À défaut d’une carrière politique, Olivier Véran, le
porte-parole du gouvernement, aurait pu s’essayer à la mise en scène. Il l’a
fait en commentant la journée de mobilisation de ce jeudi à l’issue, mercredi,
du Conseil des ministres où, à l’évidence, avait été mis au point le texte à
suivre avec ce qu’on appelle les éléments de langage. «On ne confond
pas manifestation et droit de grève avec blocage. Ce qu’on ne veut pas, c’est
que des Français qui n’ont rien demandé à personne se retrouvent dans
l’incapacité d’aller travailler, d’amener leurs enfants à l’école, de se
déplacer.» Voilà donc sortis du chapeau «des Français qui
n’ont rien demandé à personne». Ce qui ressort de tous les sondages, c’est
qu’il y a, en revanche, une large majorité de Françaises et de Français qui
n’ont certainement pas demandé une prétendue réforme des retraites qui n’est
pas autre chose qu’une régression sociale majeure.
VOILÀ DONC SORTIS DU CHAPEAU «DES FRANÇAIS QUI N’ONT RIEN DEMANDÉ À
PERSONNE»
Mais le gouvernement, par la voix d’Olivier Véran, ne
s’en tient pas là. «On ne veut pas qu’il y ait des mouvements avec de
la casse», a-t-il également déclaré. Bien sûr. Et il ne faudrait surtout
pas donner des idées à ceux qui y songent!
Ce que traduisent ces propos, c’est plus qu’un déni de
réalité, c’est la volonté de poursuivre et de passer en force, contre les
forces syndicales rassemblées, contre les forces de gauche, avec la complicité
de LR, contre la majorité du pays, en rejetant toute alternative. Un débat
national en profondeur est pourtant possible, d’autres pistes existent pour un
financement équilibré des retraites pour lequel, en plus, il n’y a pas
d’urgence. Mais le président de la République et son gouvernement, au prix
d’une crise sociale majeure, veulent une victoire sociale, économique et
idéologique. Sociale, c’est évident. Économique car derrière la «réforme», les
régimes privés se tiennent prêts au partage du gâteau qui leur échappe encore.
Idéologique car il s’agit de remettre en cause la notion même de progrès
social. C’est tout cela qui est en jeu aujourd’hui, et ce n’est pas de la mise
en scène.
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