Des millions et des millions de doses de vaccin contre
le Covid ont été détruites rien qu’au mois d’octobre, en France. Et depuis le
début de la vaccination, des centaines de millions de doses ont probablement
été jetées à la poubelle dans le monde. Un gaspillage essentiellement des pays
riches, qui ont acheté des vaccins en masse et dont une bonne partie arrive à
terme avant d’avoir pu être utilisée. Les États, dont la France, arguent du
fait que ce gaspillage n’est en fait que le coût de l’assurance à payer pour
avoir la certitude de ne pas manquer. Mais, pour que ces pays « ne manquent
pas », d’autres n’ont pas pu vacciner leur population.
Derrière ce scandale, se pose aussi la question des
négociations menées par les États et la Commission européenne avec les Big
Pharma producteurs des vaccins et les conditions dans lesquelles les accords
commerciaux ont été ratifiés. Or, tout cela – le calendrier des livraisons,
leurs volumes et leurs prix, mais aussi les conditions d’utilisation de ces
vaccins – est couvert par le secret des affaires. À l’arrivée, une certitude : les grands
gagnants sont les laboratoires privés. À l’échelle de l’Union européenne, les sommes d’argent
public déversées sur les
laboratoires sont pharaoniques. Dans le même temps, les systèmes de santé
publique, l’hôpital s’écroulent, faute de moyens. Des milliers de
professionnels de la santé, sous-payés avec des heures à rallonge, tirent leur
révérence. Cerise sur le gâteau, ce ne sont pas ces laboratoires milliardaires
qui ont inventé les technologies utilisées dans les vaccins mais l’ensemble des
laboratoires de recherche, largement financés par de l’argent public. Y compris
les plus innovantes comme celle basée sur l’ARN messager. Mais en refusant la
levée les brevets des vaccins, la propriété intellectuelle a été transférée aux
laboratoires…
Au moment où s’impose le débat légitime sur les « superprofits » des pétroliers, à commencer par ceux de Total, il serait temps d’ouvrir celui sur les « superprofits » réalisés depuis deux ans par l’industrie pharmaceutique. Et pourquoi pas, faire grandir l’exigence de sortir de la sphère marchande le secteur de la santé et du médicament.
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