Vingt-huit heures d’échanges houleux. Et le constat
affligeant d’une majorité aussi entêtée qu’empêtrée dans ses contradictions. Le
premier round parlementaire sur le financement de la réforme des retraites,
mercredi, en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, a eu,
au moins, cette vertu éclairante. Celle d’opposer deux visions de société.
L’une, défendue par les députés de la Nupes, visant à stimuler les recettes
pour répondre aux besoins de la population. L’autre, portée à l’unisson par les
macronistes et LR, misant sur la restriction des dépenses, via le report de
l’âge de départ, sans jamais toucher aux recettes. Résultat ? Tous les
amendements sur la taxation des fonds de pension, des dividendes, des retraites
chapeaux ou encore des superprofits ont été balayés gaiement par la majorité
présidentielle. Avec elle, le capital peut dormir tranquille. Et les millions
de travailleurs se préparer à trimer plus longtemps.
Non contents de câliner la finance, certains députés
macronistes ont tenté une stratégie à front renversé. Leur refus de taxer
le capital ? Ce serait, à les
entendre, une manière de défendre le système par répartition et son financement assis sur les
cotisations, et non les impôts avec lesquels la gauche voudrait assommer les Français…
Rhétorique sacrément gonflée. Surtout venant de la part d’élus macronistes
qui multiplient, depuis deux mandats, les exonérations desdites cotisations
sociales au profit des grandes entreprises. Montant en 2022 : 75 milliards d’euros ! Auxquels va s’ajouter – votée cet
automne – la disparition de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, soit encore 8 milliards d’euros de manque à gagner pour
la Sécu…
Derrière les mots doux sur notre système solidaire de
retraite, le camp présidentiel avance masqué. Et mène, en vérité, une politique
de la caisse vide. Un assèchement qui répond aux injonctions de baisse des
dépenses publiques exigées par la Commission européenne. Et ouvre grand la
porte aux financements privés par capitalisation proposés par les groupes
banquiers. Une vision de société qui se joue aussi dans cette lutte pour les
retraites.
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