Entreprises Le revenu moyen des dirigeants de
l’indice parisien de la Bourse de Paris a atteint 8,7 millions d’euros en
2021, contre 4,5 millions en 2020. Du jamais-vu.
En 2021, la rémunération des patrons du CAC 40 a battu tous les records. Avec une moyenne annuelle de 8,7 millions d’euros, selon les chiffres publiés par Scalens, celles-ci ont tout simplement doublé par rapport à 2020 (4,5 millions d’euros) et progressé de 60 % par rapport à 2019 (5,4 millions). Soit 453 fois le montant du Smic brut annuel et 228 fois le salaire annuel moyen brut dans le secteur privé. Le précédent record date de 2018, avec 5,8 millions d’euros.
La semaine dernière, le pactole que devrait toucher le
directeur général de Stellantis, ex-PSA, Carlos Tavares, estimé à
66 millions d’euros, avait donné le ton. Avec une envolée boursière en
2021 (+ 21 %), cumulée à la hausse des chiffres d’affaires, mais surtout des
marges dopées par les dispositifs mis en place par le gouvernement sans
contrepartie et les restructurations effectuées en 2020, les rémunérations
variables ont gonflé. À cela s’ajoutent également des « rémunérations
exceptionnelles » qui ont atteint en moyenne en 2021 les 2,1 millions d’euros par dirigeant.
Et même le revenu fixe a progressé de 19 %, car « la nouvelle garde » des dirigeants
arrivés « se paie beaucoup plus cher », analysent les auteurs du rapport. Et 2022 devrait poursuivre la
trajectoire. Rien que la part de rémunération indexée sur les « performances » de l’entreprise et les options d’achat d’actions
(stock-options) devrait atteindre, en 2022, 2,8 millions en moyenne
(+ 25 %).
Des montants vertigineux
Au moment où les prix s’affolent, ces montants
vertigineux sont d’autant plus écœurants que dans les entreprises la fourchette
d’augmentation des salaires proposée lors des négociations annuelles
obligatoires tourne autour des 2,2 % à 2,5 %. Soit bien
en deçà de l’inflation, indicateur de référence, lequel en mars affichait 4,5 %. En 2022,
la perte de pouvoir d’achat des
salariés ne laisse pas place au doute. Or, le coup de pouce
au Smic et le dégel du point
d’indice des fonctionnaires se font attendre.
Cette gabegie montre une fois de plus que l’appel à la
moralisation des rémunérations des grands patrons lancé par Bruno Le Maire en
2019, consistant en ce que « le chef d’entreprise ait un salaire 200, 250 ou 300 fois supérieur à celui du salaire le plus modeste », a
échoué. Tout comme la règle du « say on pay », qui consiste à ce que le vote des actionnaires sur la rémunération des dirigeants, autrefois consultatif, soit
contraignant, depuis 2017 avec la loi sur la transparence dite Sapin 2. Le 14 avril, lors de l’assemblée générale de
Téléperformance, les actionnaires ont approuvé, à 85 %, les 21 millions d’euros du PDG Daniel Julien. À l’inverse, chez Stellantis, le 13 avril, les porteurs d’actions, qui se sont opposés à 52 % aux sommes astronomiques promises à Carlos Tavares,
n’ont pas eu gain de cause. Le groupe ayant son siège social aux Pays-Bas, il
applique le droit néerlandais où le vote n’est que consultatif. D’ailleurs,
note le rapport, « les parts variables record ne sont pas domiciliées en France ».
Sans une loi plafonnant les rémunérations, comme pour
les dirigeants d’entreprise publique (450 000 euros par
an), et sans nouveau droit des salariés dans les entreprises pour une autre répartition des richesses et des objectifs, les revenus des patrons explosent
et continueront leur envolée sans limite
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