Ce titre d’une brochure des situationnistes des années 1960 résonne d’une
manière terriblement concrète. En 2021, en France, la misère des étudiants se
voit dans leurs assiettes. Selon une mission d’information du Sénat présidée
par le communiste Pierre Ouzoulias, la moitié d’entre eux connaissent la faim.
La pandémie a eu un effet révélateur et amplificateur de ce qu’il faut bien
appeler la grande misère étudiante. Car cela fait des années que les étudiants
galèrent et sont obligés de se salarier pour pouvoir étudier et souvent
échouer.
La fin des petits boulots a rendu criant le manque d’investissement dans
l’aide sociale étudiante. La sous-dotation en cité universitaire, le manque de
restaurant universitaire, le peu de bourses et l’indécence de la faiblesse de
leur montant… La massification de l’enseignement supérieur, qui aurait pu être
une chance pour la jeunesse et pour l’ensemble de la société, est devenue un
parcours du combattant. Avec au bout du chemin l’échec. Depuis des années, les
gouvernements successifs voient dans l’enseignement supérieur un secteur à
libéraliser et à rentabiliser : autonomie des établissements, concurrence entre
universités, sélection renforcée, filières d’élite mais aussi privatisation de
la restauration, de la santé et du logement étudiant. À quoi bon proposer des
repas à un euro quand il n’y a pas assez de RU pour les servir, surtout quand,
dans le même temps, il faut faire face à des dépenses contraintes
supplémentaires comme les masques chirurgicaux et le gel hydroalcoolique.
Sans surprise ce sont
les étudiants étrangers et les jeunes femmes les plus touchées par cette
pauvreté. Les étudiantes, dont certaines sont réduites à choisir entre acheter
des protections périodiques ou se nourrir. Il faut des mesures urgentes pour sortir
les étudiants de cette grande précarité. Et les propositions ne manquent pas :
étendre le RSA aux moins de 25 ans, mettre en place un revenu étudiant...
Mais il faut surtout investir massivement dans l’enseignement supérieur pour
qu’enfin révisions ne rime plus avec privations.
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