Il y a quelque chose de pourri au royaume de la
finance. Et, comme dans le Danemark du prince Hamlet, on pressent que cette
gangrène annonce la tragédie à venir. Personne ne sait quand ni comment les
bulles financières qui planent au-dessus de la tête des peuples éclateront,
mais il est sûr que cela surviendra, parce que la frénésie spéculative ne peut
pas durer éternellement déconnectée de l’économie réelle. Mercredi, à Wall Street,
le groupe automobile américain Tesla « pesait » 730 milliards d’euros. Cela représente un siècle et demi
de ses bénéfices, 20 000 % de plus depuis son entrée en Bourse, en 2010, 75 fois la capitalisation de Renault, qui produit bien plus de véhicules. De la folie pure.
Si rien n’est fait pour arraisonner les marchés, le
krach qui menace ne punira pas d’abord ceux qui ont péché par leur avidité sans
limite : ce sont
les travailleurs qui paieront le prix du banquet des riches, par un coup de
frein brutal sur l’activité. La précédente crise de 2008-2009 fait office
d’étalon pour la prochaine. À cette différence que les facteurs en jeu sont
sans précédent connu. Il y a presque quinze ans, l’étincelle était venue des « subprimes », ces prêts immobiliers hypothécaires américains. Aujourd’hui, le risque est partout : dans les
valeurs technologiques, dans la dette des étudiants aux États-Unis,
dans les matières premières et l’énergie… Et dans la
dépendance des marchés à la perfusion de liquidités des banques centrales.
Ce problème devrait mobiliser tous les candidats à
l’élection présidentielle. Ceux qui ne font pas priorité de l’évitement de la
catastrophe annoncée ne sont pas dignes de confiance. Entre les autres, le
débat doit s’approfondir, car toutes les solutions ne se valent pas. Celles que
porte Fabien Roussel méritent d’être connues : une réorientation radicale de la Banque centrale européenne, la nationalisation des grandes banques et
assurances, une réforme
fiscale qui pénalise la finance, la création d’un fonds qui draine l’argent vers les services publics
et l’emploi et non vers le capital… Une base solide pour écrire une autre fin à
la pièce en train de se jouer.
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