Le juriste a été placé dans un avion en direction de
Paris, dimanche, aux premières heures de la journée. La mère de Salah avait
écrit à Emmanuel Macron pour qu’il intervienne et empêche cette expulsion,
visiblement sans résultats. "J'ai changé d'endroit mais le combat
continue" a-t-il déclaré à son arrivée à l'aéroport parisien de
Roissy". "Aujourd'hui, je sens que j'ai une responsabilité
énorme pour ma cause et mon peuple. On ne lâche pas la Palestine. Notre droit
c'est de résister", a-t-il ajouté. (Pierre Barbancey)
Le ministère israélien de l’Intérieur, vient
d’annoncer l’expulsion de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, en détention
administrative depuis le mois de mars - c’est-à-dire sans accusations
formelles. Salah Hamouri «a été expulsé ce matin vers la France à la
suite de la décision de la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked de lui retirer
son statut de résident», a indiqué le ministère israélien de l’Intérieur
dans un communiqué.
Né à Jérusalem, Salah Hamouri, doit pourtant, comme
tous les Palestiniens de la partie occupée de la ville, posséder une
autorisation de résidence. Celle-ci lui avait retiré. Une mesure contestée et
suspendue, qui devait être examinée par la Cour suprême israélienne en février
prochain. Mais en réalité, les autorités israéliennes entendaient déporter
Salah Hamouri au plus vite. Salah Hamouri avait appris fin novembre qu’il
allait être expulsé en décembre vers la France. Mais son expulsion avait été
reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats
remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut
de résident de Jérusalem-est. Début décembre, ces mêmes autorités israéliennes
confirmaient la révocation du statut de l’avocat franco-palestinien, ouvrant
ainsi la voie à une expulsion imminente malgré une nouvelle audience prévue le
1er janvier.
Depuis vendredi soir, les indications d’une expulsion
dimanche matin s’étaient multipliées, la députée communiste israélienne Aïda
Touma-Slimane ayant d’ailleurs écrit samedi soir au ministre de la Défense
Benny Gantz pour empêcher l’expulsion, toutefois décrétée par la ministre de
l’Intérieur Ayelet Shaked. Cette dernière n’a pas caché sa joie. « C’est un formidable
accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a-t-elle commenté dimanche. Le nouveau gouvernement de Netanyahou devrait
prendre ses fonctions dans les prochains jours.
«Cette expulsion est une manœuvre visant à entraver le
travail de Salah Hamouri en faveur des droits humains, mais aussi l’expression
de l’objectif politique à long terme des autorités israéliennes, qui est de
diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem-est», estiment Amnesty International et la Plate-forme des
ONG françaises pour la Palestine. Les autorités israéliennes ont expulsé Salah
Hamouri de sa ville natale de Jérusalem à la France pour « défaut d’allégeance« à un pouvoir occupant », a indiqué sa campagne de soutiens.
»Nous ne pensions pas que c’était possible d’expulser
une personne de sa terre natale. C’est un citoyen français il est davantage
palestinien. Il est né à Jérusalem, a vécu et grandi ici (…) Ces racines sont
ici«, expliquait récemment Denise Hamouri, la mère de
Salah. Elle avait exhorté le président français, Emmanuel Macron de faire
pression sur Israël pour surseoir son expulsion et permettre à Salah Hamouri de
se déplacer librement. Car le harcèlement israélien a également touché sa
famille. Son épouse, française, ne peut plus se rendre en Palestine.
Il y a quelques semaines, dans l’Humanité, Francesca
Albanese, rapporteuse spéciale de l’Onu sur la situation des droits de l’homme
dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 faisait remarquer
que « le cas de Salah Hamouri est exceptionnel parce qu’il est susceptible de créer un précédent juridique très dangereux par lequel la résidence d’un Palestinien de Jérusalem serait révoquée sur la base d’éléments à charge ou accusations secrètes. Le test (et le défi)
est le suivant : si les autorités israéliennes venaient à agir impunément avec un individu de nationalité européenne, il n’y aurait plus rien qui pourrait les empêcher de continuer à dépeupler Jérusalem de sa population arabe. Et c’est sur cela, permettez-moi de le
souligner, que le silence de la France est assourdissant. » De fait,
malgré les questions régulières posées par la presse au ministère des Affaires
étrangères, le cas de Salah Hamouri a rarement été évoqué publiquement, comme
s’il ne fallait pas gêner Israël.
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