En apparence, il n’y a pas de relation
entre un timbre rouge tombé en désuétude, le boulanger, le médecin, l’hôpital
et nos retraites. Pourtant… Pourtant à y regarder de près, on retrouve sur
chacun de ces sujets, les mains des institutions européennes et des
gouvernements complices de celles-ci pour déréguler, privatiser, les rapaces de
la finance qui veulent tout acheter ce qui fait nos vies.
Pourtant, dans une société où les liens
humains souffrent, se tarissent, lâchent parfois, avec le petit timbre rouge et
le facteur, le bureau de poste, le boulanger ou le médecin sont parfois le
dernier maillon social entre les citoyennes et les citoyens avec la République.
Les factrices et les facteurs avec la
Poste, les médecins, infirmières, infirmiers, urgentistes avec l’Hôpital, sont
des agents et des services publics indispensables attaqués sans relâche par les
chefs comptables du capitalisme qui rognent leurs capacités. Après quoi, ils
ouvrent la voie au privé.
Aujourd’hui, tout au service de la
rapacité du capital, le pouvoir macroniste ne mesure pas le niveau
d’exaspération et de colère de nos concitoyens, pour qui les services publics
sont le patrimoine commun et un moyen aussi d’améliorer conditions de vie et
pouvoir d’achat. Encore plus en temps de crises.
Ils détruisent ces piliers de notre
société. Ils piétinent les liens humains du quotidien.
Derrière la disparition du timbre rouge,
c’est la tournée du facteur qui disparaît. Le facteur n’est pas un simple
porteur de papier. Il apporte également des nouvelles et des informations
pluralistes avec les journaux. Il est aussi un confident, un œil attentif.
Celui ou celle qui rend un petit service utile au quotidien. Le bureau de poste
est un lieu de rencontre, de dialogue, dans des villages ou des quartiers qui
en manquent cruellement.
Au nom d’un curieux progrès, plus on
numérise, plus on déshumanise.
En vérité les transformations de La
Poste, au nom de la mise en concurrence de la distribution, n’a eu pour
objectif que de supprimer des emplois pour optimiser la rentabilité de la
poste, plus préoccupée désormais de développer la Banque postale que la
distribution des lettres et des journaux.
Elle a eu aussi pour objectif
d’engraisser des entreprises privées de distribution.
Le facteur n’est pas une fiche de paie
en trop, un « coût » à réduire. Il est une personne humaine qui fait le lien
avec d’autres personnes humaines et fait vivre les territoires.
Derrière la fin du timbre rouge, il y a
bien la destruction de ce lien avec la suppression d’une tournée de
distribution sur deux. De contre-réforme en contre-réforme, La Poste a connu en
20 ans un des plus grands plans de licenciements, dans un silence
assourdissant, au nom des déréglementations et de la privatisation d’une partie
de la distribution du courrier et des journaux.
Le boulanger ou les artisans des métiers
de bouche, les petites entreprises sont aussi en ce moment les victimes d’une
même logique spéculative et de mensonges, sur la facture d’électricité.
Les similitudes avec ce qui s’est passé
pour La Poste sont flagrantes. Avec pour responsables, les mêmes prêcheurs de
l’ultralibéralisme. Voyons ! Les coûts de production de l’énergie nucléaire et
hydraulique n’ont connu aucune augmentation et pourtant le boulanger et les
autres payent l’électricité au prix fort.
Et chaque foyer populaire va subir une
augmentation d’au moins 15%. Le coût de production est en deçà de 50 € le
mégawatt/heure et il est facturé 500 € et plus à l’artisan ou au petit
entrepreneur.
Voici le résultat d’un montage purement
politique, d’une déréglementation capitaliste consistant à faire dépendre le
prix de notre électricité du coût de production de celle-ci dans la dernière
centrale à gaz installée en Allemagne. L’ouverture à la concurrence fait
pousser comme des champignons vénéneux des distributeurs d’électricité privée
qui font leur beurre à partir d’un achat d’électricité notamment à EDF à prix
coûtant pour le revendre à ce qu’on appelle à un prix du « marché ».
Et le ministre de l’Économie ment
effrontément lorsqu’il explique que refuser ce système remettrait en cause les
« interconnections » c’est-à-dire l’échange entre pays européens pour la
sécurité d’approvisionnement.
Il tente de faire passer pour une
question technique, la coopération par l’interconnexion qui sécurise les
approvisionnements pour chaque pays et « le mécanisme européen de fixation des
prix de l’électricité » qui est, lui, une décision politique qui défavorise la
France.
En clair, on fait acheter aux Français
une électricité qu’ils ne produisent pas cher pour leur faire racheter la même,
très cher. Il est temps de pousser à une réappropriation sociale, publique,
démocratique de nos secteurs de l’énergie.
Le médecin, l’infirmière, l’infirmier
aussi relient, protègent, rassurent et soignent. L’Hôpital public est un lieu
de soins, mais aussi d’accueil. Or, les hôpitaux et les maternités ont été de
plus en plus éloignés dans des territoires entiers en manque de médecins.
Celles et ceux qui y travaillent n’en peuvent plus.
Voilà le résultat de dizaines d’années
de contre-réformes calquant la gestion du système hospitalier sur celui des
entreprises privées à partir des mêmes calculs comptables et des taux de
profits… Un chapelet de mots abscons dicte cette règle destructrice : «
l’Objectif National de Dépenses de l’Assurance-Maladie ». Le fameux ONDAM voté
chaque année par le Parlement afin de fixer le niveau de dépenses de santé à ne
pas dépasser.
Encore une invention mise en place en
application des critères européens visant à réduire les déficits publics. Au
nom de laquelle le président de la République a fermé 21 000 lits d’hôpitaux en
plus des 103 000 lits supprimés entre 1993 et 2018.
Ceci aboutit à une insécurité sanitaire
aggravée, à des conditions de travail insupportables pour les soignants
hospitaliers qui subissent les suppressions de postes de travail,
l’augmentation de la charge de travail, le manque de moyens, le gel du point
d’indice, le non-paiement des heures supplémentaires et la suppression
progressive désormais du statut d’agent public hospitalier.
Avec au bout, la dégradation de la
qualité des soins et de l’humanité des liens aux patients.
Les avancées permises par Jack Ralite,
lorsqu’il était ministre de la Santé, ont été balayées par les vents mauvais du
libéralisme soufflé par une multitude de gouvernements successifs.
La situation devient si explosive que le
président de la République a cru bon devant les yeux ébahis du ministre de la
Santé, déverser un flot de paroles, lors de ses vœux dans un hôpital, pour
finalement annoncer des mesurettes et la fin des 35h, sans changer aucun des
cadres fondamentaux à l’origine de la crise actuelle.
Tant que la santé sera considérée comme
une dépense et non comme un investissement pour le développement de la société
et la protection des vies humaines, cette crise s’approfondira.
Mais évidemment l’enjeu pour le pouvoir
et les puissances privées n’est ni l’humanisme, ni le soin, mais la rentabilité
capitaliste.
Et, la contre-réforme des retraites
envisagée désormais en alliance entre les droites gouvernementales et les
droites d’opposition participent de la même démarche : Réaliser des économies
sur les catégories les plus populaires après les avoir surexploités et ouvrir
de plus en plus les vannes aux assurances privées.
En reculant l’âge légal de départ en
retraite et en allongeant la durée des cotisations, le pouvoir veut économiser
environ 20 milliards d’euros chaque année sur des ouvriers et des employés –
les premiers de corvée – pour poursuivre la protection des grandes fortunes et
des puissances d’argent tout en privatisant les systèmes de retraite en droite
de ligne des injonctions des institutions européennes. Surtout, les marchés
financiers sont entrés dans la danse et demandent que l’on déchiquète encore
plus le droit à la retraite sous peine de ne plus prêter à un taux raisonnable
à la France la semaine même où il nous est confirmé que les grandes entreprises
et banques cotées en bourse ont versé 80 milliards d’€ à leurs actionnaires
l’an passé*. Une somme plus importante que le budget de l’éducation nationale.
Décidément, le capitalisme est un
antihumanisme. La voracité des plus fortunés et des puissances financières est
sans limites. Elle va de pair avec leur volonté de dominer, de soumettre,
d’exploiter celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur maigre retraite
pour vivre.
Dire tout ceci n’a rien à voir avec je
ne sais quel déclinisme, mais avec la contestation des choix politiques qui
jour après jour font marcher la société vers la « dé-civilisations ».
Une majorité de nos concitoyens appellent à de fortes mobilisations*. Aidons à
les construire ; Poussons l’unité populaire pour ouvrir l’après-capitalisme.
Patrick Le Hyaric
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