L’Italie nous rappelle combien la banalisation de
l’extrême droite peut conduire à la catastrophe. Giorgia Meloni est sur le
point de faire son entrée au palais Chigi, le siège du Conseil des ministres.
À l’ombre de Giorgio Almirante, propagandiste des lois raciales et penseur
du renouveau fasciste, à qui elle a d’ailleurs récemment rendu hommage, elle
pourrait même prêter serment, cent ans jour pour jour après la sinistre marche
sur Rome de Mussolini. La filiation de Giorgia Meloni n’a rien à voir avec
l’étiquette de « centre droit » qu’elle
revendique. Elle porte haut la flamme aux couleurs transalpines, symbole des
chemises noires de l’après-guerre.
L’ascension de la cheffe de file des Frères d’Italie
est étroitement liée au marasme national et européen. Ses propos d’une rare
violence au nom de la défense du triptyque « Dieu, la famille et la patrie » se sont
imposés dans le quotidien des Italiens, biberonnés aux scandales et aux crises entretenues par les
populistes et les technocrates qui se sont succédé au pouvoir ces trente dernières années. Cette
alternance mortifère n’en a pas fini d’accoucher de monstres. Enfermée dans ses
obsessions contre de prétendues déviances – IVG, homosexualité, immigration –,
Giorgia Meloni veut rééduquer la société. La brutalité de ses propos n’offusque
même plus, encore moins le patronat italien et les cercles financiers, à qui
elle a promis la plus grande abstinence en matière de dépenses publiques.
Libérale et atlantiste, que demander de plus ! La
possible victoire de Giorgia Meloni n’est pas un accident de l’histoire, ou
encore une « chose » à l’italienne.
Elle est partie intégrante de l’inquiétante vague
brune qui enveloppe l’Europe avec
la Hongrie, le succès fracassant
des mal nommés Démocrates de
Suède et la montée en puissance de l’extrême droite et des formations populistes en Espagne,
au Portugal, en Allemagne et en France, sur fond de crise systémique. La droite
européenne devrait réfléchir sur sa propre radicalisation, qui, loin de lui
permettre de regagner en influence, conforte cette dangereuse galaxie.
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