mêmes. Nous demander, devant chaque produit, si on peut le fabriquer, si nous avons l’équivalent en France. Et se lancer là-dedans corps et âme. À l’époque, c’était une nécessité absolue. Et ça va le redevenir.

Mon optimisme vient d’un constat pessimiste: de toute façon, on va y être obligés. Ce serait plus intelligent de commencer maintenant. Je vais jouer dailleurs une pièce, le 6 septembre, aux Bouffes du Nord, Lazzi, de Fabrice Melquiot, avec Vincent Garanger. Nos deux personnages sont des métaphores de l’humanité et des impasses dans lesquelles nous nous trouvons.

vendredi 26 août 2022

« La morgue et le devoir », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Emmanuel Macron n’a pas dit son dernier mot. En posture délicate à l’issue des législatives, le président a voulu frapper un grand coup et montrer qui est le chef. Qu’importe la forme. L’abondance, celle «des liquidités sans coût» (sic), c’est fini, a-t-il prévenu en Conseil des ministres. Les 10 millions de démunis, le cortège sans fin de travailleurs appauvris par des salaires misérables et l’inflation explosive apprécieront ces propos pétris de morgue et de suffisance. Sa déclaration de rentrée, qui ne visait aucunement les dirigeants du CAC 40 et leurs superprofits, donne la mesure de la dangerosité des projets macronistes.

Le locataire de l’Élysée s’est chargé en personne de préparer le terrain, avant la reprise de la session parlementaire. Il promet des lendemains qui pleurent. La réforme de l’assurance-chômage contient tous les ferments de la stigmatisation des sans-emploi qui se verront encore amputer de droits. On le sait, la réforme des retraites prévoit le rallongement de la durée de travail. Quant au budget 2023, que personne ne s’y trompe. Les effets d’annonces de cet été concernant quelques ministères n’avaient pour but que d’enrober la cure d’austérité en vue de repasser sous la barre des 3 % de déficit en 2027. Emmanuel Macron s’est bien gardé d’en prononcer le mot, c’est pourtant sa ligne maîtresse.

La guerre sociale est déclarée. Et la bataille a déjà commencé. Les différentes composantes de la Nupes, qui tiennent leur université ce week-end, sont face à une immense responsabilité. Alors que la Macronie affûte ses couteaux pour faire passer ses projets à ­l’Assemblée, grâce à l’appui de la droite et de l’extrême droite, elles ont la responsabilité de s’imposer comme la seule opposition crédible. Pour cela, elles devront convaincre de nouvelles consciences, celles-là mêmes qui ont fait défaut en juin pour renverser la table. C’est un devoir, à l’heure où la cherté de la vie plombe le quotidien d’une ­majorité de Français. Première étape de ce chantiertitanesque: la Fête de lHumanité où, pour la première fois, l’ensemble des forces de gauche ­seront présentes. C’est déjà là un signe salutaire.

« Communauté », le billet de Maurice Ulrich.



Pierre Guillet et Pierre de Lauzun, respectivement président et responsable de la commission d’économie et d’éthique des Entrepreneurs chrétiens, ont la foi, comme on peut s’en douter. Raison pour laquelle, sans doute, ils publient une tribune commune dans la presse économique, intitulée «Nous croyons à lentreprise au service du bien commun». Nous aussi à dire vrai, à la différence que, pour eux, cest déjà le cas. Dans cette période difficile et angoissante, écrivent-ils, «il est cependant une institution, ou plutôt un cadre de vie commune qui, non seulement, résiste mais voit plutôt la confiance en elle s’accroître: lentreprise». On n’y avait pas pensé, mais «cest une forme de communauté que les personnes connaissent et vivent, où elles peuvent agir et qui rend de grands services à tous». À quelques conditions quand même. C’est beau comme une image sainte et on doit probablement ces profondes pensées à une retraite spirituelle dans un monastère. Pas sûr que ça suffise pour y croire, allez, aux femmes de chambre des Ibis… La liste est ouverte.

 

jeudi 25 août 2022

« Le changement climatique nous frappe déjà », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Hmanité.



Canicules à répétition, sécheresses, incendies, fonte et effondrement de glaciers, aggravation des tempêtes, premiers réfugiés climatiques… Le changement climatique nous frappe déjà durement – et partout les classes populaires sont les plus touchées. Ses effets ne sont plus une perspective lointaine depuis plusieurs années. Pourquoi ce regain d’intérêt dans l’espace médiatique, après des campagnes électorales où le climat était quasi absent, alors qu’un dôme de chaleur avait frappé le Canada l’an dernier et que 3 milliards d’animaux ont été tués ou déplacés par les méga­feux en Australie? Parce quil est plus proche, plus tangible, donc plus pressant après l’été que nous venons de vivre. Les mégafeux partout en France et la pénurie deau courante dans 100 villes démontrent que nous ne serons pas épargnés. L’évidence qu’il n’y a qu’une seule Terre et que nous la partageons tous est devenue criante.

Malgré tout, le gouvernement ne semble toujours pas prêt à déployer les moyens nécessaires pour limiter le réchauffement et s’y adapter. Le président reconnaît l’urgence à agir, évoquant une «bascule» et annonçant «la fin de ce qui peut apparaître comme une abondance» à l’issue du Conseil des ministres du 24 août. Il reconnaît l’urgence dans ses propos, pour la nier ensuite par ses actes. La communication et les polémiques stériles alimentées par l’extrême droite semblent l’emporter sur l’impératif d’agir pour nos vies et la nature. Le changement climatique et, de manière tout aussi prégnante bien que moins médiatique, l’effondrement de la biodiversité ne souffrent aucun délai. Mais «labondance» qu’évoque le président ne concerne pas, et de très loin, tout le monde.

Il ne peut y avoir de lutte contre le changement climatique sans dépassement du capitalisme, sans sortir des griffes du marché les biens communs que sont l’eau et l’énergie, sans repenser nos moyens de production, de consommation et de transport. L’urgence environnementale, le respect du vivant, la justice sociale et les biens communs doivent au contraire guider toute action politique. Le communisme est seul à même de répondre à ce défi majeur.