Une réussite commerciale peut aussi avoir une signification politique. La
preuve avec Don’t Look Up. Le film dont tout le monde (ou presque)
parle ces derniers jours est désormais le plus gros lancement de l’histoire de
Netflix, la plateforme devenue mastodonte, qui n’en manque pourtant pas. Que
l’on aime – un peu, beaucoup – ou pas le film est affaire de goût
personnel. Il ne s’agit pas, ici, de cela : gardons-nous simplement de ne pas
apprécier à sa juste valeur son succès au prétexte que, justement, il est
devenu un succès. L’audimat mondialisé ne « consensualise » pas, de fait, un
objet culturel. En l’occurrence, l’immense écho rencontré nous révèle même sans
doute le sens du vent ou, pour changer de métaphore, la force d’un courant
profond dans les sociétés états-unienne et européennes. La question du
changement climatique est devenue l’une des principales portes d’entrée des
nouvelles générations dans la citoyenneté et la conscience politique.
Pour mieux mesurer la nature du phénomène, il faut sans doute s’arrêter un
instant sur la « fiche d’identité » de ce film événement. À la réalisation,
Adam McKay, qui s’est déjà attaqué à la crise de 2008 (The Big Short) et
à la dérive néoconservatrice (Vice). Le scénario est signé d’un
ancien conseiller de Bernie Sanders, David Sirota. Le propos : la dénonciation
de l’inaction face au changement climatique, la sclérose d’un système
médiatique, la nocivité du « trumpisme » (et forcément, ses avatars dans le
monde).
Au « service » de
l’ensemble : un casting hollywoodien. Les scientifiques lui disent merci, les
militants de l’émancipation peuvent s’en servir comme d’un vecteur afin
d’extirper les débats publics des fanges identitaires. Don’t Look Up nous
dit en sous-titre que la bataille pour une transition écologique juste n’est
plus marginale dans les « opinions publiques » mais « mainstream », ou, pour le
dire en français, centrale. 2022 s’ouvre aussi sur cette bonne nouvelle.
Je vais le regarder
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