Même s’il est loin d’être parfait, l’accord
international de la COP15 en faveur de la préservation de la biodiversité,
conclu lundi à Montréal sous l’égide des Nations unies, est un premier pas
indispensable dans la lutte globale contre les menaces que fait peser sur notre
environnement l’« anthropocène ». Ou plutôt faut-il dire le « capitalocène », cet autre
nom de l’ère géologique
actuelle que certains scientifiques commencent à utiliser, car il a le mérite de
prendre en compte la prédominance
des critères ravageurs pour notre planète imposés par le
capital sur l’activité humaine.
L’accord de Montréal vient combler le vide juridique
existant en matière de protection du vivant. À la différence des activités
ayant un impact sur le climat, soumis au cadre posé par les accords de Paris
ratifiés par la COP21 en 2015, aucune convention ne fixait les
objectifs et les engagements des nations touchant aux équilibres de la faune et
de la flore. C’est chose faite avec cet accord par lequel les États s’engagent,
d’ici à 2030, à préserver 30 % des terres et des mers du globe, à réduire de
moitié les risques liés à l’usage de
pesticides ou encore à favoriser l’agroécologie.
Certes, ces engagements ne sont qu’un début et ne
suffiront pas à inverser une tendance terriblement mortifère pour l’humanité et
le vivant. Ils appellent plus largement à un changement complet de mode de
production, d’échange et de consommation – en clair, une révolution – qui
substitue d’autres critères, sociaux, démocratiques, économiques et
écologiques, à ceux de la rentabilité et du profit. Outre le caractère peu
contraignant de cet accord, les moyens financiers demeurent limités, avec
30 milliards par an versés par les pays riches jusqu’en 2030. Et quand on
sait le bilan des précédents objectifs d’Aichi sur la biodiversité signés
en 2010 – aucun n’a été atteint –, on est en droit d’être sceptique. En ce
domaine comme dans tant d’autres, la volonté politique est déterminante. Ce qui
justifie l’espoir est que les temps changent. 2023 ne sera pas
2010, la conscience écologique des peuples ne cesse de se renforcer. C’est
sur eux qu’il faut compter.
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