jeudi 2 mars 2023

« Les dix plaies d’Égypte », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Le gouvernement serait-il pris de panique? Il est vrai quavec larrivée de la réforme des retraites au Sénat, lexécutif est coincé entre plusieurs marteaux et plusieurs enclumes. La droite, qui domine la Chambre haute, veut faire adopter des amendements pour alléger la régression pour les «mères» (pas les femmes, donc). Mais les députés de droite, dont il s’agira ensuite de s’assurer les voix pour faire voter la loi à l’Assemblée, préfèrent axer leurs revendications sur les carrières longues. Si le gouvernement cède aux deux, les économies que permettrait la réforme, dont ses promoteurs peinent déjà à convaincre de l’utilité, deviendraient faméliques au regard des efforts demandés aux salariés. Casse-tête en vue.

La droite sénatoriale a également fait, depuis longtemps, de la fin des régimes dits «spéciaux» un cheval de bataille. Elle voudrait donc accélérer leur suppression. Si le gouvernement accepte ce recul supplémentaire, cela reviendrait à rompre le contrat passé avec les salariés concernés au beau milieu de leur carrière. De quoi alimenter légitimement la colère dans des secteurs stratégiques en vue du blocage du pays prévu à partir du 7 mars. Nouveau casse-tête.

Voilà donc l’exécutif otage des droites et sous la pression de salariés massivement opposés à la réforme. De quoi faire perdre les pédales au porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Celui-ci n’a pas hésité à déclarer que, dans un contexte de sécheresse, bloquer le pays serait «prendre le risque dune catastrophe écologique, agricole ou sanitaire». Que, face au papillomavirus, ce serait «négliger la santé de nos enfants» ou qu’avec l’inflation, on risquerait d’ «alourdir une facture déjà salée». Rien que ça. «Faites grève et les dix plaies d’Égypte sabattront sur la France», nous dit-il en substance. On se souvient qu’en 2005, lors du débat sur le traité constitutionnel européen, certains n’hésitaient pas à promettre une sorte d’apocalypse en cas de victoire du non. Cette panique est un signe que la victoire du mouvement social est possible.

 

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