jeudi 4 novembre 2021

« Dégénération Z », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité



C’est un retour de bâton qui symbolise parfaitement le clair-obscur du moment, à quelques mois d’un rendez-vous démocratique majeur. Alors qu’une révolution féministe est en train de secouer les fondations du système patriarcal, un triste sire d’extrême droite, masculiniste jusqu’à la nausée, pas encore candidat mais dont les sondages le placent déjà aux portes du second tour, mène tranquillement sa guerre préventive contre l’égalité. Accusé de harcèlement et violences sexuelles, ce fils malade du patriarcat se vautre dans la culture du viol, fustige « le cerveau archaïque des femmes » et remet en cause le droit à l’IVG. On vous épargnera ici la somme d’inepties et poncifs édifiants compilés dans son essai le Premier Sexe. Le délinquant multi­récidiviste se targue de lire un chapitre de Stendhal chaque soir… On ne saurait que trop lui conseiller De l’amour, dans lequel son prétendu auteur fétiche écrit ceci : « L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain. »

Ce guignol de Bolloré incarne à lui seul la contre-offensive à la lame de fond #MeToo et l’illusion de « l’égalité-déjà-là », qui ne résiste pas à l’épreuve des faits : depuis mercredi, 9 h 22, les femmes « travaillent gratuitement ». En 2021, l’inégalité salariale s’est encore creusée avec un écart de 16,5 %La moitié des femmes actives restent cantonnées dans seulement 12 des 85 catégories socio­professionnelles répertoriées par l’Insee : femmes de ménage, caissières, vendeuses, infirmières, aidantes… des métiers précaires, de bas salaires, une maigre retraite à la clé. Rien qu’en France, une femme meurt encore tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Une sur trois est victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Chaque année, 94 000 Françaises sont victimes de viol ou de tentative de viol. Voilà les vrais sujets qui pourraient s’imposer dans la campagne présidentielle, loin des fantasmes nauséabonds qui polluent le débat public.

 

1 commentaire:

  1. On peut également mesurer le retard des salaires féminins sur ceux des hommes en regardant ce qui se passe dans les professions fortement féminisées. Dans l'enseignement c'est le cas et les salaires de tous sont très dévalorisés. Les femmes entrainent les hommes vers le bas.

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