« Chaque génération est un nouveau pays. » Si Alexis de Tocqueville évoquait dans sa fulgurante formule les États-Unis, on peut l’appliquer à la France d’aujourd’hui. Les nouvelles générations ont marqué de leur empreinte le premier tour de cette élection présidentielle, malgré une abstention plus importante que dans d’autres catégories d’âge, en constituant la force motrice de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Dans ce « pays » des moins de 34 ans, où cohabitent une hausse du niveau de diplôme et une extension de la précarité, l’ensemble des candidats de gauche ont recueilli entre 42 et 51 %, selon les instituts de sondage. Leur conscience du monde se condense dans un triptyque – changement climatique, féminisme et antiracisme – à propos duquel il faudrait être bien aveugle pour ne pas voir que la justice sociale en constitue le fil rouge. Cela écrit, on évitera toute projection mécanique d’un pays de demain ou d’après-demain, forcément ouvert et progressiste. On ne tombera pas, pour autant, dans l’écueil inverse de minorer, voire bouder cette heureuse nouvelle au prétexte que le second tour oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Et c’est justement dans cette perspective que l’on
reparle de cette jeunesse, de ces jeunesses. Échos sondagiers comme reportages
ou retours de discussions indiquent qu’une grande partie renâcle à « faire
barrage ». Il faut d’abord en comprendre les ressorts. Cette « génération 21 avril » est née et/ou a
grandi « politiquement » avec l’extrême droite au
second tour et ce « front républicain » sur lequel se sont assis les deux bénéficiaires et
vainqueurs : Jacques Chirac et Emmanuel Macron. Le climat de banalisation de l’extrême droite
dans lequel les jeunes citoyens ont baigné, de fait et presque de force, nourrit sans aucun doute cette tendance au « relativisme ». Aucun
argument d’autorité ou culpabilisant ne fera l’affaire.
Peut-être plus un appel à l’espoir d’un monde meilleur qu’ils
incarnent : celui-ci n’est pas
soluble dans une victoire de Marine Le Pen, le 24 avril.
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