Alors qu’Emmanuel Macron entame une tournée africaine
en annonçant vouloir faire du neuf tout en activant les vieilles recettes de la
Françafrique – s’adapter pour perdurer, en somme –, l’explosif projet
de loi sur les retraites est désormais en discussion au Sénat. Entre vacances
et rentrée scolaire, le pays, en état d’extrême tension, semble comme suspendu
dans l’attente des jours prochains, à la manière d’une sorte de « trêve » durant laquelle chacun retient son souffle pour mieux
préparer le retour de la grande bataille. Une date occupe
déjà tous les esprits : le 7 mars.
Ce jour-là, les mobilisations devraient prendre une
tout autre forme et sans doute s’installer dans la durée. Des transports au
secteur de l’énergie (raffineurs, EDF, etc.), la volonté de « bloquer le
pays » n’est pas qu’un affichage, mais bien une réalité sous la forme de grèves reconductibles, d’ores et déjà annoncées çà et là. Ainsi, à la SNCF, l’ensemble des
syndicats appellent à l’action dès le 7 mars. Nous connaissions la
position de la CGT cheminots et de SUD rail. L’Unsa ferroviaire et la CFDT
attendaient de consulter leurs adhérents. Les résultats de « la base » sont sans appel : plus de 80 % d’avis favorables ! Tous les cheminots rejoignent donc les grévistes de la RATP, qui avaient déjà annoncé,
mi-février, participé au durcissement du combat.
Rien n’est écrit à l’avance. Mais l’affaire risque de
se compliquer pour le couple Macron-Borne. D’autant que les sondages ne
montrent aucun essoufflement, bien au contraire. Dans la dernière livraison de
l’Ifop, seules 10 % des personnes interrogées se déclaraient « tout à fait
favorables » à la réforme. Du
jamais-vu ! L’exécutif a définitivement perdu la bataille de l’opinion. L’ampleur du mouvement de contestation nous prouve par ailleurs que la lutte
sociale, quand elle redevient centrale, modifie le paysage et instaure en
profondeur un nouveau rapport de forces. Toucher aux retraites a joué en point
d’accroche, révélant une colère fondamentale et légitime : l’inaltérable
exigence d’égalité, celle qui secoue les citoyens et élève les
consciences. À rebours de l’histoire, Macron et ses premiers de cordée ont osé
envoyer un message mortifère aux générations futures : « Après nous, le déluge ! » Le rejet
des Français est à la hauteur de ce mépris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire