Ce n’est pas parce que les banques centrales, dont la
Banque centrale européenne (BCE), mettent en garde contre les risques des
augmentations de salaires en invitant les entreprises à la modération qu’il faudrait
parler de lutte des classes ou on ne sait quoi encore… Non, c’est technique.
C’est juste parce que des hausses des salaires motivées par l’inflation
pourraient enclencher une boucle dommageable à « l’économie ». On ne dit
pas au capital, ce serait mal vu. Sauf que les employés de ces mêmes banques centrales mesurent eux aussi les effets de l’inflation sur leur pouvoir d’achat et ne l’entendent pas vraiment de cette oreille.
Les augmentations de salaires, en revanche, ça leur parle. Et, à la BCE, les
deux tiers d’entre eux en sont à perdre confiance dans l’institution. D’où une
hausse annoncée des salaires pour 2023 de 4 %. Ce n’est même pas un
rattrapage. Mais, pour donner l’exemple, la présidente de la BCE, Christine
Lagarde, ne s’accordera elle-même que 4,1 %. Sur un salaire d’environ
400 000 euros, ça ne fait jamais que 16 000 euros. C’est
modéré.
jeudi 2 février 2023
« Modération », le billet de Maurice Ulrich.
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