C’est le dernier match, celui qui ouvre les portes de
la gloire éternelle ou celles des regrets, qui ne le seront pas
moins. Dimanche soir, l’une des deux équipes finalistes – la France ou
l’Argentine – pourra floquer une troisième étoile sur son maillot. Lionel
Messi, l’un des plus grands joueurs de l’Histoire, accrochera enfin à son
palmarès un titre de champion du monde ou Kylian Mbappé deviendra l’égal de
Pelé – au même âge – avec deux consécrations planétaires à
23 ans. Mais il faut aussitôt l’écrire : les Bleus ou l’Albiceleste ne seront pas les
vainqueurs d’un Mondial « normal ».
Comme depuis le début de la compétition, le
supporter-citoyen se retrouve tiraillé, voire mal à l’aise, mais rarement
indifférent. La passion, d’un côté. La conscience, de l’autre. Une dialectique
qui mêle l’intime et le rapport au monde : la passion ne peut éteindre la conscience, et la seconde ne saurait entamer la première. Les deux se
rejoignent pour dire une seule et même chose : « Qatar 2022 » doit être le dernier Mondial de cette nature.
La plus grande compétition de l’une des pratiques
sociales les plus répandues au monde – le football n’est pas qu’un sport,
faut-il encore le répéter ? – ne peut se
construire sur l’exploitation,
jusqu’à la mort, de milliers de travailleurs, sur un minicrime
climatique, sur une corruption massive, en fait sur l’argent comme valeur
cardinale. Il faut créditer un mouvement international – syndicats, ONG,
lanceurs d’alerte, médias, simples citoyens – d’avoir fortifié ce message : « Plus jamais
ça ».
Il y a un seul responsable à cette situation : la Fifa. C’est ce « gouvernement mondial » – privé, au demeurant – qui définit les normes et attribue l’organisation. Le prochain « match » sera donc
politique et se déroulera sur
ce terrain-là : déposséder les bureaucrates-argentiers de la Fifa de
leur capacité de fuite en avant, le foot-business n’étant plus pour eux qu’un
simple business, dont ils méprisent les principaux acteurs jusqu’à envisager de
les éreinter un peu plus avec un Mondial tous les deux ans.
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