En France, il vaut manifestement mieux n’être ni vieux ni jeune… Par
quelque bout de l’échelle générationnelle que l’on prenne l’état du pays,
celui-ci semble gangrené. Le scandale des Ehpad du groupe Orpea, révélé par un
livre choc et sur lequel nous revenons en ouverture de cette édition, a
provoqué une sorte de haut-le-cœur national, au point qu’une ministre qui a
tout appris – on se demande bien comment – à la lecture de l’ouvrage
a promis de « frapper fort ». On
peut craindre que la charge contre le groupe ne laisse le système – « marchandisation
de la santé », pour le résumer d’une formule – intact.
Et si l’on redescend, en glissade rapide, vers le bas de la pyramide des âges, que découvre-t-on ? Une « précarisation » galopante, en voie de généralisation. On pare ici à l’objection : misérabilisme, tableau « à la Zola ». Regardez les chiffres, avancés par le sociologue Camille Peugny : un taux de chômage de 20 %, un triplement des contrats précaires à destination des jeunes depuis le début des années 1980. Et celui-ci – lisez bien – : un jeune sur deux exerce une activité en CDD, en intérim ou en contrat d’apprentissage. Nous avons également en mémoire les longues files d’attente d’étudiants dans des distributions alimentaires.
À n’en pas douter, la jeunesse sera l’un des « sujets » de l’élection présidentielle. Mais en sera-t-elle aussi l’un des acteurs ? Les enquêtes d’opinion nous montrent que, au-delà de ses conditions matérielles d’existence pour le moins chancelantes, les jeunes citoyens entretiennent un rapport au monde plus ouvert et plus solidaire que leurs aînés, avec une prise de conscience politique via quatre grandes « portes d’entrée » (justice sociale, féminisme, antiracisme et changement climatique). Si elles portaient directement dans les urnes leurs aspirations – ce qui n’est pas chose gagnée tant leur rapport à la politique et aux cycles électoraux s’affirme, lui aussi, en contraste des générations précédentes –, elles pourraient constituer la (bonne) surprise de ce cru 2022.
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