La mort d’Yvan Colonna est un drame qui engage la responsabilité de l’administration pénitentiaire et plus largement de l’État. On ne peut parler simplement de dysfonctionnement, comme l’a fait le porte-parole du gouvernement, quand un détenu meurt sous les coups d’un autre détenu. Emmanuel Macron a déclaré que, « dans ce contexte, le plus important est que le calme se maintienne ». Sans doute, mais on peut imaginer que le plus important, pour une part des Corses, c’est la mort de celui qu’ils considèrent, qu’on le veuille ou non, comme étant « Mort pour la Corse », selon Core in Fronte, le principal parti indépendantiste. Le parti de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l’île, a réagi par un tweet en langue corse : « Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité ». Diverses réactions, au Pays basque, en Catalogne, en Nouvelle-Calédonie sont dans la même tonalité.
Oui, Yvan Colonna a bien été condamné, quand bien même
il n’a cessé de se dire innocent, pour l’assassinat révoltant du préfet
Érignac, avec trois balles tirées dans le dos. Il faut le rappeler, ne pas
oublier, mais cela ne règle rien. On ne saurait parler à la place des Corses,
et encore moins d’une seule voix, mais il y a des Corses en colère, une
jeunesse en ébullition. Ils vivent leur appartenance à la nation comme une
dépendance, une soumission. L’île de Beauté ne l’est pas pour tout le monde. Le
taux de pauvreté y est l’un des plus élevés de France et si le taux de chômage
s’est stabilisé ces derniers temps, l’État, depuis des décennies, n’a jamais
réellement répondu aux problèmes économiques, de parcours pour les jeunes,
posés par l’insularité et une économie de profit et de court terme. Dans la
mémoire des plus anciens, un épisode comme celui d’Aléria, en 1975, avec
l’envoi de 1 200 gardes mobiles contre les occupants d’une cave viticole reste un marqueur.
Parler d’un statut d’autonomie peut être une voie de
dialogue, de construction d’une vision d’avenir pour l’île. Mais cela ne
saurait suffire s’il n’est pas question de développement, de justice
économique, de progrès social et la colère, comme l’invocation de l’autorité de
l’État ne sont pas des réponses.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire