vendredi 26 août 2022

« La morgue et le devoir », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Emmanuel Macron n’a pas dit son dernier mot. En posture délicate à l’issue des législatives, le président a voulu frapper un grand coup et montrer qui est le chef. Qu’importe la forme. L’abondance, celle «des liquidités sans coût» (sic), c’est fini, a-t-il prévenu en Conseil des ministres. Les 10 millions de démunis, le cortège sans fin de travailleurs appauvris par des salaires misérables et l’inflation explosive apprécieront ces propos pétris de morgue et de suffisance. Sa déclaration de rentrée, qui ne visait aucunement les dirigeants du CAC 40 et leurs superprofits, donne la mesure de la dangerosité des projets macronistes.

Le locataire de l’Élysée s’est chargé en personne de préparer le terrain, avant la reprise de la session parlementaire. Il promet des lendemains qui pleurent. La réforme de l’assurance-chômage contient tous les ferments de la stigmatisation des sans-emploi qui se verront encore amputer de droits. On le sait, la réforme des retraites prévoit le rallongement de la durée de travail. Quant au budget 2023, que personne ne s’y trompe. Les effets d’annonces de cet été concernant quelques ministères n’avaient pour but que d’enrober la cure d’austérité en vue de repasser sous la barre des 3 % de déficit en 2027. Emmanuel Macron s’est bien gardé d’en prononcer le mot, c’est pourtant sa ligne maîtresse.

La guerre sociale est déclarée. Et la bataille a déjà commencé. Les différentes composantes de la Nupes, qui tiennent leur université ce week-end, sont face à une immense responsabilité. Alors que la Macronie affûte ses couteaux pour faire passer ses projets à ­l’Assemblée, grâce à l’appui de la droite et de l’extrême droite, elles ont la responsabilité de s’imposer comme la seule opposition crédible. Pour cela, elles devront convaincre de nouvelles consciences, celles-là mêmes qui ont fait défaut en juin pour renverser la table. C’est un devoir, à l’heure où la cherté de la vie plombe le quotidien d’une ­majorité de Français. Première étape de ce chantiertitanesque: la Fête de lHumanité où, pour la première fois, l’ensemble des forces de gauche ­seront présentes. C’est déjà là un signe salutaire.

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