mardi 8 novembre 2022

« L’ombre de Trump », l’éditorial de Laurent Mouloud ans l’Humanité.

 


Joe Biden fera-t-il mentir la tradition? Le président des États-Unis en rêve. Mais, avouons-le, ce nest pas le scénario le plus probable de ces élections de mi-mandat, souvent défavorables au parti du locataire de la Maison-Blanche. Si lon en croit les derniers sondages, le scrutin, organisé ce mardi pour renouveler l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, risque fort de ne pas créer la surprise. Les républicains, menés par un Donald Trump plus revanchard que jamais, sont donnés légèrement devant. Un mince avantage qui peut suffire à renverser la fragile majorité démocrate au Congrès. Et condamner Joe Biden à l’impuissance législative durant deux ans, tout en mettant le camp trumpiste sur orbite pour 2024.

Ce scénario cauchemardesque n’est pas écrit d’avance. Mais il permet, déjà, de dresser certains constats. À commencer par l’échec du président à tenir sa promesse de «rassembler un pays déchiré» après la mandature hystérique de son prédécesseur. À l’évidence, rien n’a été recollé. L’opinion américaine reste profondément clivée. Ni l’invraisemblable assaut du Capitole, ni les délires conspirationnistes, ni les démêlés avec la justice n’ont entamé la crédibilité de Donald Trump, dont la mainmise s’est, au contraire, renforcée sur les républicains. À défaut d’apaiser le camp adverse, les candidats démocrates peinent, aussi et surtout, à rassembler le leur, reléguant à l’arrière-plan les questions économiques, sociales et environnementales, sur lesquelles des budgets de plusieurs centaines de milliards ont pourtant été votés. Erreur stratégique? Sans doute. Et les simples appels à «sauver la démocratie», lancés par Biden lors de ses derniers meetings, ne suffiront peut-être pas à la rattraper.

De fait, le camp trumpiste est favorisé par un mode de scrutin où les États les moins peuplés – principalement conservateurs – comptent autant de sénateurs que les autres. En réalité, une majorité d’Américains ne partage pas ces idéaux réactionnaires. De la capacité de Biden à les mobiliser dépend le résultat du scrutin. Et une part de l’avenir de la première puissance mondiale.

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