L'icône de la chanson française Juliette Gréco, célèbre aussi pour son interprétation de Belphégor à la télévision, est décédée mercredi à l'âge de 93 ans, a annoncé sa famille. "Juliette Gréco s'est éteinte ce mercredi 23 septembre 2020 entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle. Sa vie fut hors du commun", a indiqué la famille dans un texte transmis à l'AFP.
Nous reviendrons longuement sur la carrière de cette immense artiste.
Voilà ce qu'écrivait Victor hache à son propos à l'occasion d'un
documentaire diffusé en 2015. PORTRAIT.
Bien sûr il y a des blessures, celles de
l'enfance. Juliette entretenait des rapports complexes avec sa mère : «
Je suis une enfant pas du tout désiré » raconte-t-elle. Elle n’était
pas faite pour l’amour maternel lui demande-t-on? «Non. Elle était
faite pour l’armée, pour le combat, pour l’héroïsme, sans savoir que les mères
de famille, elles, sont héroïques aussi. C’est une mère absente ».
A la Maison d’arrêt de Fresnes
Enfant, Juliette était timide, toujours
dans son monde et parlait peu. Elle rêvait de devenir danseuse : « Je
suis entrée à l’Opéra comme rat ! » sourit-elle. Ses parents étant
séparés, élevée avec sa sœur aînée Charlotte par ses grands-parents
maternels près de Bordeaux, elle se souvient de l’amour de sa grand-mère et de
son grand-père pour qui elle avait une immense affection: « C’était un
homme généreux, un homme tendre. Je comptais sur lui tout le temps. Le jour où
il est parti, il a emporté mon enfance avec lui ».
En 1939, c’est la guerre et sa mère
s’engage dans la Résistance. Elle sera arrêtée en 1943 ainsi que sa sœur,
puis déportées dans les camps de Ravensbrück, dont elles ne reviendront
qu’en 1945, tandis que Juliette, en raison de son jeune âge, sera envoyée
à la Maison d’arrêt de Fresnes. A sa sortie, elle a 16 ans. Seule et sans
argent, elle trouve refuge auprès d’une amie de sa mère, la
comédienne Hélène Duc qui avait été sa professeur de Français à Bergerac.
Une période où elle va suivre des cours de théâtre, sans même imaginer qu’elle
deviendrait chanteuse un jour.
Tous rêvent d’écrire pour elle
A la Libération, à Paris, c’est
l’effervescence et avec elle l’envie de la jeunesse de se sentir vivre.
Juliette découvre le bouillonnement culturel de la rive gauche et fréquente le
Café de Flore, les deux Magots et les nombreux cabarets de
Saint-Germain. Cheveux longs, frange au carré, pull et pantalon noirs,
elle fascine par son allure, sa manière originale et hors normes de se
comporter. Charles Trenet, Léo Ferré, Georges Brassens,
Jacques Brel… tous rêvent d’écrire pour elle. A l’image de
Serge Gainsbourg qui lui offre la chanson «La
javanaise». Elle chantera aussi la sensuelle et provocante
«Déshabillez-moi», titre phare de son répertoire écrit en 1967 par
Robert Nyel et Gaby Verlor, qu’elle continue
d’interpréter avec humour : « Je trouve ça marrant et qui plus est, ça
me donne l’impression à moi, d’être tranquillement impudique ».
Mon métier, c’est interprète de luxe !
Vous étiez coquine
remarque Stéphane Bern, « Moi ? Je ne suis pas coquine, je
suis infernale ! ». Tour à tour, amante, maitresse et éternelle
amoureuse, à 19 ans, elle rencontre le champion automobile
Jean-Pierre Wimille, qui se tuera quelques temps après lors d’une course
en Argentine. Elle partagera la vie du comédien
Philippe Lemaire avec qui elle aura une fille Laurence, du Jazzman
Miles Davis, du producteur américain Darryl Zanuck qui lui donna les
plus beaux rôles au cinéma aux Etats-Unis, de l’acteur Michel Piccoli et
connut une amitié très complice avec Françoise Sagan. Marié avec
l’ancien pianiste de Jacques Brel, Gérard Jouannest, son
partenaire de scène depuis 47 ans, elle n’a jamais cessé, depuis ses débuts au
cabaret Le Bœuf sur le toit, de vouloir servir les textes des plus
grands auteurs, de Jean-Paul Sartre, Merleau-Ponty à
Jacques Prévert ou Boris Vian. « Mon métier, c’est
interprète de luxe ! » s’amuse celle qui s’est toujours considérée
comme la «servante» des mots des autres.
Un dernier tour de chant
Libre, rebelle, femme engagée et
magnifique interprète, après 70 ans de scène, elle a entamé une tournée
d’adieux baptisée «Merci». Merci à son public, à la poésie, à la
chanson, à l’amour et au miel de la vie. Un dernier tour de chant commencé au
printemps 2015 qui se poursuivra en 2016 avec plusieurs grands rendez-vous, à
l’Auditorium du Louvre (5 et 6 février), au Théâtre de la Ville à Paris (7
février), au Casino de Paris (17 avril) mais aussi au Japon ou à Londres
en juin. Chapeau et respect Juliette ! "
En 2015 elle était sur la grande scène de
la Fête de l'Humanité. Elle nous avait donné un entretien.
Juliette Gréco a été magnifique et bouleversante sur
la Grande Scène de la Fête de l’Humanité. Un récital qui a rassemblé des
milliers de gens émus de voir la chanteuse faire ses adieux à la scène. Un
grand moment chargé en émotion qui restera gravé dans nos cœurs.
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