jeudi 2 février 2023

« Les femmes en première ligne », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



«Une réforme plus juste pour les femmes.» Il fallait voir les ministres défiler avec arrogance sur les plateaux pour nous vanter le caractère féministe de leur projet. La vérité des prix est tombée le 23 janvier, mise en lumière par une étude dimpact aux conclusions sans appel: la majorité des économies visées sur les retraites vont peser sur les femmes. Non seulement cette prétendue réforme ne propose rien pour réduire les inégalités de pensions, mais elle risque de les creuser en allongeant la durée de cotisation.

En cause, notamment, le dispositif de majoration de durée d’assurance (MDA), liée aux naissances d’enfants, qui visait à réduire les inégalités de genre. Un grand nombre de femmes qui auraient dû partir à la retraite à 62 ans grâce à une validation de trimestres liée aux naissances de leurs enfants vont devoir attendre 64 ans, si bien que tout ou partie de leur MDA ne leur sera plus d’aucune utilité.

L’heure de la retraite est souvent celle des comptes, et ils sont rarement favorables aux femmes, reflet des inégalités de salaires, de carrières, du temps partiel qu’elles subissent tout au long de leur vie active. Elles touchent des pensions inférieures de 40 % en moyenne à celles des hommes ! Aujourd’hui, 20 % d’entre elles attendent d’avoir 67 ans pour prendre leur retraite «à taux plein» et échapper à la décote, contre 10 % de leurs collègues masculins. «Nous ne pouvons pas demander à notre système de retraite de réparer les inégalités de carrières accumulées tout au long de la vie», a osé Olivier Dussopt, contraint d’admettre l’évidence, comme l’avait concédé un autre ministre, Franck Riester, en confirmant finalement que «  les femmes sont un peu pénalisées par le report de l’âge légal, on n’en disconvient absolument pas». Si: ils expliquaient le contraire la semaine précédente.

Ces contorsions grotesques discréditent une majorité qui, de mensonges en facéties, a déjà échoué à convaincre les Français, toujours plus nombreux à s’opposer à leur projet. Les Rosies ont fait leur grand retour dans les cortèges des manifestations, démontrant combien les enjeux féministes se sont intégrés, visibles et mobilisateurs, aux mouvements sociaux. 

 

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