Mépris. Et maintenant, le prince-président
choisit ses Sujets… Depuis son interview donnée au Parisien, le feu
roulant de la polémique ne ralentit pas, et pour cause. Beaucoup se sont
braqués sur cette fameuse phrase: «Les non-vaccinés, j’ai très envie de
les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la
stratégie», y voyant à juste titre une forme de catégorisation assez
indigne pour un homme assurant les plus hautes fonctions de l’État, nous
rappelant quelques-unes de ses fulgurances antérieures affligeantes, «le
pognon de dingue», «les gens qui ne sont rien», «les illettrés», ou,
le clou du spectacle permanent: «Je traverse la rue et je vous en
trouve», du travail. Soit, mais dans le même entretien au Parisien, il
y eut plus grave et sérieux: «Quand ma liberté vient menacer celle des
autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un
citoyen.» Dans la bouche de Mac Macron, les mots ont un sens et ne
prêtent rien au hasard. Tout procède de la stratégie d’un candidat déjà en
campagne («Il n’y a pas de faux suspense, j’ai envie», assure-t-il)
aussi disruptif que périlleux, dans un mélange très assumé de mépris, d’arrogance
et de division. Qui est donc citoyen? Et qui en décide? Mac Macron en personne,
seul, s’octroyant ainsi le droit divin du grand «triage», de la sélection entre
les «bons» et les «mauvais», au risque de braquer les Français les uns contre
les autres? Déchoir de la citoyenneté, même symboliquement, ne fût-ce que par
les mots, reste un acte grave, fondamental, en République. Jupiter s’autorise
tout.
Peuple. Vous connaissez la formule: la
«forme», c’est du «fond» qui remonte à la surface. Sur la forme, aucune
contestation: l’insulte est grossière et brutale. Le bloc-noteur, en réaction,
ajoutera juste que lui aussi emmerde les irresponsables et les puissants
supposés, ceux qui détruisent l’école, ceux qui ruinent l’hôpital, ceux qui
aident les évadés fiscaux, ceux qui détestent les autres. Sur le fond, en
revanche, l’affaire se corse quelque peu. À un peu plus de trois mois de
l’élection monarchique, Mac Macron choisit résolument la tactique du clivage
comme un calcul très pensé, presque réfléchi, quoique décidée au lendemain
matin du «blocage» parlementaire par le «coup du rideau». Plutôt malin,
instinctif, le côté «moi contre tous» en politique institué, versus le peuple.
Car, lui aussi connaît les chiffres: 90% de la population éligible se trouvent
désormais vaccinés et une majorité se déclare favorable au passe vaccinal. Par
son infâme provocation sur l’atteinte à la citoyenneté, il tente d’inverser le
processus en forçant les oppositions à tomber les masques, tout en cornérisant
LR, associé de fait aux extrêmes et aux antivax. Quitte à oublier ses promesses
à l’endroit des Français, prononcées sur TF1 le 15 décembre 2021: «Dans
certains de mes propos, j’ai blessé des gens. Et c’est ça que je ne referai
plus…»
Bonapartisme. Les dégâts politiques seront peut-être
considérables, d’autant que la séquence, qui en ouvre résolument une autre,
survient après une petite phrase – passée inaperçue – lors de ses vœux: «Les
devoirs valent avant les droits.» Du Nicoléon dans le texte. Cinq ans
après son élection, personne ne sait vraiment qui est Mac Macron, même pas lui.
Il se nourrit des situations, des conjonctures, bien plus qu’il ne les crée. Il
joue «entre», en télé-évangéliste, comme si sa visibilité médiatique était
d’autant plus grande qu’est petite sa visibilité doctrinale. Et pendant que
nous nous agitons, le monde file. Et lui, l’accompagne sans état d’âme. De quoi
est-il le nom? Celui de l’ubérisation de la société, prenant acte de
l’explosion du travail en l’accélérant. Ce «modèle», il le met en œuvre et signe
la fin de l’État providence. Mais pas la fin du bonapartisme…
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