L’urgence, c’est la solidarité. Des dizaines de milliers de personnes fuient les bombardements, des camps de réfugiés se montent aux frontières. Des bénévoles se mobilisent, de leur propre chef ou avec le Secours populaire français, la Croix-Rouge. Vladimir Poutine a annoncé la mise en alerte de ses forces de dissuasion, dont la force nucléaire. On a le sentiment de vivre un cauchemar que l’on croyait impossible. L’urgence, c’est aussi la recherche de moyens de pression. Les sanctions économiques sont nécessaires. On ne peut continuer à commercer comme si de rien n’était face à une telle agression. Elles doivent être fortes et ciblées pour être efficaces. Des voix commencent, en Russie même, à s’élever contre la guerre. Il nous faut les relayer. Les initiatives des sportifs français refusant les compétitions tant que cette situation durera leur font écho.
Il n’était pas besoin d’être un génie de la géopolitique pour dire, comme l’a fait Emmanuel Macron, qu’un tournant était pris pour l’Europe et le monde. Il a bien fait de le dire, mais il faut aller au-delà du constat. La chute de l’Union soviétique signait la fin d’un monde bipolaire où certains osaient même dire qu’il s’agissait de la fin de l’histoire. Un autre monde bipolaire se reconstruit sous nos yeux. D’un côté, ce qu’on appelle commodément l’Occident, sous la bannière de l’Otan et sous commandement américain, dont il faut rappeler qu’il n’a cessé d’intégrer de nouveaux pays jusqu’aux frontières de la Russie malgré les engagements pris. De l’autre côté, un nouveau bloc est en passe de se constituer. La Russie et la Chine peuvent se rapprocher toujours davantage, l’Iran peut y être sensible. La Chine et la Russie sont de plus en plus présentes en Afrique.
L’endettement colossal des États-Unis est l’une des données du problème. Leur domination économique et militaire est leur assurance, pour le moment. On ne peut exclure l’hypothèse d’un conflit majeur. La guerre en Ukraine accélère cette nouvelle donne. Il est difficile de discuter en ce moment avec Vladimir Poutine. Mais il faudra bien le faire et pas seulement avec lui. C’est avec toute la communauté internationale, en revalorisant le rôle de l’ONU, face aux G7 ou G20, avec les peuples eux-mêmes, que doivent se poser les questions de la guerre ou de la paix.