« Putain, vingt ans... » En s’inspirant
des défunts Guignols de l’info, on pourrait accueillir ainsi le drôle d’« anniversaire » de la première qualification de l’extrême droite pour le second tour d’une élection présidentielle. Vingt ans après, le FN-RN en est désormais à sa troisième, et force est de constater qu’avril 2022 supporte mal la comparaison avec avril 2002. Après ce fameux et terrible 21 avril, une marée
humaine avait déferlé sur la bien nommée place de la République, avant qu’une
vague citoyenne ne submerge électoralement la candidature de Jean-Marie
Le Pen dans les urnes. Après le 10 avril 2022, le climat est plutôt à
tenter de convaincre des citoyens usés, ulcérés ou désabusés face à un nouveau
« barrage », tout en se
disant qu’il faudra bien s’organiser pour en éviter d’autres ultérieurement.
Ce choc thermique raconte vingt années d’une
banalisation dont on ne fera pas porter le fardeau aux Français eux-mêmes. « Le poisson pourrit
par la tête », comme le dit le proverbe chinois. Le pays paie vingt
années d’expériences d’apprentis sorciers qui ont vu dans la puissance de l’extrême droite
une assurance tous risques pour réélection ou un vecteur d’audimat. Du
ministère de l’Identité nationale de Nicolas Sarkozy à la supposée « mollesse » reprochée à l’héritière Le Pen par le
ministre de l’Intérieur de droite d’un Emmanuel Macron qui promettait de faire
reculer l’extrême droite, en passant par l’ignominieuse reprise par François
Hollande de la déchéance de la nationalité, estampillée 100 % FN ; des
bandeaux sur les chaînes d’information en continu « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? » aux reportages people, de l’Élysée aux plateaux télé, les facilitateurs de la
« dédiabolisation » étaient en
costume-cravate ou tailleur, pas en bleu de travail ou blouse d’infirmière. Cela va beaucoup mieux en le redisant comme il eût pu être utile de
répéter, ces
vingt dernières années, ce proverbe créole, « Même poil, même bête », qui semble désormais éclairer quelques consciences. Il n’est jamais trop tard.
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