Ce n’est pas encore une guerre mais cela commence à y
ressembler de plus en plus : des premiers morts, des premiers réfugiés. Depuis ce
week-end, nous n’en sommes
plus tout à fait aux manœuvres militaires, bras de fer de l’affrontement psychologique et objectifs stratégiques. Nous n’en sommes pas
encore au conflit total que Joe Biden accuse Vladimir Poutine de préparer.
Est-ce réellement le cas ? Quand bien même mènerait-il une partie de poker, il n’en est pas moins vrai que le maître du Kremlin a choisi le bord du précipice pour y
jouer. De l’autre côté, mais toujours en surplomb de l’abîme, Joe Biden
hystérise le débat à coups de plans secrets dévoilés et de sanctions déjà
ficelées.
Alors que, de Moscou à Washington, on laisse
s’enchaîner les dents crantées de cet engrenage, Emmanuel Macron – plus ou
moins en osmose avec le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz – joue
les bons offices pour à tout le moins tenter de stopper la machine. Le couple
franco-allemand se montrera peut-être attentif au temps long. Dans cette
perspective, on peut voir la présidence de Poutine comme le nom d’un moment de
l’Histoire où la puissance russe, ravalée au rang de province durant les années
Eltsine, tente de restaurer une forme d’autorité sur la scène mondiale et dans
ce qu’elle estime être sa sphère d’influence naturelle. N’oublions pas une
autre guerre de Crimée, perdue d’ailleurs par l’Empire tsariste face à une
coalition ottomano-franco-anglaise. C’était entre 1853 et 1856.
On ne peut également oublier la promesse non tenue des
« vainqueurs » de la
guerre froide à Mikhaïl Gorbatchev
de ne pas étendre l’Otan jusqu’aux frontières de la Russie. Que Poutine utilise ce mensonge originel comme un prétexte pour asseoir son pouvoir autocratique,
nationaliste et au service des oligarques ne change rien à l’équation. La
négociation en cours doit faire place à celles des inquiétudes russes qui
apparaissent légitimes, sans céder sur des principes de droit international,
comme la souveraineté des nations. Faut-il le rappeler, la diplomatie n’est pas
une affaire d’arbitrage d’élégances.
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