« Les chiens de garde de la Macronie », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité

Le gouvernement n’arrive pas à « convaincre ». Il n’y parviendra pas plus demain qu’aujourd’hui. Les macronistes ont beau se débattre comme de beaux diables pour «  faire œuvre de pédagogie  », leur mantra, près de deux tiers des Français sont opposés au report de l’âge légal de départ à la retraite. Mais cette pratique condescendante, consistant à prendre les Français pour des veaux, pourrait se retourner contre le pouvoir.

Les grands mouvements sociaux sont aussi de grands moments d’éducation populaire, pendant lesquels le débat public n’est plus confisqué par la hargne technocrate et sa batterie d’arguments d’autorité. Chacun des reculs sociaux imposés par le pouvoir macroniste est systématiquement présenté comme «  indispensable et vital  ». Mais les faits sont là, têtus, comme nous le démontrons tous les jours dans ces colonnes  : non, cette pseudo-«  réforme  » n’est pas la solution pour garantir l’avenir de notre système de retraite. Oui, de nombreuses autres propositions existent pour le financer et l’améliorer. Et puis, quelle crédibilité accorder aux arguties de la majorité quand nombre de ses membres étaient auparavant farouchement opposés au report de l’âge légal? C’est même le cas du ministre du Travail, le contorsionniste en chef Olivier Dussopt, qui ne mâchait pas ses mots en 2010 contre la réforme Fillon.

Quand les chiens de garde de la Macronie sont à court d’arguments, ils n’hésitent pas à dégainer l’ultime flèche de la «  validation  » de la réforme dans les urnes. «  Mais enfin, tout de même, ce projet était inscrit noir sur blanc dans le programme de Macron, qui a été réélu  !  » Allez-vous entendre régulièrement sur les ondes bienveillantes du pouvoir. Omettant opportunément de rappeler que le président ne doit sa réélection qu’aux électeurs de gauche qui se sont mobilisés pour empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir.

Sur la défensive, le gouvernement ne détient que peu de cartes sous le coude, espérant que le prétendu sentiment de «  résignation  » des Français entravera la réussite du mouvement social. La première journée de mobilisation du 19 sera décisive. Faisons de la «  pédagogie  » avec le gouvernement, montrons-lui que la «  raison  » indique de retirer ce projet.