À chaque réforme des retraites, c’est la même
histoire. Celle de la der des ders, qui va accomplir ce que les précédentes
réformes n’ont prétendument pas fait, alors qu’elles nous avaient pourtant été
vendues pour cela : redresser les comptes pour « sauver » le
système par répartition, et mettre pour longtemps nos retraites à l’abri des
vents mauvais. On peut ouvrir les paris : cette réforme, comme celles d’hier, ne
sera sûrement pas la dernière. Après elle en viendra une autre, plus antisociale encore.
Elle est déjà en discussion : il suffit de prêter l’oreille à ce qui se murmure sur les bancs de la droite au Sénat, et de lire entre les lignes de ses amendements.
De quoi est-il question ? De tout ce que, cette fois, le gouvernement n’aura pas accepté d’inclure dans son projet.
Prenons les régimes dits spéciaux. Leur suppression a
bien été ratifiée une première fois par les députés – c’est même le seul
article qu’ils ont voté – mais les sénateurs LR en demandent plus : ils
veulent abroger la « clause du grand-père », cette
disposition selon laquelle les salariés déjà embauchés gardent le bénéfice des
régimes auxquels ils ont cotisé. En réalité, cette « clause » a tout du
trompe-l’œil pour acheter la paix sociale – sans y parvenir, les salariés des dits régimes n’étant pas dupes du tout.
L’argument des jusqu’au-boutistes libéraux coule de source : comment, s’étranglent les sénateurs LR, les salariés d’une même
profession cotiseront à deux systèmes différents pendant 43 ans, le
temps que les derniers affiliés à ces régimes aient achevé leur carrière ? Quelle
usine à gaz !
Voilà pourquoi il ne faut pas toucher à l’écheveau du
gouvernement : en tirant, c’est la
pelote entière qui se dévide. Que la droite n’obtienne pas
gain de cause sur tout lui importe peu, ses élus prennent date. Ils n’oublient pas qu’ils ont fait campagne pour la
retraite à 65 ans. Cette réforme est pour eux la boîte de Pandore. Si elle
passe, la voie sera ouverte pour la suivante. Si elle est stoppée, c’est non
seulement Emmanuel Macron, mais aussi tous ceux qui préparent le mauvais coup
d’après qui seront en échec.