lundi 13 février 2023

« La rue et les urnes », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



LE MOUVEMENT SOCIAL A GAGNÉ LA PREMIÈRE BATAILLE, CELLE DE L’OPINION. 70 % DES FRANÇAIS RESTENT OPPOSÉS À CE PROJET.

Sommés par l’Élysée de se faire rares dans les médias pour éviter toute bourde supplémentaire, les macronistes peinent à ferrailler dans l’hémicycle de l’Assemblée, ne disposant que de deux arguments d’autorité dans leur boîte à outils: «la réforme ou la faillite» et «ce nest pas la rue qui gouverne». Dune folle originalité, donc. De Pompidou à Raffarin, de Valls à Sarkozy, cette ineptie, frappée au coin du bon sens d’un pouvoir qui bute sur la volonté du peuple de ne pas se laisser dépouiller de ses droits , fait des émules en Macronie. Avec des variantes: «Ce nest pas la rue qui fait la loi.» Le Parlement non plus, d’ailleurs, ne fait plus la loi, entre 49.3 et recours aux ordonnances. Alors qui?

Le monarque républicain bien sûr, enorgueilli du suffrage universel, qui explique aux opposants à sa «réforme» des retraites quil faut «respecter la démocratie». Mais celle-ci nest rien sans la rue, cette Agora où tant de fois depuis la Révolution, le peuple français a battu le pavé pour conquérir sa souveraineté. Comme il ny a pas de République sans justice sociale, il ny a pas de démocratie sans participation continue des citoyens.

Le soir de son élection face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron affirmait ceci: «Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Et je veux ici les remercier et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir.» Nous y sommes, moins d’un an après une élection où seuls 20 % des inscrits ont choisi de voter pour son programme.

Oui, ce vote «loblige» et le président serait bien inspiré de sen souvenir. Le pari de la mobilisation de samedi, qui a permis d’élargir encore les cortèges, est réussi. Le mouvement social a gagné la première bataille, celle de lopinion. 70 % des Français restent opposés à ce projet. Emmanuel Macron en appelait à «lesprit de responsabilité» des syndicats. C’est aux manifestants désormais d’appeler le locataire de l’Élysée à retrouver la raison… et la mémoire. Avant le 7 mars.

 

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