Le hasard fait bien les choses. Et le choc des
symboles en dit parfois plus long que n’importe quel discours. D’un côté, près
de 2 millions de Français dans la rue, le 19 janvier, pour les
retraites. De l’autre, 200 millionnaires demandant à être plus
taxés, « au nom du bien commun », devant la « vulnérabilité des systèmes sociaux ». Nous y voilà. Quoi qu’on pense de cette initiative – tiens, Bernard Arnault
n’est pas dans la liste –, elle a le mérite de pointer l’essence du
moment. « L’histoire des cinq dernières décennies est une histoire de richesse qui ne
coule que vers le haut », écrivent
les riches signataires. Le même jour, l’ONG Oxfam proposait de taxer les 42
milliardaires français à hauteur de 2 %, ce qui permettrait, selon elle,
de récolter 12 milliards d’euros pour renflouer les caisses de retraite.
Lesquelles sont loin de menacer de se vider, comme l’a affirmé vendredi à
l’Assemblée nationale le président du Conseil d’orientation des retraites,
Pierre-Louis Bras, rappelant que « les dépenses de retraites ne dérapent pas ».
Cet entêtement du pouvoir à faire trimer les Français
jusqu’à 64 ans plutôt que de faire payer le capital est devenu d’autant
plus insupportable qu’il intervient dans un contexte d’inflation historique
conjugué à l’affaissement des services publics, patrimoine de ceux qui n’en ont
pas. Hôpital, transports, éducation nationale, Pôle emploi… des fonctionnaires
aux usagers, chacun est touché par les ravages de la « start-up
nation », qui s’abattent durement sur les personnes les plus
vulnérables. De plus en plus de citoyens en saisissent dorénavant les dangers
et les répercussions sur leur vie quotidienne. En témoigne l’ampleur de la
première mobilisation de jeudi, où toutes les générations confondues ont marché
main dans la main pour refuser ce recul historique.
À l’étranger quand 2 millions de Français
défilaient dans les rues, Emmanuel Macron a osé vanter une « réforme démocratiquement présentée, validée et surtout juste et responsable ». Faute
d’avoir convaincu, le président choisit l’épreuve de force.
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