mardi 27 septembre 2022

« Femmes, vie, liberté », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Le vent qui souffle sur l’Iran est une bouffée d’oxygène. Les Iraniennes et les Iraniens sont là pour nous rappeler que, sous les cendres de l’oppression, la braise de la liberté ne s’éteint jamais complètement. À travers la remise en cause du voile obligatoire et de l’incroyable surveillance généralisée dont la population fait l’objet depuis des décennies, c’est tout un régime qui est contesté.

Nous ne sommes plus en 1979 et une part croissante de la population iranienne, sans doute désormais très majoritaire, veut pouvoir vivre selon ses choix. Le slogan «Femmes, vie, liberté» scandé par les manifestantes et manifestants exprime à la fois les aspirations au respect des femmes, notamment de leur volonté de porter ou non le voile, mais aussi d’en finir avec un quotidien où la violence et la mort rôdent au coin des rues dès que le régime se durcit. On peut aussi y lire les aspirations sociales d’un peuple dont les privations quotidiennes s’apparentent à de la survie. Le nombre record de conflits sociaux ces dernières années en témoigne. La largesse d’un mouvement qui touche tout le territoire et qui mêle les femmes, bien sûr, mais aussi des hommes, des jeunes et des générations qu’on tente de faire taire depuis si longtemps est un signe de la crise profonde que traverse le pays. La réponse des dignitaires iraniens en est un autre.

Évidemment, avec près de 100 morts, la coupure d’Internet et les intoxications du gouvernement, la répression est violente. Mais le triste souvenir des manifestations de novembre 2019, où 300manifestants avaient été tués en quelques jours seulement, nous rappelle que le régime est capable de bien pire. Les gardiens de la révolution, le fer de lance de la répression, ne sont pas encore totalement entrés en action. Pour éviter d’en arriver là, le soutien de la communauté internationale sera décisif. Les voix doivent donc se multiplier pour forcer le régime à écouter son peuple et ne pas laisser étouffer dans le sang ce cri de liberté.

 

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