mercredi 3 novembre 2021

« De la misère en milieu étudiant », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.

 


Ce titre d’une brochure des situationnistes des années 1960 résonne d’une manière terriblement concrète. En 2021, en France, la misère des étudiants se voit dans leurs assiettes. Selon une mission d’information du Sénat présidée par le communiste Pierre Ouzoulias, la moitié d’entre eux connaissent la faim. La pandémie a eu un effet révélateur et amplificateur de ce qu’il faut bien appeler la grande misère étudiante. Car cela fait des années que les étudiants galèrent et sont obligés de se salarier pour pouvoir étudier et souvent échouer.

La fin des petits boulots a rendu criant le manque d’investissement dans l’aide sociale étudiante. La sous-dotation en cité universitaire, le manque de restaurant universitaire, le peu de bourses et l’indécence de la faiblesse de leur montant… La massification de l’enseignement supérieur, qui aurait pu être une chance pour la jeunesse et pour l’ensemble de la société, est devenue un parcours du combattant. Avec au bout du chemin l’échec. Depuis des années, les gouvernements successifs voient dans l’enseignement supérieur un secteur à libéraliser et à rentabiliser : autonomie des établissements, concurrence entre universités, sélection renforcée, filières d’élite mais aussi privatisation de la restauration, de la santé et du logement étudiant. À quoi bon proposer des repas à un euro quand il n’y a pas assez de RU pour les servir, surtout quand, dans le même temps, il faut faire face à des dépenses contraintes supplémentaires comme les masques chirurgicaux et le gel hydroalcoolique.

Sans surprise ce sont les étudiants étrangers et les jeunes femmes les plus touchées par cette pauvreté. Les étudiantes, dont certaines sont réduites à choisir entre acheter des protections périodiques ou se nourrir. Il faut des mesures urgentes pour sortir les étudiants de cette grande précarité. Et les propositions ne manquent pas : étendre le RSA aux moins de 25 ans, mettre en place un revenu étudiant... Mais il faut surtout investir massivement dans l’enseignement supérieur pour qu’enfin révisions ne rime plus avec privations.

 

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