C’est un retour de bâton qui symbolise parfaitement le clair-obscur du
moment, à quelques mois d’un rendez-vous démocratique majeur. Alors qu’une
révolution féministe est en train de secouer les fondations du système
patriarcal, un triste sire d’extrême droite, masculiniste jusqu’à la nausée,
pas encore candidat mais dont les sondages le placent déjà aux portes du second
tour, mène tranquillement sa guerre préventive contre l’égalité. Accusé de
harcèlement et violences sexuelles, ce fils malade du patriarcat se vautre dans
la culture du viol, fustige « le cerveau archaïque des femmes » et
remet en cause le droit à l’IVG. On vous épargnera ici la somme d’inepties et
poncifs édifiants compilés dans son essai le Premier Sexe. Le
délinquant multirécidiviste se targue de lire un chapitre de Stendhal chaque
soir… On ne saurait que trop lui conseiller De l’amour, dans lequel
son prétendu auteur fétiche écrit ceci : « L’admission des femmes à
l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation et elle
doublerait les forces intellectuelles du genre humain. »
Ce guignol de Bolloré
incarne à lui seul la contre-offensive à la lame de fond #MeToo et l’illusion
de « l’égalité-déjà-là », qui ne résiste pas à l’épreuve des faits : depuis
mercredi, 9 h 22, les femmes « travaillent gratuitement ». En 2021,
l’inégalité salariale s’est encore creusée avec un écart de 16,5 %. La
moitié des femmes actives restent cantonnées dans seulement 12 des
85 catégories socioprofessionnelles répertoriées par l’Insee : femmes de
ménage, caissières, vendeuses, infirmières, aidantes… des métiers précaires, de
bas salaires, une maigre retraite à la clé. Rien qu’en France, une femme meurt
encore tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Une sur trois est
victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Chaque année, 94 000
Françaises sont victimes de viol ou de tentative de viol. Voilà les vrais
sujets qui pourraient s’imposer dans la campagne présidentielle, loin des
fantasmes nauséabonds qui polluent le débat public.
On peut également mesurer le retard des salaires féminins sur ceux des hommes en regardant ce qui se passe dans les professions fortement féminisées. Dans l'enseignement c'est le cas et les salaires de tous sont très dévalorisés. Les femmes entrainent les hommes vers le bas.
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