De manipulations en mensonges, le gouvernement n’en
finit plus de s’embourber dans sa réforme des retraites. Après le faux nez de
la « faillite » du système, c’est désormais l’argument des
soi-disant « contreparties » qui part en fumée. Dont
la première d’entre elles, ces fameux 1 200 euros « garantis pour tous les retraités ». Empêtré jusqu’au cou dans ses approximations et
autres éléments de langage, l’exécutif – et son ministre du Travail, Olivier
Dussopt, en tête – a dû finir par reconnaître que tout cela n’était qu’un
mirage marketing. Au final, seuls 40 000 des 800 000 nouveaux
retraités chaque année pourront bénéficier à plein de cette mesure. Mesure qui, par ailleurs, contrairement aux
arguties de la minorité présidentielle, laissera toujours sous le seuil de 85 % du Smic
des millions de retraités actuels…
L’entourloupe est monumentale. Et on se creuse la tête
pour trouver trace, dans l’histoire parlementaire récente, d’une telle
opération de camouflage autour d’un texte de loi. Cette pathétique entreprise
de dissimulation en bande organisée marquera au fer rouge les mandats
d’Emmanuel Macron. Son « en même temps » se voulait symbole de conciliation. En réalité,
il n’est que l’expression d’une duplicité de tous les instants. Il y a le
discours de façade et les actes en coulisse. Un perpétuel double langage
destiné à rouler dans la farine des Français moins dupes que jamais. Au profit
d’une minorité ultrafavorisée. Au mépris du débat éclairé et d’une certaine
idée de la démocratie. Le déni et le dédain.
Cet épisode navrant devrait à lui seul obliger le
gouvernement à tirer un trait sur cette réforme inégalitaire et malhonnête,
dont l’Assemblée nationale, contrainte par un calendrier expéditif, n’a même
pas eu le temps d’étudier la moitié des articles. Mais ne rêvons pas. La
présidence jupitérienne, tout à ses petits calculs budgétaires, s’accommode mal
de ce genre de prise de conscience. Son unique horizon demeure les tractations
avec les parlementaires LR ou, s’il le faut, un énième 49.3. Seule une pression
populaire amplifiée, comme celle qui s’est exprimée encore ce jeudi dans les
rues, est à même de contrarier les plans macronistes. Et d’en finir avec ses
barbouzeries législatives.
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