Un bluff, peut-être. Un chantage, sûrement. La menace
du recours à l’arme nucléaire, brandie de nouveau par Vladimir Poutine avec un
cynisme glaçant, ne peut être prise à la légère. L’implosion de l’URSS et la
fin de la guerre froide avaient laissé la place à l’illusion d’un monde
unipolaire, sous la conduite bienveillante des démocraties occidentales
éclairées par les États-Unis et la flamme de la statue de la Liberté. Fin de
l’Histoire, et l’équilibre de la terreur était renvoyé au magasin des
antiquités. Il fallait même remonter jusqu’à 1962 et la crise des missiles de
Cuba pour évoquer le dernier épisode de tension extrême pouvant mener à une
guerre mondiale encore plus dévastatrice que les deux précédentes.
On sut pourtant assez vite que la fin de la guerre
froide n’était pas la paix – on compte actuellement 37 conflits armés dans
le monde – mais le danger nucléaire nous semblait écarté ou en tout cas
improbable, quand bien même l’arsenal existait toujours. On compte actuellement
13 000 têtes nucléaires stratégiques sur la planète, dont 6 000 à parité entre les États-Unis et la Russie. Un conflit généralisé aurait des conséquences de l’ordre de l’extinction des dinosaures. Nous n’en sommes pas là, mais comment interpréter les propos
du boutefeu du Kremlin ? L’utilisation
des armes nucléaires tactiques est envisagée comme une possibilité par toutes les armées
importantes du monde. Il ne s’agit pas a
priori de destruction massive de capitales, mais de créer des trous dans le
dispositif ennemi avec des charges allant de 0,1 à 100 kilotonnes
d’équivalent TNT. Sauf que 100 kilotonnes, c’est six fois Hiroshima.
Alors que Vladimir Poutine, entretenant l’idée que la
Russie est menacée de disparition, sent la situation lui échapper, il peut être
tenté d’y recourir, levant du même coup ce qu’un expert appelle le tabou
nucléaire, à partir de quoi le pire deviendrait possible. Ne faites pas ça, a
dit à plusieurs reprises le président américain. Mais hausser le ton en
montrant des muscles ne peut être la bonne réponse. Il faut, face au danger,
une mobilisation des peuples et une activité diplomatique sans précédent
impliquant la Chine, l’Inde, les pays d’Afrique pour que s’imposent la voix et
les voies de la raison.
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